Du parking gratuit encore en moins au centre-ville de Charleroi: “La politique du ‘Marche ou paie’”

Les places gratuites de stationnement sous le petit Ring de Charleroi (R9) du côté de la tour FGTB et celles en face de la piscine de l’Hélios vont être privatisées. Elles profiteront au moins temporairement aux travailleurs du secteur public. C’est ce qu’a décidé le Conseil Communal carolo.

Mais ce choix n’a pas fait l’unanimité. Le Mouvement Réformateur (MR) a notamment marqué son opposition. “Même si le stationnement ne représente qu’une centaine d’euros pour les abonnés, c’est beaucoup pour certains. On voit d’ailleurs à l’affluence des dossiers qui viennent devant la justice de paix que le stationnement payant représente véritablement une difficulté pour le portefeuille de pas mal de citoyens carolos. En ce compris, ceux qui y travaillent” fait savoir son chef de file qui est avocat de profession, Nicolas Tzanetatos.

“Je sais qu’on est pour le ‘rien à la voiture’ contrairement au ‘tout à la voiture’. Je pense qu’il n’y a aucun parti au sein de cette assemblée qui est pour ‘le tout à la voiture’. Si les transports en commun peuvent être utilisés, utilisons-les! Mais il y a des situations personnelles qui rendent impossible l’utilisation des transports en commun. Quand on a beaucoup d’enfants, quand on a plusieurs trajets à faire sur une même journée, quand on a des heures qui sortent du cadre ‘secure’ des transports en commun... Les personnes qui rentrent tard, je leur déconseille vraiment de prendre le métro et parfois même le bus. Et même si c’est difficile à reconnaître, on doit pouvoir avoir l’honnêteté de le dire”.

L’Échevin de la Mobilité et de la Sécurité Routière, Xavier Desgain (Écolo), fait une mise au point: “Je rappelle que le dispositif de stationnement payant, c’est d’abord un dispositif qui vise, sur l’espace public, à améliorer le taux de rotation des places de stationnement. Et pour reporter le stationnement de plus longue durée en périphérie ou dans du stationnement en ouvrage. (...) Ensuite, Monsieur Tzanetatos, vous dites que c’est coûteux pour les automobilistes. Je rappellerai simplement que l’abonnement de 120 euros par an, c’est par rapport aux grandes villes du pays, le dispositif qui est largement le moins cher de toutes les villes.

D’autres villes n’ont même pas de dispositif d’abonnement disponible pour leurs habitants ou pour les gens qui viennent se rendre dans leur ville. Et le coût des transports en commun est très compétitif à Charleroi. Je rappelle toujours que pour la moitié des habitants de la ville, dès qu’ils se déplacent au sein de la ville en voiture au-delà d'un kilomètre par jour, le TEC (NDLR. Transport En Commun) est moins cher. Pour l’autre moitié des Carolos, c’est à partir de trois kilomètres par jour en voiture dans le centre-ville.

(...) Par rapport à vos inquiétudes sur la sécurité, je pense très franchement que le fait que la Ville de Charleroi récupère la gestion et l’organisation de l’espace public sous les infrastructures du Ring, ça nous permettra justement d’avoir une meilleure sécurisation de ces espaces pour les usagers qui les utilisent”.

Cependant, le Parti du Travail de Belgique (PTB) exprime également des critiques sur ces parkings gratuits qui vont disparaître. Sa cheffe de file, Pauline Boninsegna, explique sur sa page Facebook officielle: “C’est une bonne nouvelle en soi puisqu’ils bénéficieront aux travailleurs des services publics. (...) ‘Mais qu’en est-il des autres travailleurs?’ Les professeurs, les employés, les aides ménagères, les Accueillants Temps Libre, et j’en passe, qui n’ont pas d’abonnement payé par l’employeur? Les conseils communaux se succèdent et l’Échevin de la Mobilité n’a toujours pas apporté de réponse à cette question. C’est la politique du ‘Marche ou paie’: soit tu as les moyens de payer le parking payant, soit tu te débrouilles avec les moyens du bord”.

En réponse, Xavier Desgain souligne les différentes solutions actuelles et futures: “Le stationnement gratuit, il existe déjà et il va s’étendre dans les parkings P+R (NDLR. des parkings relais) situés en entrée de ville et connectés directement aux grands axes structurants de transports en commun sur le territoire de la Ville. Que ça soit les gares SNCB, les lignes du BHNS (NDLR. Bus à Haut Niveau de Service), les lignes existantes du métro et la future ligne du M3/M5 et potentiellement, avec le Plan Urbain de Mobilité en cours d’élaboration sur d’autres lignes structurantes qui seront identifiées sur le territoire communal.

(...) Avec une organisation où les horaires de transports en commun sur les lignes structurantes sont suffisamment développés pour permettre au public le plus large qui vient travailler dans le centre-ville de pouvoir y arriver sans recourir à la voiture. (...) On réserve évidemment dans le centre-ville (...) des places de stationnement pour les Personnes à Mobilité Réduite. On triple leur nombre. Les emplacements sont matérialisés aujourd’hui et ils sont toujours gratuits”.

Mais ces arguments n’auront pas convaincu Pauline Boninsegna: “La réponse est un peu à côté de la plaque. Ce qu’on entend dans les témoignages des travailleurs carolos, c’est que bien souvent, il n’y a pas d’abonnement pour les transports en commun. En général, l’employeur rembourse au kilomètre la voiture qui est souvent bien nécessaire”.

Par conséquent, le PTB carolo continuera de mener des actions de protestation à ce sujet. Il a d’ailleurs lancé une pétition contre le stationnement payant le 9 juin dernier. Jusqu’à présent, elle a récolté 1.621 signatures.

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