De mauvaises conditions de travail constatées sur cinq plateformes de partage

L’étude a examiné les conditions de travail des plateformes Takeaway, Ring Twice, Deliveroo, Yoopies et Top Help. Les plateformes ont été analysées en fonction des cinq paramètres du travail équitable: rémunération équitable, conditions équitables, contrats équitables, gestion équitable et représentation équitable. Une plateforme pouvait obtenir un maximum de deux points par paramètre.

Takeaway est sorti de l’analyse avec le score le plus élevé de 6 sur 10. Ring Twice, anciennement connu sous le nom de ListMinut et proposant des services de ménage, arrive en deuxième position avec 4 sur 10. Deliveroo a obtenu un score de 1 sur 10, et Yoopies et Top Help, qui sont également des plateformes de prestation de services ménagers et de soins, n’ont pas obtenu un seul point.

Seules deux plateformes ont obtenu un score sur le paramètre “rémunération équitable”: Take away et Ring Twice. Seul Takeaway a pu prouver qu’il offre une protection contre les risques professionnels (paramètre “conditions équitables”). Deliveroo, Ring Twice et Takeaway ont pu prouver qu’ils proposent des contrats équitables. Seuls Ring Twice et Takeaway ont montré que les décisions concernant les employés sont prises selon la procédure officielle. Enfin, aucune des plateformes n’a respecté le principe de la représentation équitable. Cela signifie que les travailleurs belges de la plateforme ne peuvent pas utiliser les canaux institutionnels pour influencer les décisions qui affectent leurs emplois.

L'étude a révélé que les plateformes de soins, telles que Yoopies et Top Help, ont obtenu les pires résultats en matière de conditions de travail. “Les plateformes de soins ont tendance à ignorer les réglementations existantes et encouragent ainsi le travail informel”, explique Valeria Pulignano, professeur de sociologie (KU Leuven). “Par conséquent, les travailleurs effectuent une quantité constante de travail non rémunéré sous la forme de salaires minimums non garantis et d’un manque de sécurité sociale.”

Le député européen Marc Botenga (PVDA/PTB) a déclaré lors de la présentation des résultats qu’il n’était “malheureusement pas surpris”. L’Union européenne a actuellement une législation en préparation qui devrait mieux protéger les travailleurs des plateformes. Selon M. Botenga, la nouvelle directive européenne pourrait avoir un impact important. “Surtout en termes de conditions de travail, de salaires, il y a encore du travail à faire”.

De son côté, Rodolphe Van Nuffel, porte-parole de Deliveroo, réagit avec étonnement à cette étude: “ Selon nous, ces recherches académiques ne sont pas représentatives, ne sont pas suffisamment neutres sur le plan idéologique et ignorent la réalité du terrain.” Pour la plateforme de livraison de plats cuisinés, l’étude est en contradiction avec le résultat de récentes procédures judiciaires en Belgique, “qui ont confirmé que les coursiers sont des indépendants.” Selon Rodolphe Van Nuffel, ce score repose “uniquement sur l’opinion selon laquelle les coursiers devraient bénéficier d’un contrat de travail, ce que les coursiers eux-mêmes ne souhaitent pas.” L’entreprise affirme également avoir fourni des preuves aux enquêteurs de Fairwork montrant des bonnes volontés de Deliveroo quant aux conditions de leurs coursiers. Ils regrettent que ces éléments ne soient pas pris en compte dans la conclusion de l’enquête. Enfin, le porte-parole de la plateforme s’interroge quant au choix de Fairwork de n’avoir pas inclus la plus grande plateforme collaborative UberEats, “ce qui soulève des questions quant à sa représentativité.”

C’est la première fois que Fairwork, un projet international de recherche sur les conditions de travail, publie un rapport sur la Belgique. L’intention est de procéder à une analyse chaque année à partir de maintenant.