Des trains réduits aux heures de pointe alors que le Covid-19 sévit: “On était les uns sur les autres”
InterviewLe nombre de contaminations au Covid-19 et d’hospitalisations qui en découlent augmentent un peu partout en Europe. Y compris en Belgique. Les employeurs et les syndicats ont déjà convenu de généraliser le télétravail pour limiter les déplacements et par conséquent, les regroupements. Pourtant, un sérieux problème se pose dans les trains.
Malik Hadrich
“C’est normal de remplacer un train long à double étage par quelques voitures d’un train omnibus en pleine heure de pointe avec la hausse des chiffres Covid?” Cette question a été posée mardi par une usagère, Justine, à la Société Nationale des Chemins de fer Belges (SNCB) sur Twitter. Réponse de la SNCB: “La composition du train a été réduite suite à une indisponibilité de matériel”.
La ligne concernée était celle qui reliait Bruxelles-Midi à Charleroi-Sud à 17 heures 45. “Je comprends qu’il peut y avoir des problèmes techniques, mais là, on était les uns sur les autres. Pas l’idéal avec les chiffres Covid!” a ajouté Justine.
Inquiétude partagée
Il ne s’agit d’ailleurs pas d'un cas isolé. Et l’inquiétude de Justine est partagée par pas mal de voyageurs. Le jeudi 4 novembre 2021, Maxime écrivait sur Twitter: “Du coup, la SNCB, y’a plus le Covid? Y’a deux voitures sur un train et les gens sont collés aux portes. Comment on fait pour la distanciation sociale? Il est huit heures, hein. Ce n'est pas comme si c’était l’heure de pointe”.
Cette fois, il s’agissait d'un train qui partait de Charleroi-Ouest un peu avant neuf heures pour rejoindre Ottignies. “Le souci de suroccupation a été remonté. Il n’est malheureusement pas impossible que les vacances scolaires et la destination de Bierges-Walibi ait un impact sur l’occupation” a expliqué la SNCB.
Bis repetita
Le hic, c’est que le même souci s’est représenté sur le même trajet mercredi. Et Thibaut n’a pas manqué de le faire remarquer: “À nouveau le même problème actuellement, mercredi après-midi, 13 heures 25, (fin des cours pour une majorité), une seule voiture, le train est déjà complet alors qu’on est à Ottignies”. En effet, cette ligne est empruntée par de nombreux étudiant(e)s de Louvain-la-Neuve.
La justification de la SNCB est identique à celle apportée pour la liaison entre Bruxelles-Midi et Charleroi-Sud: “Le train S61 4563 roule malheureusement avec une composition déforcée de moitié suite à une indisponibilité du matériel prévu”.
Autres exemples
Le 4 novembre 2021 de nouveau. Thomas interpellait le service public: “À 15 dans le sas du wagon... Moi qui pensais voyager tranquillement en période de vacances. SNCB, arrête d’organiser les gens debout avec de vieux trains qui compte la moitié de places assises! Ha oui, les wagons non ouvrables, ça ne sert à rien!” Le passager avait pris le train de sept heures et demie à Gembloux (“Avec sept minutes de retard”) en direction d’Ottignies.
Il ne faut pas chercher très longtemps pour trouver d’autres témoignages. Pas plus tard qu’aujourd’hui, Melvyn indique: “IC Namur-Mons, trois wagons au lieu de six. IC Mons-Namur, six au lieu de neuf”. Mais nous allons nous arrêtez là, car les remarques récoltées dans cet article suffisent à rendre compte de la difficulté.
Pourquoi?
Alors, comment de telles situations peuvent-elles survenir? La porte-parole Marianne Hiernaux de la SNCB nous donne quelques éléments de réponse: “La SNCB fait rouler 3.700 trains par jour sur le réseau. Comme tous les trains fort fréquentés sur notre réseau, ce train (NDLR. entre Bruxelles-Midi et Charleroi-Sud), comme d’autres, font l’objet d’un suivi quotidien afin que nous puissions réagir rapidement si des suroccupations ponctuelles devenaient structurelles. Le retrait de voitures s’explique par diverses raisons de la panne ou le problème technique du matériel en passant par le soutien sur une autre voie ou ligne où un train doit être supprimé.
Lorsqu’une voiture a un problème technique, elle ne peut pas être retirée de façon simple et mise sur le côté.
Marianne Hiernaux, Porte-parole de la SNCB
Lorsqu’une voiture a un problème technique, elle ne peut pas être retirée de façon simple et mise sur le côté. Elle doit parfois être remorquée, parfois avec d’autres voitures si elles sont liées et transportée sur une voie secondaire. Ceci en évitant de perturber davantage le trafic. Ces choix sont opérés par des experts du secteur ferroviaire qui vérifient la faisabilité technique des opérations de manœuvre ou de remorquage, mais aussi le nombre de personnes impactées par ces changements”.
Le remplacement des wagons est visiblement aussi une opération délicate à effectuer: “Quant à la mise à disposition de voitures complémentaires, elle dépend de plusieurs facteurs: le retard que les manœuvres peuvent engendrer sur les trains suivants, la disponibilité du matériel et du personnel au bon endroit, l’endroit sur le réseau où la manœuvre devrait s’effectuer. Nous comprenons que ces situations peuvent perturber le trajet des voyageurs”.
Mesures préventives
Le port du masque buccal, lui, est obligatoire dans les espaces intérieurs de la gare, les quais couverts, les parkings pour voiture et vélo… D’après le site web de l’entreprise ferroviaire, des contrôles réguliers sont assurés par les agents de sécurité de Securail et les services de police.
Moyens financiers
Il n’empêche qu’à l’heure de la conférence sur le changement climatique (COP 26) à Glasgow (Écosse), ces réductions de capacité régulières ne constituent pas vraiment un plaidoyer pour l’abandon de la voiture.
En séance plénière du 21 octobre dernier à la Chambre des Représentants, le Ministre fédérale de la Mobilité, Georges Gilkinet (Écolo), déclarait: “ Depuis le début de la législature, en plus de la dotation ordinaire, 1,510 milliard d’euros supplémentaires seront d’ores et déjà injectés dans le rail belge à mon initiative d’ici à 2024". 365 millions d’euros provenant de fonds européen sont destinés à la modernisation, la digitalisation et au renforcement du réseau. Des moyens que l’écologiste qualifie lui-même d’utiles, mais aussi d’insuffisants.