“C’était un choix courageux”, De Block répond aux critiques sur la gestion de la crise sanitaire

“J’ai longuement réfléchi avant de répondre à ces accusations”, explique De Block. “Finalement, j’ai décidé de mettre de côté toutes les considérations tactiques et de mettre les points sur les i.” 

“La presse internationale a mal jugé la Belgique. Depuis le pic de contamination en avril, les analystes pointent du doigt notre pays: selon les chiffres, nous aurions réagi de manière désastreuse à la crise. Un rapport de l’Economist Intelligence Unit (une société britannique qui prédit les tendances économiques, n.d.l.r.) nous a même récemment placés à la dernière place de tous les pays de l’OCDE. 

“Bien sûr, la Belgique n’a pas répondu parfaitement”, poursuit De Block. “Nous avions suffisamment de respirateurs et d’équipements de protection pour le personnel hospitalier, mais dans les maisons de retraite, nous sommes arrivés trop tard. En conséquence, comme dans beaucoup d’autres pays, de nombreuses personnes âgées sont mortes. Ce sont des tragédies humaines qui nécessitent des recherches et des enseignements sérieux.”

“Mais ce n’est certainement pas la Belgique qui a le plus mal réagi à la pandémie. Oui, nous avons été durement touchés. Mais les chiffres élevés sont aussi le résultat de comptages méticuleux. Les patients qui n’ont pas été testés ont également été inclus dans les statistiques. Un fort soupçon a suffi.” 

“C’était un choix courageux, nous voulions protéger les citoyens belges contre d’éventuelles nouvelles épidémies. Notre approche a été saluée par les scientifiques et, selon eux, mérite d’être imitée.”

“Notre pays n’a pas eu à faire face à des scènes dramatiques dans lesquelles des patients étaient allongés par terre à l’hôpital, par exemple”, souligne De Block. “Nos médecins n’avaient pas à décider de la vie et de la mort. Même pendant le pic, le taux d’occupation des soins intensifs est resté inférieur à 60%. Les chances de survie sont donc restées assez élevées.”

“Le rapport de l’EIU ne dit pas toute la vérité. Si vous voulez établir un classement en fonction du petit nombre de variables qui sont disponibles, vous passez à côté de toute la pertinence.”

“D’ailleurs, n’est-il pas ironique que, selon ces données, la Belgique obtienne de brillants résultats sur tous les points qu’un gouvernement peut influencer? Pensez, par exemple, au nombre de tests et au système de soins de santé lui-même. La seule exception est la surmortalité, mais ce facteur détermine la moitié du score final. Sur quoi est-ce basé?”

“Même les choses les plus élémentaires n’ont pas été prises en compte”, regrette De Block. “Je pense notamment à la densité de population d’un pays ou la densité de population par tranches d’âge. Et qu’en est-il de la position centrale de la Belgique, qui permet à un virus d’entrer plus rapidement dans le pays? Toutes ces données sont cruciales et mesurables, mais dans ce cas, apparemment pas.”

“Aujourd’hui, ça fait plus de deux mois que la Belgique a commencé à affaiblir les règles de confinement. L’épidémie est maintenant à son niveau le plus bas depuis l’apparition du virus. Les États-Unis luttent encore pour contrôler le virus, mais ils peuvent compter sur un bon score dans les rapports”, souligne De Block. 

“La manière simpliste selon laquelle les statistiques ont été établies me déçoit. Les différentes approches des recensements ne sont pas prises en compte. On compare les pays comme s’il s’agissait d’un événement sportif”, conclut-elle.