Elke Van den Brandt: “Les cyclistes et les piétons sont les meilleurs alliés des automobilistes”
InterviewEn héritant de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière, Elke Van den Brandt (Groen) savait qu’elle récupérait les portefeuilles ministériels parmi les plus compliqués du gouvernement bruxellois. Accusée par certains de mettre en place une politique anti-voitures dans la capitale, la native d’Anvers répond aux critiques et défend son action au sein de l’exécutif régional, en présentant ses projets pour l’avenir. “Bruxelles est en train de changer”, nous assure-t-elle à la veille du dimanche sans voiture.
Deux ans après votre entrée en fonction, quel bilan tirez-vous de votre action au sein du gouvernement bruxellois?
Elke Van den Brandt: Qu’il y a beaucoup de potentiel à Bruxelles. Rendre les rues plus sûres, plus conviviales et plus vertes est possible. Et nous le faisons. Et que nous avons encore beaucoup de travail à faire. S’il vous plait, laissez-moi encore travailler dur pendant trois ans!
Quels sont les grands chantiers à venir en termes de mobilité et de travaux publics d’ici la fin de la législature?
Il y a de nombreux chantiers qui arrivent! Par exemple, la place Schuman va être refaite et verdurisée pour offrir à la fois au riverain, un endroit plus agréable, et à Bruxelles une place de capitale européenne au pied des institutions. La Toison d’Or va aussi se transformer en avenue commerçante agréable. Elle sera beaucoup plus piétonne, plus verte, plus agréable pour faire ses courses et se balader. La rénovation de la petite ceinture avance aussi très bien. On termine les chaînons manquants. La place Sainctelette, où le pont va devenir beaucoup plus large avec la création d’un vrai espace de vie. Et plus sûr à pied et à vélo, mais aussi plus vert.
Il y aura aussi des chantiers moins iconiques, car au cœur des quartiers mais qui vont vraiment changer la vie des habitants. Comme vous le savez, notre plan de mobilité Good Move envisage Bruxelles en 50 quartiers. Le but est d’aménager cinq quartiers par an pendant dix ans. L’objectif est de concentrer la circulation automobile sur les grands axes en limitant le trafic de transit dans les quartiers. Avec l’espace gagné dans les quartiers, nous allons créer des espaces publics de qualité, aménager des places avec des terrasses, créer des petits parcs, mettre des bancs, verduriser…. La place Fernand Cocq est un bon exemple de ce que nous voulons faire au cœur de ces quartiers apaisés.
En termes de mobilité, en plus des cinq nouvelles lignes de bus du plan bus, on travaille sur six nouvelles lignes de trams et notamment la prolongation du tram 9 vers le Heysel, le tram vers Neder-over-Heembeek et la ligne vers Tour & Taxis. N’oublions pas la nouvelle ligne de métro 3, qui est en train d’être creusée. Partout, la STIB s’adapte à notre Bruxelles qui change et connecte des nouveaux quartiers de manière plus efficace aux transports publics. Il s’agit de budgets régionaux immenses. Un milliard d’euros rien que pour cette année mais le gouvernement bruxellois prend ses responsabilités. Si on veut une ville agréable, on doit travailler sur notre mobilité et offrir des alternatives à nos habitant(e)s et nos visiteurs/euses.
Lire la suite ci-dessous
“Mon objectif est de rendre la ville accessible à un enfant de 12 ans à pied, à vélo ou en transports publics. Qu’il ou elle puisse se balader partout en toute sécurité.”
Pour les itinéraires piétons et cyclables, on travaille aussi très dur. En créant un peu partout de nouvelles voies. Par exemple, deux nouvelles passerelles sur le canal (Van praet et de Trooz) vont s’ajouter aux trois installées cette année et cela va finaliser complètement les itinéraires cyclables sur le canal.
Enfin, et c’est peut-être le plus important pour moi, nous travaillons d’arrache-pied pour améliorer la sécurité routière au quotidien. Nous nous attaquons ainsi de manière systématique aux ZACAS, les zones accidentogènes. Mon objectif est de rendre la ville accessible à un enfant de 12 ans à pied, à vélo ou en transports publics. Qu’il ou elle puisse se balader partout en toute sécurité. Or, si un carrefour de son itinéraire est dangereux, c’est tout le trajet qui est dangereux. Alors, au boulot!
