“À peine deux clients par jour”: les commerçants désabusés par le shopping sur rendez-vous
La prise de rendez-vous pour faire du shopping freine énormément les ventes. Les conséquences de cette nouvelle donne, obligatoire depuis plus d’une semaine, sont alarmantes: les commerçants disent n’avoir qu’un ou deux clients qui viennent chez eux par jour, et très souvent aucun le week-end. Prendre un rendez-vous, même si cela peut souvent se faire devant le magasin, est un obstacle psychologique majeur pour de nombreux clients.
Les commerçants craignent de perdre 30 à 40 % de leurs clients en raison des mesures actuelles, selon une enquête menée par le Syndicat neutre des travailleurs indépendants. La perte moyenne de chiffre d’affaires par rapport à une vente normale peut atteindre 50 %. Dans le secteur de la mode, la première semaine avec cette nouvelle mesure a été catastrophique: les ventes ont chuté de 23,5 % par rapport aux trois premières semaines de mars, selon Mode Unie.
Femke De Schrijver, Merckx Meubelen à Alost: “Les gens peuvent se sentir obligés d’acheter quelque chose”
Maintenant que l’achat sur rendez-vous est également obligatoire dans les magasins spécialisés, les clients ne se bousculent pas. “Pendant la semaine, c’est environ deux clients par jour. Le premier week-end après l’annonce des nouvelles mesures a été très mauvais: nous avons eu cinq couples en un samedi”, explique Femke De Schrijver (32 ans).
La prise de rendez-vous est clairement un obstacle pour les clients, note-t-il. Merckx est situé le long d’une route très fréquentée et dépend principalement de la motivation des passants. “C’est une règle un peu absurde, mais même à la porte, vous pouvez prendre un ‘rendez-vous’ et entrer directement. Mais même cela n’est fait que très occasionnellement. Les gens peuvent se sentir obligés d’acheter quelque chose. Je dois dire que cela m’effraie aussi en tant que client. Je me sentirais également très mal à l’aise de sortir d’un magasin de vêtements après avoir pris rendez-vous sans rien acheter.”
Autre difficulté pour Merckx: les grandes chaînes de magasins sont autorisées à opérer sans rendez-vous. “Hubo, Gamma, Brico Planet, Oh Green et Paradisio continuent de vendre des meubles de jardin comme d’habitude”.
Joke Landtmeters, Jokiki à Vilvoorde : “Ce n’est pas un système fait pour les magasins de vêtements pour enfants”
“Pour aller au coiffeur, chez l’esthéticienne ou au restaurant, nous avons l’habitude de prendre rendez-vous. Mais ce n’est pas un système pour un magasin de vêtements pour enfants.” Joke Landtmeters tient son commerce depuis 28 ans, et aucun client ne l’a jamais appelée pour lui demander: “Joke, es-tu ouverte et puis-je passer?”
“Les clients doivent maintenant vraiment faire leurs achats de manière ciblée, il n’y a plus d’achats impulsifs et amusants. Les villes se vident. Le centre de Vilvorde est mort, et cela ne fait qu’empirer maintenant.”. Les rendez-vous se font principalement à la dernière minute, à la porte. “La semaine dernière, j’ai également eu la chance que de nombreux grands-parents soient à la recherche d’un cadeau de Pâques pour leurs petits-enfants. Mais qu’est-ce que ce sera cette semaine? Pour l’instant, je n’ai rien dans l’agenda.”
“Concurrence déloyale”
Le Syndicat neutre des travailleurs indépendants regrette une concurrence déloyale, alors que les magasins non essentiels doivent passer par des achats sur rendez-vous, ce qui n’est pas le cas des grandes surfaces. Par “concurrence déloyale”, le Syndicat entend les supermarchés qui vendent toutes sortes de produits non alimentaires en plus des produits alimentaires et les magasins de bricolage dont les rayons non essentiels tels que l’électronique, le textile et les jouets peuvent simplement rester ouverts. “Il n’y a aucune raison pour que les supermarchés soient autorisés à vendre des jeans, des réfrigérateurs ou un puzzle sans rendez-vous si les petits magasins ne sont pas autorisés à le faire. C’est totalement inacceptable. Les règles doivent être les mêmes pour tous, petit commerçant ou grande chaîne de magasins.”
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