Comment un poisson d’avril a transformé le Bois de la Cambre en champ de bataille
RECONSTRUCTIONTout est parti d’une blague lancée sur les réseaux sociaux il y a un peu moins d’un mois. Un canular imaginé par quelques amis et entretenu pendant plusieurs semaines qui a conduit le bois de la Cambre à se transformer successivement en festival, puis en un véritable champ de bataille. Des milliers de jeunes se sont effectivement rassemblés ce 1er avril dans le parc bruxellois pour y faire la fête, en signe de protestation contre les mesures sanitaires, avant que certains d’entre eux en décousent avec la police, présente en masse. Comment en est-on arrivé là? Reconstruction.
“Venez nus, embrassez-vous, faites l’amour” : tel était l’appel des organisateurs aux “festivaliers” lorsqu’ils ont créé ce mystérieux événement sur Facebook le 7 mars. L’annonce envoyait du rêve: une centaine de DJ’s internationaux, qui devaient se produire sur huit scènes installées un peu partout sur les pelouses du bois de la Cambre. Surtout, les organisateurs promettaient un événement certifié sans gestes barrières, sans masques, bref, sans mesures de restriction sanitaires.
7sur7 fut le premier média à relayer ce drôle de festival, qui n’était autre qu’un poisson d’avril annoncé à l’avance. Une blague devenue virale, écrivions-nous le 8 mars dernier. Et pour cause, en à peine 24 heures, plus de 20.000 personnes avaient déjà marqué leur intérêt pour l’événement. Des dizaines de milliers d’autres internautes se rajouteront à la liste les jours suivants.
Le canular prend une telle ampleur qu’il commence à inquiéter les autorités à la mi-mars. La police bruxelloise confirme qu’aucune autorisation n’a été accordée pour organiser un tel événement dans le bois de la Cambre. Les forces de l’ordre annoncent la couleur: elles seront présentes en masse le 1er avril dans le parc pour éviter les gros rassemblements et les éventuels débordements. La police rappelle également que les contrevenants aux règles sanitaires seront éventuellement sanctionnés d’une amende.
Les organisateurs, qui font désormais l’objet d’une enquête, se sont exprimés de manière anonyme à la veille de l’événement: “Il n’y a pas de festival. Nous ne demandons à personne de se réunir”, ont-ils annoncé, comme s'ils voulaient se dédouaner.
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1er avril, 15h30: paillettes et tenues de festival
De nombreuses personnes sont déjà présentes dans le bois de la Cambre en début d’après-midi afin de profiter du soleil, clément depuis quelques jours. L’ambiance est bon enfant. Des policiers à pied et à vélo circulent de bulles en bulles afin de rappeler les règles. Pour l’instant, la police tolère la foule, à condition que les bulles ne se mélangent pas et que les rassemblements ne se transforment pas en fêtes. Le bourgmestre de Bruxelles Philippe Close n’avait en effet pas demandé à sa police d’évacuer le parc, véritable poumon vert pour de nombreux Bruxellois qui ne disposent pas de jardin.
En revanche, une chose diffère par rapport aux autres jours au bois de la Cambre: la tenue de nombreux visiteurs, notamment des jeunes femmes, maquillées et habillées en mode festival.
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16h15: La Boum
Soudain, une file de camions de la police montée débarque dans le bois via l’avenue de Diane. La foule se met à huer les forces de l’ordre, lesquelles commencent à installer un impressionnant dispositif de sécurité.
L’ambiance plutôt relax du début de l'après-midi a désormais laissé place à la fête: la foule danse sur de la musique qui résonne jusque de l’autre côté du lac, les gobelets de bières volent dans les airs. Pas de doute, le bois de la Cambre s'est bel et bien transformé en festival de musique. “La Bouuuuum!”, crient les fêtards.
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Le festival est peut-être faux, mais le chaos qui s’ensuit est réel. “On savait que c’était un ‘fake’, mais on fait ça en signe de protestation”, nous explique Raphaël, un jeune homme qui est venu de Mons jusqu’au parc de Bruxelles avec ses amis. Le groupe d’amis n’a aucune confiance dans la politique, les experts et les médias. “Cela fait un an qu’on nous ment sur les mesures, le taux de mortalité, tout”, dit-il avec assurance. Raphael ne porte pas de masque, car il estime que cela ne protège en rien du virus.
