Ces écoles courtraisiennes arrêtent de suivre les règles: “Nous ne fermons plus les classes dès 4 contaminations”
“Il ne s’agit pas de constituer un mouvement anti, et nous continuons à prendre le virus au sérieux et à tout faire pour assurer un environnement sûr tant pour nos élèves que notre personnel, mais nous ce ne sera plus en suivant ces mesures de quarantaine”, lit-on dans une lettre ouverte publiée par toutes les directions du groupe d’écoles courtraisiennes Rhizo. Adressé au ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA), le courrier explique qu’il devient intenable pour les pouvoirs organisateurs de se tenir aux règles de quarantaine actuellement en vigueur dans l’enseignement.
rédaction, Peter LanssensDernière mise à jour:25-01-22, 12:24Source:HLN, De Morgen
À l’heure d’écrire ces lignes, le groupe d’écoles Rhizo compte 697 élèves en isolement sur un total de 4.500 inscrits, 104 membres du personnel sur 917 contaminés et 76 classes placées entièrement en quarantaine. Enfin, deux des onze écoles du groupe sont totalement fermées. Les directeurs des différentes écoles estiment ne plus pouvoir fonctionner avec les règles actuellement imposées, car elles ne sont plus adaptées à la réalité de la crise sanitaire, à savoir l’émergence du variant Omicron et le statut vaccinal des jeunes.
Un avis partagé dans les écoles des quatre coins du pays, mais souvent sans oser outrepasser les règles imposées par les gouvernements. Pour les parents, les quarantaines en cascade deviennent un casse-tête invivable. On vous l’expliquait hier, certains enfants n’ont fréquenté l’école que durant 2,5 journées en 50 jours alors qu’ils n’ont été symptomatiques que trois jours.
Intenable
“Même les CLB (équivalent flamand des PMS) clament depuis une semaine qu'on ne peut plus continuer comme cela. Nous voulons joindre notre voix à ce cri d’alarme”, se défend le groupe d’écoles Rhizo à Courtrai. “L’enseignement est en train de craquer. Ce n’est plus tenable, ni pour les élèves, ni pour leurs parents. Les classes ne font que fermer et rouvrir, tout comme les écoles. Et c’est sans compter sur les tas d’ajustements aléatoires: commencer une heure plus tard parce qu’il n’y a pas d’enseignant pour la première heure, et puis rentrer deux heures plus tôt pour la même raison lors de deux dernières plages de la journée. Tout ça parce qu’on ne pas non plus les envoyer à l’étude, car les salles seraient bondées. Intenable aussi pour le personnel. Il faut donner cours en hybride, avec dix élèves en classes, mais aussi en même temps donner cours à 12 élèves tenus de rester à la maison. Voire même donner cours de chez soi, car on est en isolement, à 15 élèves qui sont en classe et dix autres qui suivent le cours chez eux. Ou donner cours depuis l’école, à 25 élèves qui sont à la maison. En deux mots, switcher lors d'un même cours du présentiel au distanciel, avec de l’hybride entre deux”, constatent les directions dépitées.
“Les directeurs ne sont plus que des managers Covid”. Et l’enseignement dans tout ça?
Dans ces conditions, quel enseignant peut-il encore donner cours de façon constructive et cohérente, quel élève en difficulté peut-il être encadré correctement? “C’est aussi mission impossible pour le personnel de soutien. Il doit quotidiennement appuyer les PMS pour le tracing, appeler ceux qui ont eu un contact à haut risque, contrôler le suivi des quarantaines et des absences, communiquer avec les parents, faire tester les élèves et offrir une oreille attentive. Et toujours recommencer à zéro le lendemain. C’est mission impossible pour les directions. Continuellement adhérer à des directives qui changent, faire des choix, mettre des limites à ceux qui ne s’en mettent pas, fermer des classes et des écoles, persévérer et chercher des remplaçants pour les professeurs, mais ne jamais en trouver, communiquer, calmer les parents mécontents. Et cela quasi chaque jour. Les directeurs ont été relégués au statut de managers Covid. Dans les médias, monsieur le Ministre (Ben Weyts, N.D.L.R.), vous évoquez un ‘plan B’ qui devrait être discuté avec les experts. Nous, on ne voit rien venir et le bateau coule...”
