Deux démissions au PS de Courcelles: “Ce fut l’épreuve de trop... Émotionnellement et éthiquement”
InterviewsEn décembre dernier, la conseillère communale socialiste, Catherine Cassivelan, s’est éteinte à l’âge de 55 ans des suites d’une longue maladie. La disparue avait suscité une foule d’hommages sur les réseaux sociaux. Deux de ses amies proches étaient Valérie Ancia et Carine Preudhomme. Ensemble, elles formaient un trio inséparable au sein du Parti Socialiste (PS) de Courcelles.
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Valérie Ancia et Carine Preudhomme ont remis leur démission au PS de Courcelles. Elles siègeront désormais en tant qu’indépendantes au Conseil Communal. La goutte qui a fait déborder le vase a trait au décès de leur amie, Catherine Cassivelan. C’est ce qu’elles font comprendre dans leur communiqué de presse: “Le non-respect de son départ nous a bouleversées. En effet, quelle déception et tristesse de découvrir que notre cheffe de file (NDLR. Laurence Meire) était plus préoccupée par l’avenir de son groupe politique, que de la perte d’une de ses camarades!”
Une heure seulement après la perte de leur être cher, Laurence Meire aurait pris contact avec la Directrice Générale (DG) de la commune pour prendre les mesures nécessaires à son remplacement. “Sans compter que le lendemain vers 16 heures, le remplaçant était contacté par téléphone pour l’avertir de sa nomination imminente!” détaille le communiqué.
“Ce n’est pas tout... Alors que nous étions en train de nous recueillir lors de l’enterrement de notre amie, c’est-à-dire le jour de ses obsèques, un e-mail nous est parvenu en mentionnant le remplacement de celle-ci et ce, durant les funérailles. Ce fut l’épreuve de trop pour nous... Émotionnellement et éthiquement... Ce manque, cette absence d’humanité, d’empathie, de respect pour notre amie qui croyait profondément aux valeurs de solidarité sont inacceptables! Personne ne peut tolérer cet acte déplacé.”
CDLD
Laurence Meire n’a pas répondu à notre appel. Par contre, le porte-parole de la Fédération PS de Charleroi, Maxime Hardy, nous a rappelé: “Nous regrettons sincèrement que cette situation soit instrumentalisée. Catherine (NDLR. Cassivelan) était une personne de gauche qui était très appréciée. Son engagement a toujours été remarquable. Malheureusement, nous ne maîtrisons pas le timing dans ce genre d’événements tragiques. Si la question du remplacement est mis à l’ordre du jour du conseil communal suivant, le Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation impose d’y donner suite.
Je sais que l’entourage de Catherine n’apprécie pas cette polémique.
Plusieurs réunions et échanges ont donc été convenus avec le candidat qui devait succéder à Catherine. L’e-mail qui a annoncé la décision officielle servait à informer tous les élus. C’était un moment douloureux, triste et cela nous a touché. Mais il n’y a eu aucune volonté de ne pas respecter le décès de quelqu’un. Je sais que l’entourage de Catherine n’apprécie pas cette polémique. Et je ne pense pas non plus qu’elle apprécierait.”
Report non demandé
Pour Valérie Ancia et Carine Preudhomme, “il n’y avait pas d’obligation légale à se précipiter, en respect du Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation. Un conseiller qui décède est remplacé au plus proche conseil... Nous avons aussi appris, qu’il était même possible pour le groupe socialiste de demander par écrit, un délai plus long pour pourvoir au remplacement, en vertu des circonstances... Cela n’a pas été fait et n’a pas voulu être fait.”
Maxime Hardy reconnaît qu’il aurait été possible de reporter la nomination, mais “cela devait résulter d’une décision du Collège Communal”. Pour information, le PS n’y siège pas puisqu’il est relégué dans l’opposition. Nous avons eu beau fouiller dans le Code de la Démocratie Locale et de la Décentralisation (CDLD), nous n’avons pas trouvé trace de cette éventualité. Par contre, il semble logique que ce soit le parti impacté par un décès qui fasse la demande du report d’une nomination le concernant.
Mésentente
Quoi qu’il en soit, la mésentente entre les deux élues courcelloises et Laurence Meire ne date pas d’hier. “Cela fait bien un an que nous pensons à remettre notre démission” témoigne Valérie Ancia. “Nous y avons réfléchi, mais nous n’avons pas voulu mettre à mal Catherine. Elle travaillait chez Solidaris et elle en était fière. Elle ne voulait pas renoncer à son job là-bas.” Solidaris est la mutualité socialiste.
