Naufrage du Costa Concordia au large de l'île du Giglio (14 janvier 2012)
© afp.
vidéo Un reportage édifiant sur les conséquences dévastatrices du tourisme de masse en Méditerranée à découvrir gratuitement sur Arte.
La Méditerranée va-t-elle bientôt devenir la plus grande mer morte du monde? De nombreux signaux préoccupants prouvent en tout cas qu'elle se dirige vers ce scénario catastrophique, démontre le réalisateur Alexis Marant dans un reportage diffusé sur Arte, fruit d'un travail de deux ans. Alors que sa riche diversité l'élevait, encore il y a peu, au rang de sanctuaire naturel de la planète, la mer intérieure suffoque aujourd'hui dangereusement: elle ne se renouvelle que tous les cent ans et peine de plus en plus à "s'autonettoyer" dans un contexte aussi hostile.
Surexploitation infernale
Sous l'eau, des espèces s'éteignent, d'autres "maigrissent" à vue d'oeil, à l'image de la sardine qui a perdu un tiers de son poids et de sa taille ces dernières années. Sur la rive, parmi les populations côtières, les maladies s'accumulent pendant que les plus nantis s'approprient l'entièreté du littoral et ses ressources lucratives. Des côtes espagnoles au nouvel eldorado monténégrin, le tourisme de croisière et les yachts privés monumentaux envahissent la "Mare Nostrum" pour atteindre un trafic sans précédent en bonne voie de provoquer sa perte.
Des paquebots de plus en plus grands
De Majorque (Baléares, Espagne) à la baie de Kotor (Monténégro), en passant par la Grèce, la France, le Maghreb, la Tunisie, l'Italie et l'ex-Yougoslavie, les HLM flottants se suivent à la chaîne: de plus en plus grands pour des croisières de moins en moins chères. Elles déversent tout autour de la Méditerranée ses hordes de touristes et polluent autant que des centrales électriques dans une course au profit sans vergogne.
Mer en sursis
Combien de temps ce modèle va-t-il encore perdurer avant que le tourisme européen (et mondial) ne se remette en question? 300 millions de personnes exigent chaque année leur mètre carré au bord de la Méditerranée mais ce chiffre pourrait doubler lors des vingt prochaines. Si le voyageur estival ne change ses habitudes, un jour, il y sera bien obligé.
Pollution extrême
Mais le touriste n'est pas l'unique responsable de cette apocalypse annoncée. Face au trafic infernal des cargos et l'exploitation sauvage des ressources, des régulations et des normes contraignantes s'imposent urgemment. À l'image de cet exemple tunisien effarant (voir à 1'05") où le taux de pollution d'une usine de phosphate a provoqué l'exode des populations locales et vidé le golfe de ses poissons.
Une "révolution" est nécessaire en Méditerranée, au risque qu'il n'y ait plus rien à y voir, à y pêcher, à y exploiter ou qu'on ne puisse même plus s'y baigner.
"La Méditerranée va-t-elle passer l'été?", ce mardi soir à 20h55 sur Arte ou à revoir sur Arte.tv ou l'application mobile jusqu'au 15 mai.
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