Couvre-feu national, horeca fermé, contacts sociaux réduits, marchés: qu’est-ce qui va changer dans votre quotidien?

Le Premier ministre Alexander De Croo a exposé la situation: “Nous sommes en phase d’alarme de niveau 4. Nous voyons que les chiffres augmentent, que nos médecins et hôpitaux sont sous pression. Ce virus a le but de contaminer un maximum de personnes, les rendre malades et tuer des gens. Il y a 2.000 personnes à l’hôpital, 372 aux soins intensifs, nous avons eu à déplorer 35 décès hier. La différence avec mars-avril est que cette fois nous réalisons que le virus est très près: la plupart d’entre nous connaissons des gens touchés et même malades, voire très malades à cause du Covid”. 

“Or malgré tous les efforts d’une grande partie de la population pour respecter les règles prises récemment, nous voyons que cela ne suffit pas: les chiffres sont même plus élevés, voire deux fois supérieurs à ceux de mars-avril. Ils augmentent de façon exponentielle. Et les jours à venir, nous n’allons pas voir d’amélioration au niveau de ces chiffres: nous devons nous attendre à de mauvaises nouvelles et c’est pour cela que nous avons décidé des mesures suivantes”:

- une fermeture de tous les établissements horeca, cafés et restaurants, dans tout le pays, et ce pendant quatre semaines. Une évaluation de la mesure aura lieu après deux semaines pour voir si cela est toujours nécessaire. “À cette mesure sera assortie une enveloppe conséquente pour soutenir les secteurs si durement touchés à traverser la crise le moins mal possible”, a promis le Premier ministre. “Nous savons qu’il ne s’agit pas que d’argent, mais de cœur", a souligné Frank Vandenbroucke, ministre de la Santé.

- la vente de plats à emporter sera autorisée jusqu’à 22 heures uniquement

- exception pour les restaurants d’hôtel pour leurs clients (qui logent sur place)

- un couvre-feu national de minuit à 5 heures du matin a également été décrété: il prendra cours dès lundi, le temps que l’arrêté ministériel nécessaire soit pris. Seuls les déplacements urgents (par exemple médicaux ou pour une aide urgente) et professionnels (aller-retour du travail) restent autorisés. “Nous n’aimons pas cette mesure, mais elle est destinée à éviter que les gens n’organisent pas de fête à la maison”.

- interdiction de vendre de l’alcool après 20 heures

- magasins de nuit fermés à 22 heures (mais vente d’alcool interdite dès 20 heures)

- contacts rapprochés individuels désormais limités à 1 par personne hors foyer pour une durée d'un mois également. 

- chaque foyer pourrait encore recevoir 4 personnes par mois maximum à domicile, dans des conditions de respect de la distanciation sociale. Ces personnes doivent rester les mêmes pour 15 jours. Si vous ne savez pas maintenir vos distances: portez le masque.

- le télétravail devra redevenir la norme dès lundi, dans toutes les professions où cela est possible. Si le télétravail n’est pas possible, les employeurs sont tenus de veiller à la sécurité et la distanciation stricte des employés

- les marchés de Noël, aux puces, brocantes, villages d’hiver devront être annulés, mais les marchés alimentaires (sans possibilité de boire un verre) peuvent être maintenus ainsi que les petites foires (jusqu’à 200 personnes).

- 40 personnes maximum pour le “café” après les funérailles

- les écoles restent ouvertes normalement

- 40 personnes maximum à tous les événements non encadrés professionnellement et sans protocole établi

- il y aura probablement moins de spectateurs autorisés aux événements sportifs et culturels, mais aussi dans les lieux de culte. La décision sera prise d’ici vendredi prochain avec des protocoles adaptés après concertation entre les secteurs concernés et Pedro Facon, commissaire Covid, ainsi que les experts, a expliqué le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke. En attendant, les règles en vigueur restent inchangées.

La police sera dépêchée sur le terrain pour veiller au respect des mesures et, si nécessaire, sanctionner les contrevenants. “Non pas pour embêter les gens, mais parce qu’il en va de nos hôpitaux et de nos écoles. Un arrêté ministériel a force contraignante, et nous demanderons à la police de le faire respecter”, a précisé Alexander De Croo.

“Ces mesures peuvent sembler injustes, mais c’est le virus qui est injuste. C’est lui qui nous frappe d'une manière extrêmement violente dans notre pays. Les semaines à venir seront extrêmement difficiles, mais si nous voulons éviter le pire, nous devons prendre ces mesures maintenant. Notre seul objectif est et doit être de faire baisser les chiffres du virus”, a martelé Alexander De Croo.

“En Belgique, nous sommes très attachés à notre liberté. Mais aussi à notre santé. Sans notre santé, pas de liberté, pas de bonheur, pas de vie”, a résumé le Premier ministre.

“Nous devons éviter le dérapage dans nos soins de santé. Nous sommes à un tournant, nous devons prendre des mesures pour éviter de fermer les écoles et pour nous assurer que les entreprises continueront à tourner”, a expliqué Frank Vandenbroucke. “Il faut aussi éviter qu'il y ait encore plus d’isolement”, a-t-il averti, rappelant que les contacts sociaux restent possibles.

“Le gouvernement mettra tout en œuvre pour aider les secteurs les plus touchés: nous n’allons pas vous abandonner: nous allons doubler la passerelle pour ceux qui sont obligés de fermer leurs portes, nous prolongeons les reports de paiement pour les indépendants et nous décidons de l’exonération de l’ONSS pour ceux qui sont le plus impactés par les mesures”, a ajouté Alexander De Croo.

Le baromètre qui doit régler l’instauration de mesures pour lutter contre la propagation du coronavirus n’est pas encore finalisé, a indiqué Frank Vandenbroucke. Il est toutefois acquis qu’il fonctionnera selon différents niveaux d’alerte. Le Premier De Croo avait précisé plus tôt en début de conférence que le pays est en niveau d’alarme 4.

Le patron de l’horeca flamand a déjà réagi écœuré à cette mesure, estimant qu’il s’agit “d’une gifle pour tous les restaurateurs qui ont suivi les normes à la lettre”. Marc Van Ranst, interrogé sur le plateau de VTM, le reconnaît: “Il est vrai que la grande majorité des gens paient aujourd’hui pour une petite minorité qui ne respecte pas les règles”.