À Anvers, des rappeurs affichent leur violence dans des vidéos et appellent à commettre des vols et des agressions au couteau

Ces jeunes font ce qu’on appelle de la “drill”, un sous-genre musical du hip-hop lancé à la fin des années 2000 par les jeunes rappeurs et producteurs originaires des quartiers de South Side à Chicago. La drill est caractérisée par des paroles au contenu violent, morbide, sombre et un rythme irrégulier.

À Anvers, la drill est vraiment apparue cet été. Des groupes tels que SOV (Soldiers of Violence), K9, SSQ (Sinsquad), KPK (Kielpark) LSQ, ZOt, W25 ont fait leur apparition dans les quartiers populaires de la métropole. Leurs membres sont principalement des jeunes africains et sud-américains issus de quartiers tels que Deurne-Noord, Luchtbal ou encore Het Kiel.

La drill est arrivée aux Pays-Bas via le Royaume-Uni. À Amsterdam et à Rotterdam, les groupes de rap drill s’affrontent régulièrement. L’été dernier, un jeune homme de 19 ans a été poignardé à mort sur la jetée de Scheveningen lors d’une confrontation. À Amsterdam aussi, une rixe entre rappeurs a fait plusieurs victimes. 

La police anversoise suit la situation de près afin d’éviter toute escalade. Des incidents ont déjà eu lieu cet été lorsque le rappeur S3 a créé son propre groupe SOV (Soldiers of Violence). Ses anciens comparses du groupe LSQ de Deurne l’ont interpellé et ont brisé une fenêtre de son domicile. Le jeune homme a ensuite été poignardé lorsqu’il est sorti pour nettoyer le verre brisé.

Toujours à Deurne-Noord, une agression à l’arme blanche s’est produite en août, au cours duquel un garçon a été blessé. Un rappeur a ensuite posté une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il se vante de l’agression au couteau.

Les “drillers” commettent également des vols. Un rappeur se trouve actuellement en détention provisoire pour le vol d’une friterie. “Il risque quatre ans de prison”, affirment les membres du groupe dans une vidéo.

Le parquet d’Anvers ne donne pas de détails sur les incidents ni sur le nombre de jeunes qui ont déjà été sanctionnés. “Depuis quelque temps, Anvers est confrontée à des groupes de jeunes qui utilisent les réseaux sociaux pour appeler au pillage de boutiques, attaquent d’autres jeunes avec des couteaux et s’entraînent mutuellement à commettre des vols violents, impliquant généralement l’utilisation d’armes. C’est ce qu’on appelle le “drill rap”. Il n’est pas exclu que le cela incite certains jeunes à la violence. La police de la jeunesse d’Anvers travaille en étroite collaboration avec la police d’Anvers sur ce phénomène”, explique Kristof Aerts, porte-parole du parquet d’Anvers.

Chantal Van den Bosch, avocate en droit de la jeunesse, a déjà eu affaire plusieurs fois à des membres de groupes de rap drill. Comme la police, elle se dit alarmée par la facilité avec laquelle ces jeunes parlent de violence et d’armes. “Ces jeunes sont en quête de prestige. Ils prétendent être durs dans leurs vidéos de rap et ils en vivent. En fait, on a l’impression qu’ils vivent dans leur propre monde vidéo. C'est surréaliste. Ils ont tous un couteau dans leur poche. Cela leur semble la chose la plus normale du monde.”