Covid puis inondations, Woody n’a pas eu de chance avec son tattoo shop: “J’ai tout perdu”
InondationsDans les inondations de juillet dernier, de nombreux commerçants ont tout perdu. De petites boutiques, parfois centenaires, ont été ravagées par l’eau qui a tout emporté sur son passage: souvenirs, histoires et anecdotes des patrons et des habitants du quartier. Les flots n’ont pas épargné non plus les jeunes indépendants qui, plein d’espoir pour l’avenir et empreints d’une passion qu’ils étaient heureux de partager, se sont lancés il y a peu. C’est le cas de Fabrice Bauwin, alias Woody, un jeune tatoueur qui a ouvert son shop à Pepinster en mars dernier et qui, consécutivement a dû le fermer à cause du Covid-19 et des inondations.
Sarah Moran GarciaDernière mise à jour:01-10-21, 13:45
Se lancer à son compte et ouvrir sa propre boutique n’est jamais une mince affaire. Pourtant, c’est le rêve de beaucoup d’indépendants. Ce défi, Fabrice Bauwin a voulu le relever. Alors qu’il tatouait déjà dans un salon privé, le tatoueur plus connu sous le nom Woody, a voulu ouvrir son propre shop. Il a trouvé un local commercial au numéro 22 de la rue Neuve, à Pepinster, a travaillé pour le mettre en état jusqu’à la dernière minute, bien aidé par son ami entrepreneur, Patrick Ledent, et a finalement ouvert “Woody Tattoo Shop” le 1er mars 2020, en pleine pandémie. Une crise sanitaire à laquelle il ne s’attendait pas et qui a eu d’importantes conséquences sur son activité. En effet, comme beaucoup d’autres tatoueurs, il a dû arrêter plusieurs fois de tatouer, les métiers de contact comme le sien étant considéré comme “à risque”. Une idée avec laquelle beaucoup de ces artistes du dessin sur peau ne sont absolument pas d’accord.
Pepinster a été transformé en zone de guerre et on ne l’a pas vu venir.
Fabrice, alias Woody, Tatoueur et patron de Woody Tattoo Shop
“Il y a eu beaucoup de restrictions, et il y en a encore quelques-unes. Je ne compte pas le nombre de fois où l’on a dû fermer, puis où l’on a pu rouvrir pour finalement devoir à nouveau fermer”, commente Woody. “Quand j’ai ouvert mon shop, j’ai eu le temps de travailler une semaine ou deux avant de devoir le fermer.” Pour lui, ces fermetures ont été de véritables coups de massue, car il avait investi toutes ses économies dans son projet, mais ce n’est rien à côté de ce qu’il a subi cet été. SFa boutique, tout comme de nombreux autres commerces et habitations de la rue Neuve, a été fortement touchée par les inondations de la mi-juillet.
Ils ne l'ont pas vu venir
Le jour des inondations, Fabrice était au shop et attendait un client qui n’a finalement pas pu venir “parce que ça commençait à mal tourner”. “Au début, j’avais à peine 10 centimètres d’eau dans la cave. Le temps d’aller chercher une pompe dans le magasin de bricolage un peu plus loin et de revenir, l’eau était montée jusqu’à m’arriver au-dessus du genou”, se souvient-il.
Une grande partie de mon matériel a été détruite. C’est vraiment vicieux, l’eau. Ça passe et ça emporte tout.
Fabrice, alias Woody, Tatoueur et patron de Woody Tattoo Shop
À ce moment-là, Woody se disait que ce n’était pas trop grave. Mais l’eau est montée très rapidement. Trop rapidement. Alors qu’il cherchait un groupe électrogène pour continuer à travailler, on lui a dit de partir immédiatement, car le pont entre les rues Hubert Halet et de la Régence était en train de céder. “J’ai fermé mon shop et suis parti immédiatement dans les hauteurs. En 25 minutes à peine, tout a été bouleversé, plus rien n’était accessible. Clairement, Pepinster a été transformé en zone de guerre et on ne l’a pas vu venir”, ajoute le tatoueur.
Retour à la dure réalité
Fabrice a pu retourner dans sa boutique quatre jours plus tard. “Le trajet m’a pris 3 heures, alors qu’il ne dure habituellement que 40 minutes”, commente-t-il. La scène à laquelle il a assisté ce jour-là était véritablement catastrophique. S’il y avait encore un peu d’eau au rez-de-chaussée et dans la cave, le niveau avait diminué, et sur la vitrine, on voyait, et voit d’ailleurs toujours, jusqu’où l’eau est montée, à savoir à 1,45 à 1,50 centimètre. Dans la cour arrière, l’eau a même atteint le mètre 80. “J’ai presque tout perdu, une grande partie de mon matériel a été détruite. J’ai pu sauver quelques meubles et objets de décoration, mais c’est tout”, s’attriste Woody. “C’est vraiment vicieux, l’eau. Ça passe et ça emporte tout.”
Dans son malheur, le tatoueur a peut-être évité le pire. Des voitures, emportées par les flots, se sont presque naturellement arrêtées en arc de cercle devant son shop et ont formé une sorte de barrage qui a empêché les meubles, branches d’arbres et autres détritus de détruire tout simplement sa devanture. “Dans un sens, j’ai eu de la chance, contrairement à d’autres commerces de la rue”, commente-t-il, philosophe.
Fabrice ne travaille plus pour le moment. Forcément, sans matériel, piquer des peaux est compliqué. Il refait peu à peu son stock pour pouvoir recommencer lorsque son shop pourra enfin rouvrir. Ce qui ne devrait pas tarder, si l’on en croit l’enthousiasme du jeune tatoueur.
Travaux et rénovation
Ce jeudi, Patrick Ledent, l’entrepreneur qui avait déjà aidé Fabrice lors de l’aménagement du shop début 2020, est revenu sur place pour commencer les travaux de rénovation. Et ce, malgré le fait que l’assurance n’a pas encore donné son feu vert. “Même si un expert est déjà passé pour constater les dégâts, c’est risqué”, commente Patrick. “Mais c’est le propriétaire qui a voulu que l’on remette le local en état le plus rapidement possible.”
C’est quelque chose que je n’avais jamais vécu, que je ne souhaite à personne de vivre et que j’espère n’avoir jamais à revivre.
Fabrice, alias Woody, Tatoueur et patron de Woody Tattoo Shop
Il estime que les travaux lui prendront deux mois et que Woody pourra à nouveau tatouer vers la fin de l’année. Pour l’entrepreneur, le travail de reconstruction n’est pas encore fini. Il a au moins sept chantiers différents qui l’attendent dans le quartier, parfois des particuliers, d’autres fois de petits indépendants ou de grosses sociétés. “Pour le moment, tout est à l’arrêt parce qu’il faut l’aval de l’assureur. Quand ce sera le cas, je vais avoir énormément de travail d'un coup”, précise-t-il.
Ces quelques jours catastrophiques qu’a connus la Belgique au mois de juillet ont véritablement bouleversé Fabrice. Il a été fortement touché, pas seulement personnellement et professionnellement pas les inondations, mais aussi par la situation vécue par les habitants et commerçants de Pepinster.
“Voir ces scènes de désolation, c’est très choquant. C’est quelque chose que je n’avais jamais vécu, que je ne souhaite à personne de vivre et que j’espère n’avoir jamais à revivre. Mais une chose est sûre, je ne me laisserai pas abattre et je vais revenir en force”, conclut Woody.
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