Le gros changement jusqu’à présent fut sans conteste le passage à la Ville 30. Si les automobilistes respectaient la limitation lors de son introduction en janvier, on constate en circulant dans les rues de Bruxelles que c’est désormais loin d’être le cas. Faut-il davantage de répression?
Il faut être très prudent avec les chiffres et il y a encore du travail mais on voit que depuis l’instauration de la Ville 30 en janvier, la vitesse moyenne a diminué d’environ 10%, y compris sur les axes qui sont restés à 50. Je remercie d’ailleurs tous les automobilistes qui respectent les limitations de vitesse. Ils rendent Bruxelles plus sûre! Pour ce qui est de la répression, c’est en effet nécessaire pour une minorité de chauffards et nous y travaillons. Nous sommes en train d’installer un peu partout des radars préventifs avec les communes et des radars répressifs avec les zones de police. Par exemple, douze nouveaux radars supplémentaires arriveront dans les prochaines semaines. En plus, la création du nouveau parquet national de police annoncée récemment par le ministre de la Justice va permettre progressivement une réduction drastique de la tolérance à l’égard des excès de vitesse.
Ce dimanche, Bruxelles sera entièrement libérée du trafic automobile. Peut-on imaginer davantage de journées sans voiture à l’avenir?
Le dimanche sans voiture est vraiment une fête pour tous les Bruxellois. Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir ces jours de fête supplémentaires. Évidement, je suis partante pour cela! En plus, il faut investir chaque jour pour que Bruxelles devienne de plus en plus apaisée au quotidien.
Le vélo a le vent en poupe dans la capitale depuis plusieurs années. Revers de la médaille, la cohabitation n’est pas toujours simple entre cyclistes et automobilistes. Les seconds accusant parfois les premiers de ne pas respecter le code de la route et estiment qu’il faudrait instaurer un permis vélo et/ou le retour de l’immatriculation des vélos. Une bonne idée?
La base d’une bonne cohabitation est que chacun puisse avoir son espace sur la route: piétons, cyclistes, transport public et automobilistes. C’est ce que nous essayons de mettre en place. Sur la petite ceinture, chacun a son espace clair, c’est rassurant pour tous les modes et on constate que les conflits ont disparu. D’ailleurs, le cycliste, le piéton(ne) est le meilleur allié de l’automobiliste: il n’est pas devant lui dans l’embouteillage et il n’est pas en compétition pour sa place de parking. Je sais que l’on accuse les automobilistes et les cyclistes de tous les maux mais l’immense majorité des usagers de la route sont respectueux et attentifs aux autres.
“Moi, une anti-bagnoles? C’est ne rien faire qui est anti-bagnoles!”
Vous avez reçu plusieurs prix internationaux cette année (promotion du vélo, sécurité routière et apaisement de l’espace public). Qu’est-ce que cela représente pour vous?
Je suis fière, bien sûr. Mais ma plus grande fierté, c’est quand je vois que nos pistes cyclables sont maintenant utilisées par des personnes à mobilité réduite ou des enfants. Là je me dis: ‘Grâce au travail sans relâche des associations de terrain, de Bruxelles Mobilité et de mes prédécesseurs, Bruxelles change!’.
Vos détracteurs vous accusent de favoriser le développement de la mobilité douce, sans pour autant apporter de solution aux automobilistes. L’exemple du pont Fraiteur à Ixelles est symptomatique du ras-le-bol de nombreux automobilistes. Que leur répondez-vous? Êtes-vous vraiment une “anti-bagnoles” ?
C’est ne rien faire qui est anti-bagnoles! On ne peut pas continuer à faire la même chose et penser que le trafic va s’améliorer. On doit offrir des alternatives aux gens pour qu’ils puissent se déplacer à pied, à vélo, avec les transports publics. Pour que ceux qui n’ont pas d’alternative à la voiture puissent l’utiliser sans perdre leur temps. C’est ce que propose notre plan Good Move: des alternatives fiables et confortables. Bruxelles investit massivement dans ses transports publics. On travaille sur un réseau cyclable sûr accessible à toutes et tous et des itinéraires piétons confortables. Et dans tous les quartiers, il y a des bornes de voitures et de vélos partagés. Petit à petit, prendre sa voiture deviendra de moins en moins nécessaire et la route sera libérée pour ceux qui n’ont pas le choix. On le voit déjà à Bruxelles, où 53% des ménages n’ont pas de voitures.
