Des prisons belges en lockdown, mais des permissions et des transferts accordés: “Des cocottes-minute”
Mise à jourLe coronavirus est à son paroxysme. Les hôpitaux sont au bord de l’implosion. Pendant ce temps-là, la Belgique n’a pas encore décidé d’imposer un reconfinement. Dans certaines prisons, la situation est bien différente. Et pourtant, l’isolement n’est pas aussi étanche que cela.
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Certaines prisons belges sont en lockdown depuis ce lundi. “La décision a été prise ce jour (NDLA. lisez lundi) de mettre plusieurs prisons en confinement compte tenu du taux de positivité parmi les détenus” confirme la porte-parole du Service Public Fédéral (SPF) Justice, Valérie Callebaut.
Parmi ces prisons, il y a celle de Marneffe en province de Liège. Pourtant, nous avons appris de source sûre que quatre congés pénitentiaires y ont été accordés lundi. Ce qui pose beaucoup de questions sur l’utilité du confinement. “Les sorties sont supprimées sauf motif impérieux. Le médecin évalue dans ce cas individuellement si le détenu doit être isolé à son retour de sortie” explique Valérie Callebaut.
Efficacité du protocole
Interrogée par nos soins, la secrétaire permanente de la Confédération des Syndicats Chrétiens (CSC) au SPF Justice, Claudine Coupienne, conteste l’efficacité du protocole: “Le docteur fait passer un test sérologique au détenu avant qu’il ne réintègre la prison. Durant 24 heures, ce détenu est isolé. Si le test s’avère négatif, il peut regagner sa cellule. Ça ne sert strictement à rien car il n’est pas toujours possible de détecter le virus aussi rapidement. Une semaine après, un nouveau test est effectué. Les résultats arrivent dans les trois jours qui suivent. S’ils sont positifs, il est déjà trop tard vu que le prisonnier a été réintroduit dans la population carcérale depuis dix jours. Celui-ci a eu tout le temps de contaminer une partie du reste de la communauté.”
Le sujet a pourtant déjà été mis sur la table de l’ancien ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V): “Nous avons demandé de favoriser les congés pénitentiaires sous la forme de blocs de trois jours au lieu d’en octroyer trois fois une journée. Cela n’a jamais été appliqué. Les règles d’entrée et de sortie ont été assouplies après la première vague du coronavirus.”
La porte-parole du SPF Justice déclare, elle, que toutes les décisions sont prises en concertation: “Depuis le début de la pandémie, une cellule de gestion de crise évalue régulièrement les mesures de protection à mettre en place et à adapter dans les prisons sur base des instructions du comité de concertation, celles de Sciensano et de l’état de la situation tant dans la société que dans les prisons.”
Transferts
Actuellement, des transferts de prisonniers sont néanmoins toujours organisés. À Marneffe, deux personnes ont été libérées et trois autres sont arrivées en provenance d’autres établissements du pays mardi. “Mais la prison est full” s’insurge Claudine Coupienne. “On les met où? Certaines ailes de la prison sont réservées aux détenus en confinement. Les maisons d’arrêt sont déjà surpeuplées à la base, mais maintenant, elles sont devenues de vraies cocottes-minute. Je comprends que des transferts soient nécessaires car à Anvers ou à Saint-Gilles, le personnel est à bout. Mais il n’y a pas assez d’espace ailleurs non plus.”
De son côté, Valérie Callebaut assure que ces changements d’endroits se font en toute sécurité: “Les détenus qui sont transférés doivent être placés en quarantaine préventive à leur arrivée dans l’établissement pénitentiaire de destination et être testés.”
Unités Covid-19
À Bruges et à Lantin, des unités Covid-19 devaient même être aménagées. “A Bruges, l’unité est déjà remplie. À Lantin, elle n’est pas encore prête et de toute façon, il est certain que toutes les places sont déjà réservées” atteste la syndicaliste.
“Les mesures de protection ont été adaptées dans la société, elles le sont également dans les prisons, afin de limiter un maximum la propagation du virus” répond Valérie Callebaut.
Safe, les agents?
Ce n’est pourtant pas l’écho émis par un agent pénitentiaire qui souhaite logiquement rester anonyme: “On se fout de notre gueule. Nos seuls moyens de protection sont des masques en tissu confectionnés avec des chemises d’agents, très fins, et des gants en latex. Une connaissance qui bosse aux soins intensifs m’a dit que nous étions fous d’accepter de bosser comme ça.”
La porte-parole du service fédéral de la justice conteste cette affirmation: “Depuis le début de la pandémie des masques ont été distribués à l’ensemble du personnel et à tous les détenus. Ils ont été fabriqués par Cellmade et ont été soumis à des tests par un laboratoire indépendant qui les a attestés comme étant conformes. 122.000 masques ont été réalisés. Depuis le mois de juin les membres du personnel peuvent également porter leurs propres masques s’ils le souhaitent.”
Pourtant, notre contact persiste et signe: “Nos masques ont été cousus dans du tissu de chemises. Aucun filtre. C’est partout comme ça dans le pénitentiaire.” Pour prouver sa bonne foi, il nous a envoyé une photo d’un des masques qu’il a lui-même reçu.
Les détenus, eux, ont peur que leurs surveillants importent le coronavirus. “A juste titre. Le risque est grand” estime notre témoin anonyme. “Les agents allaient et venaient déjà lors de la première vague et cela n’avait pas posé de problèmes majeurs” tempère Claudine Coupienne.
Décompte
“Dans l’ensemble des prisons belges, 146 détenus ont été testés positifs depuis le 13 mars. 58 d’entre eux sont encore infectés. Sur une population totale de 10.700 détenus, cela n’est pas plus que le miroir des contaminations à l’extérieur des murs de la prison” nous a renseigné le SPF Justice mardi.
À Marneffe, 15 contaminations ont été enregistrées.
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