D’anciens collaborateurs de l’eurodéputée N-VA Assita Kanko se confient sur son “comportement de diva”: “Je devais porter son sac à main”

Nos confrères sont allés à la rencontre de quatre anciens collaborateurs de la députée nationaliste flamande ainsi que de cinq personnes proches du dossier, qui ont préféré s’exprimer sous le couvert de l’anonymat. “Je veux mettre cette affaire en lumière par pure loyauté envers le parti. En mettant ces problèmes personnels sur la table, j’espère que la N-VA prendra le problème à bras le corps”, confie un membre du parti. En 2019, l’une des personnes concernées avait déjà signalé des problèmes auprès du siège du parti, seulement quelques semaines après les élections.

Depuis sa prise de poste en 2019, l’eurodéputée aurait employé pas moins de 16 différents collaborateurs et stagiaires. Un taux de rotation du personnel qui peut, dans certains cas, être un signe alarmant. Certains n’auraient tenu que quelques mois avant de partir. “De jeunes profils qui ne pouvaient pas aller à l’encontre des exigences strictes fixées dans le monde de la politique”, analyse l'une des personnes proches du dossier. “Mais ils sont également restés trop longtemps, aveuglés par l’argent.” Les employés du Parlement européen peuvent effectivement compter sur un salaire confortable: une raison pour avoir laissé traîner l’affaire si longtemps?

Un jeune homme a déposé plainte auprès du Parlement européen pour comportement abusif. L’enquête traîne depuis le dépôt de la plainte en novembre 2022, sans aucun verdict à l’horizon. Une situation frustrante pour Assita Kanko: “Un ancien parlementaire a déposé une plainte contre son licenciement. Cette plainte a fait l’objet d’une enquête et a été rejetée, mais il a également engagé une procédure pour harcèlement. À mon grand regret et à ma grande frustration, cette enquête prend beaucoup de temps.” La députée européenne clame son innocence et estime être droite dans ses bottes.

“Le problème, c’est qu’Assita Kanko se fait une idée totalement erronée de ce qu’est un ‘assistant personnel’”, confie un témoin à HLN. “Elle traitait ses employés comme ses vassaux: ils devaient réaliser des missions ‘spéciales’ pour elles.” Ses ex-collaborateurs devaient par exemple se rendre au pressing, jouer au chauffeur, ou porter son sac à main, détaille-t-il. Les travailleurs étaient par ailleurs mis sous pression. “Les semaines à Strasbourg étaient un véritable enfer, nous recevions des demandes en dehors de nos heures de travail, parfois jusqu’à minuit. Pendant que des collègues allaient manger un bout ensemble ou boire un verre, nous devions rester au bureau.”

Un “comportement de diva” qui découlerait d'une personnalité fortement compétitive, se voit confirmer Het Laatste Nieuws. “Elle nourrissait une rivalité vis-à-vis de ses collègues de parti, alors qu'il est parfois nécessaire de s’entraider.” Un ancien collaborateur a été, selon ses propres dires, réprimandé après avoir discuté dans le bureau d'un collègue. La même personne aurait par la suite été réquisitionnée pour “espionner” un autre député européen.

Le siège du parti a appris, il y a un an et demi, qu'une plainte officielle avait été déposée contre la députée. Un problème pour les nationalistes flamands, qui tentent depuis de l’arranger. Des mesures ont été prises pour améliorer la situation: des lignes directrices ont été discutées avec Assita Kanko afin d’ajuster son comportement. Des améliorations auraient été constatées par une personne, tandis qu’une deuxième conteste fermement ces affirmations.

De son côté, HLN note que ces tentatives ont été en partie fructueuses. Les articles apparus dans la presse ont sans doute contribué à une certaine prise de conscience du côté de la principale intéressée. Ce qui inquiète néanmoins la N-VA, c’est la réaction parfois déraisonnable que l’eurodéputée peut avoir lorsqu’elle se retrouve confrontée à la critique. Après s’être fait réprimander, elle avait, par exemple, pris ni une ni deux des billets d’avion direction la Floride.

Lorsque nos confrères ont interrogé les deux employés actuels du “bureau Kanko”, sur leur situation actuelle, les échos à l’autre bout du fil semblaient positifs.

Une question reste en suspens: pourquoi ce dossier a-t-il fuité près de quatre ans plus tard dans la presse? Selon certaines personnes proches de l’affaire, la tension entre les différents députés est palpable, un an avant les élections et la composition imminente des listes électorales. Le déménagement d’Assita Kanko de Bruxelles vers le Brabant flamand n’est également pas passé inaperçu: la concurrence entre les mandataires féminines est particulièrement rude dans cette circonscription électorale. Son nom pourrait par ailleurs apparaître sur la liste de la N-VA à la Chambre, même si cette affaire pourrait lui mettre des bâtons dans les roues.