Alynka, 13 ans, reçoit un 0 sur 20 à son interro parce qu’elle refuse de se couvrir le ventre
AnversAlynka Thomas, 13 ans, scolarisée au collège Sint-Michiels de Schoten, en province d’Anvers, a reçu un 0 sur 20 à une interro écrite parce qu’elle portait une tenue qui enfreignait le code vestimentaire de l’école. Ce jour-là, il faisait quasi 30 degrés et l’adolescente portait un “crop top”, qui laissait apparaître son ventre. On lui a donné le choix: soit elle fermait complètement sa veste par-dessus son top, soit elle devait quitter la classe et écopait d’un 0 à son test. La Vlaamse Scholierenkoepel (“VSK”), l’organisation faîtière des conseils d’étudiants en Flandre, juge la sanction exagérée: “Un 0 sur 20 pour un ventre nu, c’est aller très loin”.
L’incident s’est déroulé le jeudi 3 juin dernier. Ce jour-là, alors que le mercure avoisine les 30 degrés, Alynka, 13 ans, se rend à l’école vêtue d’un “crop top”: un chemisier court à bretelles fines qui dévoile son nombril, explique Het Laatste Nieuws.
Parallèlement aux premières températures estivales qui pointent le bout de leur nez à ce moment-là, le débat autour des tenues vestimentaires dans les écoles flamandes refait surface. De nombreuses jeunes filles se plaignent auprès de leur établissement parce qu’elles ne peuvent pas porter des jupes courtes et des tops courts. Elles y voient une restriction infondée et une discrimination par rapport aux garçons, qui, eux, sont autorisés à porter des jeans taille basse, laissant apparaître leur caleçon, par exemple. En guise de protestation, des élèves de Malines, Zwijnaarde, Borgloon, Lummen et Melle, entre autres, se rendent à l’école en haut court.
“Pas de ventre nu ou d’épaules découvertes alors qu’il fait presque 30 degrés? Allez!”
La même semaine, l’école catholique d’Alynka, le Sint-Michielscollege de Schoten, envoie également un courriel à tous les parents pour leur rappeler le code vestimentaire: pas de tenue de vacances, pas de ventre nu. Selon la direction, l’école ne reçoit que des réactions positives de la part des parents. Toutefois, cela ne plaît pas à Alynka. “Je comprends qu’il y ait des règles, mais certaines sont vraiment exagérées. Pas de ventre ou d’épaules nus, alors qu’il fait presque 30 degrés? Allez!” Et donc, par protestation, elle enfile un “crop top” pour se rendre à l’école.
Lors des deux premières leçons, selon la jeune fille, aucune remarque ne lui est formulée. “Mais le professeur que nous avions pendant la troisième leçon y a vu un problème et m’a envoyé chez l’éducateur. Il m’a sermonnée, m’a dit que j’avais violé le code vestimentaire et que je ne pouvais pas venir à l’école “dénudée”. Je n’en croyais pas mes oreilles. Nue à l’école? Je portais juste un haut. L’éducateur a insisté pour que j’enfile autre chose, mais avec tout le respect, par cette chaleur, je ne me voyais vraiment pas mettre un pull.”
Compromis
Finalement, un compromis est trouvé, qui convient à la fois à Alynka et à l’école. “J’avais une veste avec moi, et j’ai dû la porter par-dessus mon haut. L’accord était le suivant: sur la cour de récréation, la veste devait être fermée. En classe, je pouvais la laisser ouverte. Je trouvais que c’était un compromis honnête et je m’y suis tenue. Le problème semblait résolu, mais lors de la dernière leçon de la journée, le prof m’a demandé de fermer complètement ma veste en classe. Je n’ai rien compris. Nous avions pourtant convenu que je pouvais la laisser ouverte à l’intérieur, et tout à coup, ce n’est plus autorisé? J’ai dû faire un choix: soit je fermais complètement ma veste, soit j’étais obligée de quitter la classe. J’ai choisi la seconde option. Mais lors de cette dernière heure, une interro était prévue. J’ai eu un 0 sur 20, car je n’ai pas pu passer ce test.”
La Vlaamse Scholierenkoepel (“VSK”), l’organisation faîtière des conseils d’étudiants en Flandre, déplore l’incident: “ Un 0 sur 20 pour un ventre nu? Il s’agit d’une sanction très sévère, qui n’est pas proportionnelle à ‘l’infraction’”, réagit le président Louis Notte. “Ce qui rend la situation encore pire pour nous, c’est qu’il y avait un arrangement entre l’école et la jeune fille. Pourquoi l’école est-elle revenue là-dessus? Pourquoi a-t-elle dû fermer sa veste en classe? Ce n’est pas comme ça que les accords fonctionnent. Comment pouvez-vous dès lors espérer, en tant qu’école, que les élèves vous fassent confiance?”
L’école: “La mère d’Alynka était d’accord avec nous”
La direction de l’école réfute ces critiques. Selon elle, la version d’Alynka ne correspond pas à la réalité. “Il a été convenu que la veste pouvait être ‘légèrement ouverte’ en classe, et non complètement ouverte. Juste avant le début de cette dernière leçon, alors qu’Alynka se trouvait en dehors de la classe, elle avait sa veste complètement ouverte. Nous lui avons demandé de la garder fermée, car c’était l’accord. Mais une fois qu’elle était en classe, sa veste était à nouveau complètement ouverte. Comme la situation avait créé une atmosphère électrique dans la classe, nous sommes intervenus et lui avons donné le choix: soit elle gardait la veste complètement fermée pendant la dernière heure de cours et alors, pour nous, tout était OK. Soit elle refusait, mais alors elle devait quitter la classe, ne pouvait pas faire l’interro et obtenait un 0 sur 20. Normalement, un élève se montre raisonnable mais Alynka a choisi de quitter la classe. Elle n’a pas passé le test, elle a donc reçu un 0.”
La direction souligne qu’après l’incident, elle a entamé un dialogue avec Alynka et la mère de la jeune fille. “Sa mère était sur la même longueur d’onde que nous, et a estimé que nous avions bien géré la situation à l’école. Elle a promis d’avoir une discussion avec sa fille, et le soir même, nous avons reçu un mail d’Alynka dans lequel elle s’excusait pour ce qui s’était passé. Pour nous, le débat était clos. Nous comprenons que le code vestimentaire à l’école est un sujet sensible, mais juste avant l’incident, nous avons encore évoqué le sujet lors du conseil d’école, qui comprend également des élèves et des parents. Nous avons convenu que les tenues de vacances ne sont pas autorisées, que les sous-vêtements ne pouvaient pas être visibles et que les ventres nus n’étaient pas autorisés non plus. Tout le monde a approuvé ces règles. Dans notre école, les élèves ne sont pas obligés de porter un uniforme, mais ce n’est pas pour cela qu’ils peuvent porter n’importe quoi. Il est de notre devoir d’enseigner aux jeunes que chaque lieu requiert une tenue vestimentaire appropriée. Au travail, on ne porte par les mêmes vêtements que pendant son temps libre”.
Entre-temps, Alynka a décidé de changer d’école l’année prochaine. Toutefois, elle ne compte pas contester davantage son 0 sur 20 et accepte la sanction.
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