Le taux d’hospitalisation est de moins d'un pour cent. Si ce pourcentage n’augmente pas, nous pouvons tout de même assouplir les mesures de quarantaine, non?
Les directions du groupe Rhizo
“Concentrez-vous sur les élèves et le personnel symptomatique, simplifiez les remplacements”
“Nous avons collaboré en chœur pour une immunité de groupe plus forte via la campagne de vaccination. Le taux d’hospitalisation est de moins d’un pour cent actuellement. Alors si ce pourcentage n’augmente plus, nous devrions quand même pouvoir envisager d’assouplir les règles de quarantaine dans l’enseignement, non? Et nous ne nous contentons pas seulement de nous plaindre de notre situation: nous voulons aussi apporter des suggestions depuis le terrain. Comme se concentrer sur les élèves et les membres du personnel qui sont symptomatiques. Faites en sorte que les tests soient plus accessibles pour ceux qui ont des symptômes afin que les élèves les plus fragiles y aient facilement accès. Arrêtez de demander au PMS de se charger du tracing des contacts à haut risque: c’est peine perdue. Misez tout sur la motivation des jeunes et du personnel à suivre les règles de base, afin de mieux s’armer contre une prochaine vague. Misez sur la qualité de l’air et la ventilation. Mesurer est important, mais prendre le fond du problème en main est une autre affaire. Rendez possibles les remplacements de très courte durée et faites en sorte que l’on simplifie l’accessibilité à la profession en fonction des diplômes”, exhortent les auteurs de la lettre.
Nous nous inquiétons pour la qualité de notre enseignement et voulons absolument pouvoir garder nos écoles ouvertes
“À toute fin utile, précisent-ils encore, nous sommes reconnaissants pour les moyens reçus jusqu’à présent et apprécions les efforts fournis. Nous comprenons que le coronavirus est un défi de chaque jour et que personne ne peut prédire l’avenir en ce domaine. Mais à la fois, nous sommes inquiets pour la qualité de notre enseignement, nous voulons à tout prix éviter la fermeture des écoles et c’est pourquoi nous nous permettons de tirer la sonnette d’alarme”, conclut le texte.
Ben Weyts réagit
Ce n’est pas un hasard si les différentes entités font pression sur les responsables politiques. On le sait, les différents ministres de la Santé se retrouveront demain au cours d'une conférence interministérielle afin de revoir la légitimité des mesures en vigueur et de les adapter aux dernières évolutions de la crise. Depuis une semaine et vu la rapidité avec laquelle le variant Omicron s’est répandu, les écoles de tout le pays croulent littéralement sous l’absentéisme et les fermetures de classe. Pour des élèves négatifs, ou positifs mais souvent asymptomatiques. Le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke s’est déjà dit ouvert, hier soir, à une révision des règles de quarantaine à l’école.
Naturellement, en ce qui concerne l’enseignement, il s’agit d’une compétence propre aux communautés, mais les ministres semblaient s’accorder sur la nécessité de mesures homogènes dans tout le pays, d’où la réunion de mercredi. Mais ce mardi dans De Morgen, le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts affirme travailler de son côté à un baromètre corona spécifique aux écoles. “Le but est d’apporter plus de clarté sur les règles à observer, ce qui est indispensables pour les directions et les enseignants”, explique-t-il. “Nous espérons de la sorte amener à plus de stabilité et de prévisibilité, dans la mesure du possible vu la nature du virus évidemment”.
Steven Van Gucht: “La seule alternative est l’autotest”
Le virologue Steven Van Gucht suggère quant à lui la piste de l’autotest comme alternative aux fermetures intempestives dans l’enseignement. Il plaide donc pour que, au lieu de placer la totalité d’une classe en quarantaine dès quatre élèves infectés, on n’écarte de l’école que ceux qui seraient réellement positifs lors d'un autotest. “Cela coûterait de l’énergie et de l’argent, et cela signifiera toujours qu’on renverra à la maison tous ceux qui sont malades ou positifs. C’est inévitable. J’espère une décision de la part des ministres de la Santé demain. Mais il faut aussi juste faire preuve d’encore un peu de patience. Cela ne durera plus très longtemps désormais. D'ici à quelques semaines, la pression sur le système va grandement diminuer”, promet-il une nouvelle fois.
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.