Alexander De Croo sur la fin de l’opération Red Kite: “Il y avait un risque d’attentat suicide”
mise à jourLe gouvernement a décidé mercredi soir de mettre un terme à la première phase de l’opération Red Kite en raison d’informations sur la situation sécuritaire à l’aéroport de Kaboul, notamment le risque d’un attentat suicide, a indiqué le Premier ministre lors d’une conférence de presse sur la fin de l’opération d’évacuation belge à l’aéroport de Kaboul.
L’opération a été qualifiée de “succès” par le chef du gouvernement entouré des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Sophie Wilmès et Ludivine Dedonder, et du secrétaire d’Etat à l’Asile, Sammy Mahdi. Elle a mobilisé des centaines de personnes, diplomates, militaires et personnel administratif, à Kaboul, Islamabad et en Belgique.
La fin de la première phase de l’opération lancée il y a dix jours était imminente, les Etats-Unis ayant préféré ne pas prolonger la sécurisation de l’aéroport de la capitale afghane au-delà du 31 août. Le gouvernement belge a décidé mercredi soir de suivre le mouvement entamé par d’autres pays européens en raison d’informations venant des Etats-Unis et d’autres partenaires sur les risques encourus à l’aéroport de Kaboul, notamment celui d’un attentat-suicide. Les autorités belges sont restées discrètes sur l’origine de cette menace. La cheffe de la diplomatie belge, Sophie Wilmès, a toutefois rappelé la présence du groupe terroriste Etat islamique dans le pays. Par ailleurs, dans la ville, la situation s’est aussi considérablement dégradée. Des nombreux tirs ont été entendus. Dans cette mesure, la sécurité du personnel militaire et consulaire sur place ne pouvait plus être garantie.
“La sécurité a toujours été notre priorité”
“La sécurité a toujours été notre priorité. Dès le début de l’opération Red Kite, on a bien vu que la situation était très chaotique et dangereuse. Mercredi, la situation s’est fortement dégradée. Nous avons obtenu de source américaine mais aussi d’autres pays qu’il y avait un risque d’attentat suicide à la bombe (à l’aéroport de Kaboul),” a justifié le Premier ministre. “Hier soir, toutes nos équipes et les Belges sur le tarmac de l’aéroport, ont été évacuées vers le Pakistan.”
Les chiffres de l’opération sont provisoires. Sur les 1.400 personnes évacuées, dont 300 enfants, on en compte 1.100 sous responsabilité belge - des Belges et leurs ayant-droits, c’est-à-dire la famille nucléaire, mais aussi des personnes que la Belgique a décidé d’évacuer parce qu’elles courent un grand danger - et 300 sous responsabilité d’autres États, en particulier les Pays-Bas et le Luxembourg avec lesquels la Belgique a coopéré de près ainsi que d’autres pays partenaires. En six jours, les trois avions C-130 de la Défense ont effectué 23 rotations entre Islamabad et Kaboul. “Il y eu beaucoup d’ayants droit Belges mais aussi des personnes que nous avons transportées pour d’autres pays, dont les Pays-Bas. Si l’évacuation belge est terminée, ça ne veut pas dire que c’est la fin de l’aide que nous pouvons apporter aux Afghans”, a pointé M. De Croo.
“Ce qui se passe en Afghanistan est une tragédie”, a ensuite rappelé la ministre des Affaires étrangères. Jusqu’au 14 août, aucun Belge n’avait demandé de l’aide pour quitter le pays, “malgré les mises en garde”, a précisé Sophie Wilmès, qui a évoqué les cas de douze personnes qui se sont signalées car elles étaient toujours coincées à Kaboul.
Un vol charter d’Air Belgium a atterri à l’aéroport militaire de Melsbroek, jeudi matin peu avant 09h00. L’avion transportait 220 personnes, évacuées d’Afghanistan. Il avait décollé d’Islamabad la nuit dernière. Outre les Belges, 29 Néerlandais et 4 Autrichiens se trouvaient à bord.
Ces derniers jours, sept vols ont été opérés depuis Islamabad vers Melsbroek avec des personnes évacuées de Kaboul. A leur arrivée en Belgique, les passagers de ces vols ont été emmenés à la caserne de Peutie pour un screening de sécurité et médical.