Même son de cloche chez Julie, une étudiante liégeoise qui a elle aussi rallié la capitale ce jeudi pour se rendre au bois de la Cambre. D’abord par curiosité, nous avoue-t-elle. Mais également en signe de protestation. “Le gouvernement ne sait pas ce qu’il fait. Un jour, il décide de rouvrir, l’autre de fermer... C'est ridicule”, souligne Julie qui, comme des milliers de jeunes autour d’elle, ressent un besoin fou de s’amuser et de voir des gens.
La police a dans un premier temps demandé aux “Boumeurs” de bien vouloir quitter les lieux. Essuyant un refus catégorique de la part des fêtards, les policiers décident d’agir en formant deux cordons, rapidement visés par toutes sortes de projectiles: bouteilles en verre, pierres, branches d’arbre...
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17h15: le sang
Les pelouses du bois de la Cambre sont devenues un véritable champ de bataille. Des policiers à cheval cavalent à travers la foule pour disperser les fêtards devenus émeutiers. Une jeune fille est touchée par un projectile et cherche à sortir de la foule. Une autre est violemment heurtée par un cheval et s’effondre sur le sol. Une demi-heure plus tard, un policier reçoit un morceau de verre sur la tête. En sang, il arrête un Boumeur, avec l’aide d’un collègue. Une photo massivement relayée dans les médias et sur les réseaux sociaux.
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18h30: gaz lacrymogène et autopompes
Des autopompes et des policiers supplémentaires arrivent en renfort, toujours via l’avenue de Diane. Des agents placés en seconde ligne commencent à tirer des grenades lacrymogènes sur les émeutiers, situés une cinquantaine de mètres plus loin. Un brouillard épais et piquant se répand dans la zone, obligeant les fêtards à battre en retraite, en longeant le lac. Ils sont poursuivis par les autopompes. Mais les canons à eau semblent davantage rafraîchissants pour les émeutiers, pas vraiment impressionnés par l’armada policière. Dans le tumulte, un combi se retrouve totalement isolé. Une proie facile pour les émeutiers qui le prennent pour cible. La police doit reculer, pour mieux avancer ensuite.
Un groupe d’étudiants observe les violences. Ils regrettent les violences à l’encontre des policiers, qui ne font finalement que leur travail, soulignent-ils. “Mais en tant que symbole de protestation, je comprends. Nous sommes fatigués. Pourquoi ne vaccinent-ils pas les jeunes plus tôt, pour que nous puissions à nouveau vivre normalement? Non, ils donnent plutôt des vaccins aux personnes en phase terminale d’un cancer. Désolé, mais je trouve ça illogique”, fustige l’un d’entre eux.
Des Boumeurs ramassent les déchets, vélos et autres trottinettes (dont certaines d’entre elles ont été écrasées par les autopompes). Une dispute éclate: certains mettent le feu aux déchets et aux branches afin de créer un barrage. “Ça va trop loin”, crient certains. “On s’en fout”, répondent d’autres. Un peu plus loin, de l’autre côté du lac, de nombreux fêtards continuent à danser en criant “liberté, liberté, liberté!”
Le jeu du chat et de la souris avec la police se poursuit jusqu’en début de soirée.
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21h: danse sur les voitures
À 21 heures, la situation n’est toujours pas sous contrôle. Des centaines de jeunes sont passés à autre chose et continuent à faire la fête un peu plus loin. Ils dansent sur les voitures et tirent des feux d’artifice. La police tente de garder le contrôle de la situation et déploie à nouveau des canons à eau.
À 22 heures, couvre-feu oblige, tout le monde était rentré chez soi et le calme était enfin revenu dans le bois de la Cambre.
La police de la zone Bruxelles-Capitale/Ixelles a fait état vendredi de 26 personnes blessées lors des émeutes au bois de la Cambre jeudi soir. Parmi ces blessés figurent trois policiers. Le bilan final fait également état de six véhicules de police endommagés. Cinq voitures ont eu les vitres brisées et les pneus crevés, et le pare-brise d’un camion de la cavalerie policière a été cassé.
La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles a aussi précisé que plusieurs chevaux de la police doivent être examinés par le vétérinaire.
Au total, la police a procédé à une vingtaine d’arrestations administratives. Par ailleurs, quatre personnes ont fait l’objet d’une arrestation judiciaire et une personne est citée directement devant le tribunal correctionnel de Bruxelles le 22 avril prochain.
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