Comment Khalid El Bakraoui est parti d'un studio d’Etterbeek pour se faire exploser dans le métro?
Khalid El Bakraoui est parti, le matin du 22 mars 2016, d’un appartement situé avenue des Casernes, à Etterbeek, accompagné d’Osama Krayem qui portait, lui aussi, un sac à dos rempli d’une charge explosive. Osama Krayem rebroussera finalement chemin tandis que Khalid El Bakraoui fera exploser sa charge dans une rame de métro à la station Maelbeek, tuant 16 personnes.
Les procureurs fédéraux sont revenus mardi après-midi, devant la cour d’assises de Bruxelles, sur la manière dont cette cache a été découverte, grâce à l’aide d’Osama Krayem, arrêté le 8 avril 2016. Après son arrestation, l’accusé mène les enquêteurs jusqu’à cet appartement, où il a séjourné, notamment avec les frères El Bakraoui.
À leur arrivée sur les lieux, un habitant de l’immeuble d’Etterbeek explique aux enquêteurs que trois personnes vivent depuis sept mois dans le studio, bien que de façon non permanente et n’ayant parfois pas les clés sur eux. Les trois individus ne se présentaient jamais ensemble, selon ce voisin, qui informe la police, dans le courant de l’après-midi, que deux d’entre eux sont revenus sur les lieux et ont discuté avec les journalistes. Smail et Ibrahim Farisi sont alors interpellés dans une rue voisine.
Lieux “vides” et “nettoyés”
Dans la foulée de l’identification de l’appartement, une perquisition est effectuée, le 9 avril 2016. Les lieux sont “vides” et “nettoyés”, les enquêteurs ne trouvant que du matériel de réparation pour la porte d’entrée.
Les analyses ADN et d’empreintes digitales permettent de confirmer la présence, dans ce studio, des frères Farisi, d’Osama Krayem et des frères El Bakraoui.
Une seconde perquisition est effectuée le 12 avril 2016, Osama Krayem ayant révélé qu’il avait déversé le contenu du sac qu’il portait le jour des attentats dans la douche et la cuvette des toilettes. La présence de TATP sur le siphon de la douche est confirmée.
L’immeuble étant équipé d’un système de vidéosurveillance, les enquêteurs vont pouvoir retracer les allées et venues de différents membres du commando derrière les attentats du 22 mars 2016.
Octobre 2015
L’analyse des images montre qu’Ibrahim El Bakraoui apparaît pour la première fois le 3 octobre 2015, en compagnie de Smail Farisi et d’Ali El Haddad Asufi. Aux mois d’octobre et novembre 2015, on aperçoit également Ibrahim Fairsi et Mohamed Bakkali (condamné à 30 ans de prison pour les attentats de Paris, dont il est considéré comme le logisticien).
Les frères El Bakraoui y logent durant le mois de janvier 2016 et Smail Farisi y est vu presque quotidiennement. Les frères y vivent toujours en février 2016 mais à partir du 29 février, Ibrahim n’y est plus aperçu. Ensuite, jusqu’au 15 mars, Khalid El Bakraoui vit seul dans le studio.
Fusillade rue du Dries
Le 16 mars 2016, au lendemain de la fusillade de la rue du Dries, Khalid El Bakraoui quitte tôt l’appartement, y revient en coup de vent avec Bilal El Makhoukhi et y revient tard le soir avec Osama Krayem. Khalid El Bakraoui ne quitte plus le studio jusqu’au 22 mars, seul Osama Krayem en sort pour faire quelques courses.
Veille et jour J de l’attentat
La veille des attentats, le 21 mars 2016, Osama Krayem est aperçu revenant à 22h15 avec un premier sac à dos, puis à 00h21 avec un second sac à dos et un sac plastique. Pendant la nuit, il sort deux fois quelques minutes.
Le 22 mars 2016, à 08h19, Osama Krayem et Khalid El Bakraoui quittent ensemble l’immeuble, chacun portant un sac à dos. Osama Krayem y revient à 09h42. À 11h05, il ressort changé, avec un sac vert à la main. Dès 16h36, Smail Farisi vient trois fois dans l’immeuble et vérifie à chaque fois la boîte aux lettres.
Après l’attentat
Le 23 mars 2016, les frères Farisi déménagent les affaires abandonnées dans l’appartement. Le déménagement se termine les 24 et 25 mars. Le 2 avril, Smail Farisi et un ami réparent la serrure de la porte d’entrée. Dans la nuit du 2 au 3 avril 2016, Mohamed Abrini se présente à l’appartement.
Les images et l’analyse des cartes Mobib retrouvées au long de l’enquête confirment également le rôle de coordination des frères El Bakraoui, qui s’absentent souvent de l’appartement de l’avenue des Casernes, pour se rendre dans les différentes caches et transmettre les informations. Certains achats de matériel nécessaire pour fabriquer les engins explosifs sont également confirmés par l’analyse des images et des cartes Mobib.
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