Incertitudes sur le sort de Belges
Le nombre de personnes qui n’ont pu être évacuées demeure incertain. En comptant large, le département des Affaires étrangères a identifié 114 personnes dont on n’est pas certain qu’elles ont pu quitter Kaboul. Jusqu’à présent, il a reçu 12 réponses. Des questions se posent notamment sur le sort de Belges qui avaient pris place dans un bus dont le déplacement était organisé par des pays partenaires. Il transportait au total environ 250 personnes qui auraient été sorties du véhicule et dispersées dans la foule en arrivant à l’entrée de l’aéroport contrôlée par les talibans. Il n’est pas non plus exclu que des personnes se manifestent dans les jours qui viennent. D’autres encore ont décidé de rester dans le pays parce qu’elles ne veulent pas abandonner leur famille.
Les personnes évacuées font l’objet de quatre contrôles: de la part de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM), de la Sûreté de l’Etat, du SGRS (renseignement militaire) et de la police belge.
La suite de l’opération n’est pas encore décidée. Des moyens militaires restent déployés à Islamabad. “Si les évacuations sont terminées à Kaboul, cela ne veut pas dire que c’est la fin du soutien que l’on donne aux gens qui sont en Afghanistan. Nos équipes à Islamabad continuent à tout faire pour soutenir au maximum ceux qui ont besoin d’aide”, a assuré M. De Croo.
Le Premier ministre n’a pas caché jeudi ses regrets sur la façon dont les États-Unis ont décidé de se retirer d’Afghanistan sans concertation avec les pays alliés et les conséquences qu’elle a eue sur ceux-ci. Une “discussion franche” devra avoir lieu sur le sujet, a-t-il indiqué.
L’opération en Afghanistan et le soutien qu’y ont apporté les pays de l’OTAN ont été décidés à la suite des attentats du 11 septembre 2001 en application de l’article 5 du traité de l’organisation qui consacre la défense collective, c’est-à-dire le principe selon lequel si un des pays de l’Otan est attaqué les autres lui viennent en aide.
“De notre point de vue, c’est ‘in together but also out together’ (ensemble dedans mais aussi ensemble dehors). Et là, clairement, la décision de quitter l’Afghanistan de la part des États-Unis a surpris beaucoup de partenaires. Il y a une discussion franche à avoir”, a expliqué M. De Croo en faisant référence à la décision du président américain, le démocrate Joe Biden.
A l’échelon de l’Union européenne, des leçons doivent aussi être tirées, estime le chef du gouvernement. La coopération entre États européens a bien fonctionné mais elle aurait pu être plus approfondie et elle semble surtout s’être déroulée entre pays qui ont déjà l’habitude de travailler ensemble, comme le Benelux.
“On doit examiner des méthodes plus structurelles. Aujourd’hui, on travaille avec des pays proches, des pays qu’on connaît bien. Il y a d’autres choses que l’on pourrait faire”, a-t-il ajouté.
La diplomatie de l’UE pourrait également être étendue à des compétences consulaires, comme les passeports. “Quand la diplomatie européenne a été créée, il a été clairement stipulé que cette diplomatie n’offrait pas de support consulaire. Il faut évaluer cela. C’est un domaine où la valeur ajoutée peut être importante”, a encore dit M. De Croo.
La Belgique n’a pas eu de contacts avec les talibans qui ont pris le pouvoir en Afghanistan. “Au niveau diplomatique et militaire, tous les contacts ont été pris pour sécuriser au maximum les opérations et pouvoir aider les gens là-bas. Cela a été clairement fait avec nos pays partenaires à qui nous avons pu donner beaucoup d’informations et qui nous ont donné beaucoup d’informations aussi”, a souligné le Premier ministre.
Quelles relations la Belgique entretiendra-t-elle avec les talibans?
Pour ce qui est de l’avenir des relations avec le nouveau régime, celles-ci dépendront des actes posés par les talibans et de la concertation internationale, a rappelé la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès.
