
Les dirigeants de l'Union européenne doivent finalement débattre en fin de semaine à Bruxelles, au plus haut niveau, des sanctions économiques contre la Russie, dont la prolongation pour six mois ne semble toutefois faire aucun doute.
La décision de proroger les sanctions, prises dans le cadre du conflit ukrainien, aurait dû être actée sans débat la semaine dernière par les ambassadeurs des 28 Etats membres mais elle a été reportée à la demande de l'Italie.
Conseil européen
"Je crois comprendre que cette question sera pour le Conseil européen qui a lieu en fin de semaine, comme cela a toujours été le cas pour les sanctions contre la Russie", a déclaré la haute représentante pour la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini, en arrivant à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE lundi à Bruxelles.
Décision politique
"Je ne vois pas de problème majeur, dans aucun Etat membre, sur la décision politique", à savoir la prolongation pour six mois de ces sanctions imposées depuis l'été 2014 en raison du soutien présumé de Moscou aux séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine, qui arrivent à échéance fin janvier, a ajouté Mme Mogherini.
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Plusieurs capitales, à commencer par Berlin et Paris, souhaitaient éviter que les chefs d'Etat et de gouvernement européens aient à se pencher directement sur ce dossier lors de leur sommet de jeudi et vendredi à Bruxelles. Car ce débat survient au moment où, malgré les tensions avec Moscou sur la crise ukrainienne, l'UE et les Etats-Unis cherchent à obtenir de la Russie, qui soutient militairement le régime du président syrien Bachar al-Assad, un engagement en faveur d'un règlement politique du conflit en Syrie, considéré comme la matrice de la crise des migrants et des attentats de Paris.
Dernière minute
Début décembre, la prolongation pour six mois de ces mesures visant des pans entiers de l'économie russe (banques, pétrole, industrie de défense) semblait acquise, et elle devait être confirmée au niveau des 28 ambassadeurs de l'UE mercredi. Mais à la dernière minute, le gouvernement italien a demandé que la question soit débattue au plus haut niveau politique, sans pour autant contester sur le fond la nécessité de prolonger le régime de sanctions dans l'attente de la mise en oeuvre de plusieurs dispositions des accords de Minsk visant à régler le conflit.
Elections
Les Européens attendent notamment de voir comment se déroulent les élections dans les territoires tenus par les séparatistes, attendues au premier semestre 2016. Le sommet de jeudi et vendredi s'annonce très chargé. La lutte contre le terrorisme, la crise migratoire et les demandes de la Grande-Bretagne en amont d'un référendum sur l'appartenance du pays à l'UE sont notamment au menu. Par conséquent, la question des sanctions devrait être évacuée très rapidement. "Je ne prévois pas une grande discussion", a précisé le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni.
Accords de paix
Son homologue belge, Didier Reynders, a quant à lui lié la levée des sanctions aux progrès enregistrés dans l'application des accords de paix de Minsk signés en février dernier et qui prévoyaient notamment un cessez-le-feu et un retrait des armes lourdes le long de la frontière russo-ukrainienne. "Si nous ne voyons pas de vrai progrès dans l'application des accords de Minsk, nous devons aller plus loin. Si nous avons un important progrès, il est possible de prendre une autre décision. Sans cela, nous devons prolonger les sanctions", a-t-il déclaré à la presse.