“Nous n’étions pas toujours d’accord (souvent même) avec les décisions prises par notre cheffe de file, Laurence Meire. Nous n’avons jamais ressenti que nous étions totalement intégrées dans le groupe. Nous sommes nouvelles en politique et un peu propulsées comme ça au-devant de la scène du jour au lendemain. Il y a un malaise dans la section et les langues se délient… Nous avons appris, il n’y a pas longtemps que les dés étaient pipés dès le départ et que les jetons de présence étaient déjà distribués avant même que les élections ne débutent. Jetons de présence? Nous ne savions même pas ce que cela représentait, nous nous engagions pour la population. Nous n’y sommes pas attachées comme d’autres le sont” écrivent les deux femmes dans leur communiqué de presse.
Jetons de présence
Les conseillers communaux reçoivent pourtant des jetons de présence. Mais il est vrai que les présences aux Conseils d’Administration (CA) d’organismes publics tels que le Centre Public d’Action Sociale (CPAS) en valent plus.
“Le Parti Socialiste choisit ses administrateurs en fonction de leurs connaissances en la matière. Dans le milieu de la santé, nous privilégierons, par exemple, quelqu’un qui y a déjà vécu une expérience” argumente Maxime Hardy.
Manque d’écoute
Mais les deux compères n’en restent pas là: “La patience fut de rigueur pendant ces deux années passées, malgré le fait que nous n’étions pas entendues ni écoutées par Laurence Meire notre cheffe, aux mesures et aux idées bien arrêtées. Nous étions trois personnes soudées, motivées, impliquées, mais profondément déçues. Notre cheffe de file dirige un petit groupe qui acquiesce sans broncher, mais ne supporte pas les interventions qui pouvaient ouvrir à la réflexion constructive et c’est très frustrant quand on fait partie d’une formation politique démocratique. Il faut savoir qu’avant d’être une personnalité publique, nous étions, de par notre travail et nos activités, des personnes très populaires. Cela nous était également reproché. N’est-il pas indispensable de rester soi-même, avec les réalités vécues par chacune et chacun?”
Sur ce point, le porte-parole de la Fédération PS de Charleroi estime que les structures du parti offraient pourtant des assurances par rapport à leurs doléances: “Des débats se déroulent au sein de nos instances publiques avant qu’une position commune ne soit adoptée. Des réunions de groupe ont lieu régulièrement. Dans toutes les organisations démocratiques, cela se passe comme ça. Je prends acte de leur sentiment, mais la majorité de nos membres ne la partagent pas. Elles avaient également la possibilité de déposer des réclamations. Elles ne l’ont jamais fait.”
Valeurs socialistes
Aujourd’hui, Valérie Ancia et Carine Preudhomme disent pourtant toujours défendre les valeurs socialistes: “Nous voulons insister sur le fait que nous restons en total bon accord avec les valeurs qui nous ont motivées à nous inscrire dans notre engagement politique: celle de représenter le citoyen avec, au cœur de notre action, la solidarité, la fraternité, l'égalité, la justice et la liberté! Celle de construire une société plus juste et plus humaine, où l'intérêt général prime sur les intérêts individualistes. Aujourd'hui, la nécessité de défendre certaines valeurs reste d'une évidente actualité.
Nous ne retrouvons pas ces valeurs dans le fonctionnement de la section locale du PS courcellois
Or, nous ne retrouvons pas ces valeurs dans le fonctionnement de la section locale du PS courcellois et nous ne pouvons poursuivre notre engagement dans des conditions qui nous forceraient à mentir aux personnes qui nous ont accordé leur confiance. Depuis des mois, nous en souffrons et avons pris le temps de la réflexion pour être en phase avec nos valeurs, nos personnalités, les femmes et les hommes que nous devons représenter et servir. Pour poursuivre sur la bonne voie, celle de la transparence, de la liberté, de la sincérité et de la cohérence.”
Futur
C’est pourquoi elles ne renoncent pas à leur mandat: “Nous sommes décidées à siéger comme indépendantes, pour rompre les chaînes imposées qui nous enferment dans une politique que nous ne souhaitions pas. Nous voulons être constructives, critiques mais constructives car pour nous, ce qui compte, ce sont les citoyens, leurs difficultés, leurs attentes, de participer concrètement au présent et au futur de Courcelles.
Nous voulons montrer à nos électeurs que nous voulons travailler dans le calme et la sérénité pour nos citoyens et notre commune.
Nous voulons, par le fait de siéger comme indépendantes, montrer à nos électeurs que nous voulons travailler dans le calme et la sérénité pour nos citoyens et notre commune. Prendre des décisions concrètes, en notre âme et conscience et non celles de vouloir à tout prix aller à l’encontre de tout, même des actions qui nous semblent bonnes, entreprises par quiconque, juste par intérêt personnel ou politique, en blasphémant tous les projets mis en place. (Les exemples sont nombreux: le port du masque, le concours ‘Le Noël des animaux’ etc.)”
Lors des élections communales de 2018, Valérie Ancia avait récolté 409 voix de préférence pour 311 à Carine Preudhomme. Soit respectivement le sixième et le dixième score de la liste PS à Courcelles.
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