“La Belgique n’a pas de relation institutionnalisée avec les talibans. Le type de relations avec le gouvernement à mettre en place est discuté dans les forums internationaux - Conseil européen, Otan, Nations unies. Les négociations sont toujours en cours. En fonction du type de gouvernement qui sera mis en place, de ses actions et non de ses paroles, et ce sur la durée, nous envisagerons de commun accord un maximum de partenaires, et je l’espère les partenaires européens, le type de relation et le statut que nous aurons avec le gouvernement à mettre en place”, a-t-elle déclaré.
LIRE AUSSI
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Monenergie.be
6 tuyaux pour consommer moins d'énergie au printemps
Au début du printemps, la consommation énergétique d’un ménage moyen est réduite considérablement. Compte tenu des prix élevés sur le marché de l’électricité et du gaz naturel, ceci n’est pas un luxe superflu. Ci-dessous, Monenergie.be vous donne quelques tuyaux pour réduire davantage votre consommation énergétique. -
Coronavirus
Une vingtaine de centres de vaccination pourront être réactivés en septembre
Si la décision de lancer à l'automne prochain une nouvelle campagne de vaccination contre le Covid est effectivement validée par la CIM (conférence interministérielle) Santé, "une vingtaine de centres qui ont été identifiés et qui pourront être prêts au début du mois de septembre, seront réactivés de manière à permettre une vaccination de masse des groupes à risque dans le délai le plus court possible", a affirmé la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS), mardi, en commission du parlement régional. -
Le Ministre Dolimont interpellé sur le bruit des avions à Charleroi: “Un défilé toutes les quatre minutes”
Fort impacté par le coronavirus et par les restrictions qui en découlaient, le Brussels South Charleroi Airport (BSCA) situé à Gosselies (Charleroi) reprend du poil de la bête économiquement parlant. Le nombre de mouvements aériens a augmenté de quatre pourcents au mois de mai dernier par rapport à l’activité avant-Covid-19 durant le même mois. 7.802 vols ont été opérés en 2022 contre 7.472 en 2019. Cela ne fait pourtant pas que des heureux. -
Ils renversent un Lidar à Bruxelles, Elke Van den Brandt fulmine: “Du vandalisme criminel”
Dimanche soir, quatre individus sont parvenus à renverser un radar Lidar situé sur la chaussée de Jette à Koekelberg, en Région bruxelloise. La ministre de la Mobilité Elke Van den Brandt (Groen) a dénoncé un acte de “vandalisme criminel.” -
Independer
Les vols de voiture ont diminué de près de 20 pour cent : nos assurances sont-elles pour autant moins chères ?
Le nombre de vols de voiture en Belgique est en baisse depuis un certain temps. Les chiffres de la police fédérale le prouvent. Au cours du premier semestre 2021, le nombre de voitures volées a diminué de 19,2 pour cent par rapport à l’année précédente. Cela veut-il dire que nous paierons moins pour notre assurance auto ? « Oui », affirme Serge Jacobs d’Ethias à Independer.be. « Mais il y a un grand mais. »
-
Prof à Bruxelles, Marie Peltier est harcelée et reçoit des menaces: “Intellectuelle de mes deux”
-
Mise à jour
Les syndicats de Brussels Airlines menacent de nouvelles actions “dans un futur proche”
Les syndicats de Brussels Airlines ont menacé lundi la direction de la compagnie aérienne de nouvelles actions du personnel dans un “futur proche”, alors que vient de se terminer une grève de trois jours des pilotes, des stewards et des hôtesses. Ils dénoncent l’attitude de l’entreprise, qui souhaite repousser le débat sur la charge de travail à la fin août alors qu’eux demandent à reprendre la discussion dès que possible, vu l’urgence. Dans ce contexte, CNE/ACV Puls, Setca/BBTK et CGSLB/ACLVB ne peuvent pas garantir la paix sociale dans l’immédiat, préviennent-ils. -
Livios
La batterie domestique est-elle rentable? “La durée de vie n’excède généralement pas 15 ans”
La hausse des prix de l’énergie a provoqué un rush sur les panneaux solaires. Lorsque vous demandez un devis, l’installateur ne manque pas de vous proposer de vous équiper, en plus des panneaux, d’une batterie domestique. Le surcoût de plusieurs milliers d’euros en vaut-il réellement la peine? Le site de la construction Livios apporte plus de clarté à la situation.