Denis Ducarme: “Des traîtres en politique, il y en a plusieurs au mètre carré”
En politique, innover c’est toujours trahir. Il paraît. Denis Ducarme, lui, a brisé les codes en acceptant de participer aux “Traîtres”, le jeu dominical de RTL-TVI. Une personnalité politique qui investit un programme de divertissement, du jamais vu en Belgique francophone. “J’estime que les politiciens doivent quitter leur tour d'ivoire et sortir de la case dans laquelle on les place”, défend le libéral. Entretien.
“Et même… un député fédéral: Denis Ducarme!” Des points de suspension, un point d’exclamation et une ponctuation qui en dit long. Dans son communiqué de presse annonçant l’arrivée de la saison 2 des “Traîtres” sur RTL-TVI, la chaîne privée souligne à raison la présence d’un candidat issu de la sphère politique. Si la tendance est déjà bien ancrée dans certains pays étrangers et en Flandre, la scission entre programmes politiques et émissions de divertissement demeure assez marquée dans le paysage audiovisuel belge francophone.
Il l’avoue aisément, l’ancien ministre des Indépendants a longuement hésité avant de répondre favorablement à l’invitation formulée par Frédéric Etherlinck, le présentateur, et la production. “J'ai vraiment été surpris par la proposition et j'ai réfléchi plusieurs semaines”, entame-t-il.
Qu’est-ce qui vous a finalement poussé à accepter?
“L’idée de montrer un autre visage que celui que l’on affiche dans les débats ou interviews politiques m’a semblé intéressante. C’est l’occasion d’apparaître sous un autre jour, moins sérieux, de laisser place à l'humain, à l’humour. Il y a une volonté très claire de se placer au cœur de la société et de quitter la tour d’ivoire dans laquelle les politiciens sont trop souvent cantonnés. Le timing était également favorable. Le tournage a duré quelques jours et était planifié pendant les vacances parlementaires. Cela ne m’a pas empêché de travailler beaucoup plus que beaucoup d’autres.
Une fois votre décision prise, avez-vous demandé à votre président de parti, Georges-Louis Bouchez, l’autorisation de participer au programme?
Je n’ai demandé la permission à personne, je suis libre. Mais la moindre des courtoisies était de l'avertir. Je l'ai évidemment fait et il a réagi avec une belle ouverture d’esprit. J’insiste, quand on participe à ce genre d’événement audiovisuel, c’est à titre personnel. Cela n’engage pas votre famille politique.
Comment votre présence dans une émission de divertissement a-t-elle été perçue par vos collègues?
Je suis agréablement surpris par la quantité de retours très positifs. Il y a aussi un peu de jalousie, mais c’est logique, on n'a pas que des amis en politique. Loin de là. Quelques commentaires négatifs me sont revenus, mais ils sont largement minoritaires et j'arrive à m’en détacher assez facilement. À mes yeux, les échos de la sphère politique ne sont pas les plus importants. Ce qui m'importe davantage, ce sont les remarques des gens que je croise dans la rue et elles sont essentiellement sympathiques.
La mécanique du jeu repose sur la manipulation et le mensonge. Certains y voient un mauvais message adressé par un responsable politique...
C’est un reproche paternaliste. Certaines personnes ont toujours tendance à prendre les téléspectateurs pour des idiots. Devant leurs écrans, ils ont parfaitement conscience qu’il s'agit d'un jeu, pas d'une représentation de la réalité. Cela me fait toujours rire ces experts de la communication qui prennent les gens pour des cons.
Mais je reconnais que participer à une émission qui s’appelle “Les Traîtres”, c’était osé en regard de la perception parfois portée par une frange de la population sur le monde politique. Elle n’a pas tout à fait tort. Des traîtres en politique, il y en a plusieurs au mètre carré.
Votre métier vous a-t-il conféré un certain avantage dans le jeu?
C’est clair, quand vous faites de la politique depuis un certain nombre d’années et que vous endossez certaines responsabilités comme celle de ministre, vous apprenez à cerner les gens et à renifler les traîtres un peu plus rapidement.
Quel rapports avez-vous entretenu avec les autres candidats? Avez-vous ressenti une méfiance plus marquée en raison de votre statut?
J’étais très surpris de voir un journaliste dans le casting. Un journaliste est étonné de voir un politicien dans un programme de divertissement, mais l’inverse est également vrai. Je me suis dit ‘il est fou, il livre quand même de l’information’ quand j’ai découvert la présence de Benjamin Maréchal. Le courant est très bien passé entre nous. J’ai eu d’autres coups de cœur comme Shauna ou Mario de la Star Academy. L’atmosphère générale était vraiment positive. Les candidats m'ont posé quelques questions au début sur ma profession, mais la dynamique du jeu a rapidement pris le dessus.
Seriez-vous prêt à participer à une autre émission de divertissement? Chanter déguisé sur le plateau de Mask Singer, c’est possible ou vous êtes-vous fixé certaines limites?
Honnêtement, je ne sais pas. Mais pas question de critiquer Conner Rousseau. J’insiste, je pense que le politique commet une erreur en voulant toujours paraître le plus sérieux possible, davantage comme un robot que comme un homme. Parfois, il convient de s’éloigner des conseils qu’on nous a donné au début de notre carrière. Les gens ne sont pas dupes. Quand c’est faux, il le voit. Notre rôle, c'est évidemment de faire de la politique, de trouver des solutions. Mais si en marge de cela, on peut faire quelque chose d’un peu plus souriant...
Vous évoquez Conner Rousseau. En Flandre, voir des élus dans des programmes qui ne sont pas dédiés à la politique n’est pas rare. Côté francophone, vous êtes un pionnier. Comment expliquez-vous cette différence?
La Flandre est davantage influencée par la culture anglo-saxone où la dynamique audiovisuelle n’est pas la même qu’ici. Côté francophone, l’approche est plus conservatrice. Chacun a son étiquette collée sur le front et reste dans sa case. Je suis le premier à avoir franchi le pas, mais pas le dernier. J’en ai l’intime conviction.
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