Arthur était un jeune homme passionné et souriant : “Il est mort rapidement, sans souffrir”
Mardi, Arthur Defourny, un jeune bûcheron jalhaytois de 23 ans, a perdu la vie lors d’un accident de travail. Ce sont son père, son beau-frère et l’un de ses collègues qui ont trouvé son corps dans les bois. Un arbre qu’il était en train de découper lui serait tombé dessus. Toujours très souriant, le jeune homme était très apprécié. Sa sœur nous parle de lui.
Sarah Moran GarciaDernière mise à jour:20-01-22, 12:13
Mardi soir, vers 19h, Julie reçoit un appel de son père qui s’étonne qu’Arthur n’est pas encore rentré pour le souper. À cette période de l’année, et à cette heure-là, il fait pourtant déjà bien noir et les bûcherons ne travaillent plus depuis longtemps. Inquiet, le père contacte l’un des collègues du jeune homme. Mais celui-ci n’a pas, non plus, de nouvelles. Ensemble, ils décident alors de se rendre sur la parcelle où Arthur devait travailler toute la journée, à Hestreux, dans la commune de Baelen.
“Une petite demi-heure plus tard, mon père a appelé mon conjoint et lui a demandé de venir l’aider. Il faisait très noir et ils n’y voyaient rien”, se souvient Julie. “De mon côté, j’ai demandé à ma belle-famille de garder mon garçon d’un mois pour me rendre également sur place. J’étais aussi très inquiète et je voulais être présente. Je voulais le voir.”
Il était couché, là, dans un talus, sur un tapis de feuilles. Il semblait dormir, il était beau.
Julie Defourny
À son arrivée à l’orée du bois, Julie croise un garde forestier qui lui dit qu’Arthur a été retrouvé et que les secours arrivent. Julie se précipite alors pour rejoindre son frère et son père. Ce dernier s’étonne de la voir là, car il lui avait demandé de ne pas venir. “Quand je suis arrivée, mon père était à côté d’Arthur. Il avait mis sa veste sur lui pour qu’il n’ait pas froid. Mais il était déjà tout froid. Il était couché, là, dans un talus, sur un tapis de feuilles. Il semblait dormir, il était beau”, s’émeut Julie.
D’après la jeune femme, Arthur serait décédé dans la matinée, peu de temps après avoir commencé sa journée de travail. “Quand on l’a découvert, il n’avait coupé que trois arbres. Je dirais qu’il est décédé vers 9h ou 10h. Il n’a pas touché à son dîner, lui qui était pourtant un bon mangeur, ce qui me conforte dans cette idée”, indique Julie.
Indépendant et solitaire
Durant quatre années, Arthur a travaillé à mi-temps pour la société forestière Pohlen. Mais, de nature indépendante et plutôt solitaire, il a décidé de se lancer à son propre compte. Un pas qu’il a franchi le 1er janvier 2022, en proposant toutefois toujours ses services à la société eupenoise. “Il aimait aménager ses horaires comme il le voulait. Notamment en été, lorsqu’il commençait vers 4h du matin pour éviter les grosses chaleurs de l’après-midi. Le statut d’indépendant lui permettait d’avoir plus de liberté”, commente Julie.
Dans son travail et sa vie personnelle, Arthur était très méticuleux, voire parfois un peu maniaque. Toujours pour abattre un travail efficace. “Chaque jour, en rentrant du boulot, il affûtait ses tronçonneuses. Il disait toujours: ‘Il vaut mieux tous les jours dix minutes qu’une fois quatre heures’. La sécurité, pour lui, était très importante”, indique sa sœur.
Quand je revois son visage, je sais qu'il ne s’est pas débattu. Il est mort rapidement, sans souffrir.
Julie Defourny
Alors, que s’est-il passé, ce jour-là? Qu’est-ce qui a causé la mort du jeune bûcheron. Selon Julie, qui a vu les lieux de l’accident, Arthur aurait coupé un premier arbre, qui serait tombé et se serait coincé entre deux autres arbres. Pour l’en dégager, il aurait commencé à tronçonner l’un de ces deux arbres. “Mais, alors qu’il était en train de pratiquer la découpe, celui-ci a certainement cédé, écrasant Arthur au sol”, pense Julie. “Son casque était fendu, mais lui n’avait pas de blessures apparentes. Il est peut-être mort à cause d’un coup aux cervicales. Quand je revois son visage, je sais qu’il ne s’est pas débattu. Il est mort rapidement, sans souffrir.”
Un homme souriant qui évitait les conflits
Arthur est dépeint par sa famille et ses amis comme un jeune homme simple, doux, courageux et attentionné. Il était aussi très souriant et aimait tout le monde. Il n’avait pas un mot plus haut que l’autre et évitait d’ailleurs les conflits. “Mon frère vivait encore chez mon père. À une époque, avant que mon compagnon et moi ne trouvions une maison, nous vivions avec eux. Je me souviens que, lorsque je me disputais un peu avec mon père, Arthur partait immédiatement dans sa chambre. Quand bien même nous étions à table et qu’il n’avait pas fini de manger”, raconte Julie.
Il avait pour passion le VTT. Il y a quelques années, il avait acheté un vélo électrique avec lequel il allait rouler entre 40 et 50 kilomètres tous les dimanches. De nature solitaire, comme nous l’a dit Julie, il était déjà parti seul en montagne pour y faire du vélo. Avec des amis, il prévoyait d’ailleurs d’y retourner cet été.
Enterrement coloré
À l’image du jeune homme souriant qu’il était, Arthur ne portait que des vêtements colorés. Jamais du noir, une couleur qu’il n’aimait pas. “Il n’allait pas souvent faire les magasins, mais durant les soldes, nous y allions généralement ensemble. Toutes les pièces qu’il achetait étaient rouges, bleues, beiges. Bref, pleines de couleurs et de vie. Sa chemise préférée, c’était certainement celle qu’il porte sur la photo de nous deux (voir ci-dessus)”, raconte Julie.
Pour lui rendre hommage, sa sœur demande aux proches qui se rendront à son enterrement, samedi prochain, de porter un vêtement coloré en sa mémoire.
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