“Des assouplissements maintenant? Trop tôt et imprudent”: le message clair de médecins aux politiques
Très attendu, le Comité de concertation de ce vendredi s'annonce tendu. Les appels à l’allégement des règles sanitaires se font de plus en plus entendre. Certaines personnalités politiques, à l'instar d’acteurs de santé publique, plaident ouvertement pour des assouplissements, inquiets de la dégradation du bien-être mental au sein de la population. Dans le camp d’en face, les partisans du maintien d’une “ligne dure” avancent les chiffres et courbes épidémiologiques pour appeler une nouvelle fois à la prudence et à la patience. Dans les hôpitaux, la crainte d’un rebond voire d’une troisième vague persiste. “Chaque assouplissement est un de trop.”
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Marc Noppen, PDG de l’UZ Brussel : “Il est encore trop tôt”.
“Assouplir les règles sanitaires dans le contexte actuel serait très imprudent. Nous savons ce qui va se passer, nous connaissons les prédictions mathématiques. En tant que citoyen, j’aspire à retrouver une vie normale. Mais en tant que scientifique, je suis contraint de dire : “Ne le faites pas”.
“Dans notre hôpital, nous avons vu le nombre de patients corona diminuer semaine après semaine. Depuis jeudi dernier, nous constatons une augmentation, elle s’est avérée exponentielle. Aujourd’hui, nous avons 38 patients, ce qui représente presque le double en une semaine. C’est évidemment très inquiétant. Comment l’expliquer? C’est difficile à dire (...) Est-ce lié à la réouverture des coiffeurs? Est-ce que la récente vague de froid a poussé les gens à rester davantage à l’intérieur ? Peut-être.”
“Ici, à l’UZ Brussel, nous avons encore une capacité suffisante pour accueillir des atteints de la Covid-19, mais si nous devions le faire, il en résulterait une diminution de l’espace disponible dans les autres services. Nous risquerions de devoir à nouveau reporter des soins non corona, ce que nous voulons absolument éviter.”
“Je pense que le Premier ministre et le ministre de la Santé se rendent compte que ce n’est pas le moment de relâcher. La seule question est de savoir quelle sera l’ampleur de la pression et s’ils pourront y résister. Personnellement, je pense que tout assouplissement est un de trop en ce moment (...) Quand je regarde ce qui se passe ici à l’hôpital, je dis très clairement “non, c’est trop tôt”".
Geert Meyfroidt, intensiviste à l’UZ Leuven: “Certains politiques devraient prendre des cours de mathématiques”
“La situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui est presque identique à celle observable en septembre dernier. Nous savons tous ce qui s’est passé à l’époque. La croissance exponentielle commence toujours par une petite hausse. Nous avons déjà pu le constater depuis le début de la pandémie, mais visiblement il y a encore des politiques qui ne comprennent pas. Certains devraient prendre des cours de mathématiques.”
“La situation hospitalière varie selon les régions, actuellement. Dans la plupart des réseaux, elle est gérable. En revanche, certains hôpitaux de Flandre orientale, du Brabant wallon et du Hainaut sont très occupés. Ici, à Louvain, c’est plutôt calme dans l’unité de soins intensifs Covid. Je travaille dans l'aile non-Covid depuis quelques mois. Nous sommes encore en train de rattraper notre retard en matière de soins. Aucun hôpital ne fonctionne à 100% aujourd’hui. Il serait très imprudent de faire à nouveau dérailler la situation et de devoir reporter une troisième fois les autres soins. Les patients qui ne sont pas touchés par le coronavirus comptent également.”
“Lorsque la croissance exponentielle est imminente, le timing est primordial. Si vous prenez les mauvaises mesures au mauvais moment, vous risquez de le payer. En regard des chiffres, ce n’est pas le bon moment pour des changements majeurs, pour élargir la bulle sociale... Lorsque les groupes à haut risque seront vaccinés, nous serons plus en sécurité. Nous devons tout mettre en œuvre pour qu’une proportion plus importante de la population soit vaccinée. On espère tous retrouver une vie normale au plus vite. Mais il faut voir les choses en termes de chiffres, pas émotionnellement. C’est à cela que servent les politiciens élus, faire preuve de courage et de leadership.”
J’espère qu’on ne tombera pas dans le même piège qu’en septembre
“Les coups de feu se sont multipliés ces derniers jours à l’aube du Comité de concertation. Je vois des gens qui réclament des assouplissements par souci réel de l’économie et du bien-être mental, entre autres. Mais je perçois également une négation pernicieuse de la courbe exponentielle. J’espère qu’on ne tombera pas dans le même piège qu’en septembre. Si cela arrive, clairement, on n’apparaîtra pas comme le pays le plus intelligent du monde.”
“Je compte sur les responsables politiques. Le leadership signifie que vous devez oser délivrer des messages désagréables, savoir dire “non” ou appeler à la patience. Les dirigeants sont là pour prendre des décisions et assumer la responsabilité lorsque les choses tournent mal. Si vous pensez qu’il est temps d’alléger les règles, vous devrez en assumer les conséquences.”
Eva Van Braeckel, pneumologue à l’UZ Gent : “Chez nous, la troisième vague a commencé”
“Il serait malvenu de faire des concessions maintenant. Ici, à l’UZ Gent, nous avons dû ouvrir un deuxième service Covid. Toute la semaine, nous avons dû composer avec des transferts d’autres hôpitaux de la région qui sont complètement pleins. En ce qui nous concerne, la troisième vague a déjà commencé.”
“À l'instar des deux vagues précédentes, nous avons remarqué ces derniers jours que les gens arrivent soudainement beaucoup plus malades. Les jeunes aussi. Nous voyons des patients dont l’état se détériore très rapidement et qui finissent en soins intensifs, même dans les groupes d’âge plus jeunes. Pour moi et mes confrères pneumologues d’autres hôpitaux, cela ressemble à un flashback. Un sentiment de déjà vu. Nous avons également constaté une situation similaire lors des deux premières vagues. Nous savons maintenant ce que cela signifie.”
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