Confinée avec ses... dix enfants: “Ils ont perdu leur papa, ils ont peur pour moi”

Sandra Couck vit son confinement en famille dans sa maison de Mariakerke. Rien de plus normal que le printemps de cette quadragénaire, direz-vous. À un détail près: la Flamande doit gérer la quarantaine avec ses dix enfants. Un défi surtout logistique et diplomatique, comme elle l’explique dans Het Laatste Nieuws depuis le débarras où elle s’est cachée pour répondre aux questions. “Nous devons vivre ensemble dans un petit espace durant plusieurs semaines, mais nous tirons notre parti de la situation”, explique la mère de Ruben, 19 ans, Zara, 17 ans, Thomas, 15 ans, Maïté, 13 ans, Julie, 12 ans, Anne-Sophie, 11 ans, Ella, 9 ans, Lente, 7 ans, Finn, 5 ans, et Noah, 3 ans.

Vous avez le vertige? Vous avez raison: “La plupart des gens me demandent comment je fais pour ne pas devenir folle. Surtout à la caisse du supermarché en ce moment. D’ailleurs je n'ose même plus remplir de grands caddies désormais, car sinon on m’accuserait de faire partie de ceux qui font des provisions excessives. Alors je fais mes courses tous les jours: plusieurs pains par jour, 12 œufs, des fruits et légumes frais, car même si on fait plus attention que d’habitude, il faut bien nourrir ces dix enfants. On me regarde de travers quand je prends trois raviers de fraises et quatre concombres en une fois, mais il faut bien ça pour partager entre nous tous”, détaille-t-elle.

Et à la maison? “Je collerais bien les deux plus petits au mur de temps à autre, en effet, mais à part ces petits moments, tout le monde est sage, je ne peux absolument pas me plaindre”, résume la mère dont la patience semble une seconde nature.

Il faut dire que l’endurance de Sandra est due à son expérience avec les enfants. Mère au foyer depuis la naissance de son premier enfant, il y a plus de 19 ans, elle a l’habitude de les gérer à la maison à plein temps. “Pour moi, rien de neuf, à part peut-être les devoirs que je dois superviser de manière plus intensive. Avant, c’était réglé en 20 minutes après l’école, désormais ça me prend quelques heures par jour. Cela m’empêche de terminer mes autres tâches aussi vite que d’habitude, comme la vaisselle ou la lessive, mais c’est comme ça. Nous cherchons le bon rythme, mais sans planning quotidien: nous avons chacun notre propre rythme, mangeons ensemble et je me charge seule des courses. On partage la vaisselle, la cuisine, du temps de jeu... On prend les choses comme elles viennent, mais la structure, ce n’est pas pour nous”, reconnaît-elle. 

Heureusement, certains sont en âge de se débrouiller: “En général, je dois occuper quatre enfants de la fratrie, et les plus grands tirent leur plan et viennent vers moi uniquement en cas de question. Ella et Lente ont besoin qu'on s’occupe d’elles de façon active. Lente est en première primaire et si je ne m’assieds pas à côté d’elle lorsqu’elle essaie de lire et écrire, elle attrape de mauvais réflexes. Les cadets ont besoin de plus d’attention, sinon ils dérangent les plus grands qui travaillent pour l’école. Un tout petit s’occupe 20 minutes seul, pas une heure”.

Et justement, comment les occuper? “Les aînés appellent beaucoup leurs amis, les plus jeunes font du bricolage. Au programme, on peint, on regarde des films, on essaie des recettes. Pour l’anniversaire de Lente la semaine dernière, on a fait des pizzas et décoré des cupcakes. Ses amis n’ont pas pu la fêter, mais l’avantage ici, c’est qu’il y a toujours assez d’enfants pour un goûter d’anniversaire”, plaisante-t-elle. “Dès qu’il fait beau, ils foncent à l’extérieur. Heureusement, nous avons un grand jardin avec un trampoline. Et un chien depuis quelques mois”.

Cela signifie-t-il aussi et surtout chaos et disputes? Étrangement pas, car tous ont dernièrement appris à mettre de l’eau dans leur vin: “Les enfants sont les uns sur les autres toute la journée, mais cela signifie aussi qu’ils apprennent à davantage lâcher prise. Avant, quand les grandes sœurs se disputaient, ça grimpait l’escalier à grand fracas, mais maintenant, il y a moins de disputes et de tensions, j’en suis moi-même étonnée. Reste les deux plus jeunes, qui s’assassineraient bien mutuellement, mais c’est l’âge”, positive-t-elle.

Son truc pour motiver les troupes? “Ils ont droit à une récompense, comme une glace, s’ils ont été bien sages. Ils ont conscience qu’ils doivent se tenir aux règles”, explique-t-elle. Une performance pour une mère célibataire entourée d’ados qui trépignent: “Ils entendent aux infos ce qu'il se passe dehors, et ils ne veulent surtout pas qu’il arrive quelque chose à leur maman. Ils ont déjà perdu leur papa... Alors ils restent à la maison et jouent ensemble. Le plus grand défi? Le choix du programme à l’heure de regarder la télévision”, sourit-elle.