Le projet de taxe kilométrique est fortement contesté par les deux autres régions et a été récemment descendu par la Ligue des familles. Ce projet verra-t-il tout de même le jour à Bruxelles?
Actuellement, on attend l’avis du Conseil d’État. Il va nous dire si Bruxelles peut avancer, et si oui, dans quelles conditions. Politiquement, on voit qu’en deux ans, l’opinion a déjà changé à propos de Smartmove (le nom du projet bruxellois de taxe kilométrique, NDLR). La Flandre, par exemple, maintenant dit “Oui, mais laissez-nous un peu de temps”. Le Voka, le réseau d’entreprises flamand, y est favorable, affirmant que c’est la solution la plus efficace aux embouteillages. Ils se sont rendu compte que ce n’est pas une taxe en plus. On paye déjà tous qu’on roule ou non. Ici, c’est un changement en profondeur du système: on payera uniquement quand on roule. On sera donc encouragé à utiliser des alternatives quand c’est possible. Sur le fond, à Bruxelles, vous le savez, il y a urgence. Notre qualité de l’air est catastrophique, et que de temps et d’argent perdu dans les embouteillages. Et aussi, d’un point de vue social, ce n’est pas juste. On voit que les quartiers qui souffrent de la mauvaise qualité de l’air sont les quartiers où les gens sont les plus pauvres. Des quartiers ou la plupart des gens n’ont pas de voiture. Nous n’avons pas le luxe d’attendre encore cinq ans, nous devons trouver des solutions!
Gratis onbeperkt toegang tot Showbytes? Dat kan!
Log in of maak een account aan en mis niks meer van de sterren.Aussi dans l'actualité
-
Elke Van den Brandt reçoit un prix de la promotion du vélo à Lisbonne
La ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt, a reçu jeudi le prix de la promotion du vélo décerné par l’Ambassade cycliste du Danemark, à l’occasion de la conférence Vélo-city, à Lisbonne. Ce prix récompense des personnes qui ont fait preuve de leadership dans le domaine de la promotion du vélo et qui ont pris des décisions remarquables pour renforcer le rôle du vélo dans la mobilité. -
Independer
Les vols de voiture ont diminué de près de 20 pour cent : nos assurances sont-elles pour autant moins chères ?
Le nombre de vols de voiture en Belgique est en baisse depuis un certain temps. Les chiffres de la police fédérale le prouvent. Au cours du premier semestre 2021, le nombre de voitures volées a diminué de 19,2 pour cent par rapport à l’année précédente. Cela veut-il dire que nous paierons moins pour notre assurance auto ? « Oui », affirme Serge Jacobs d’Ethias à Independer.be. « Mais il y a un grand mais. » -
Monenergie.be
6 tuyaux pour consommer moins d'énergie au printemps
Au début du printemps, la consommation énergétique d’un ménage moyen est réduite considérablement. Compte tenu des prix élevés sur le marché de l’électricité et du gaz naturel, ceci n’est pas un luxe superflu. Ci-dessous, Monenergie.be vous donne quelques tuyaux pour réduire davantage votre consommation énergétique. -
mise à jour
Le programme de la Semaine de la mobilité en Wallonie et à Bruxelles
La Semaine de la mobilité 2021 débute jeudi sous le thème de l'intermodalité, annonce lundi le Service public de Wallonie. Du 16 au 22 septembre les modes de déplacement alternatifs à la voiture individuelle, comme le vélo, les transports en commun ou le covoiturage, seront mis à l'honneur. À Bruxelles, la marche en ville sera au centre de la Semaine de la mobilité. -
À Bruxelles, le nombre d'accidentés graves et de morts a baissé de 25% depuis la zone 30
Le 1er janvier dernier, la capitale généralisait une vitesse limitée à 30 km/h sur son réseau routier, sauf exceptions. Une mesure qui a permis de réduire d'un quart le nombre de blessés graves et de morts sur les routes bruxelloises, s'est réjouie mardi Bruxelles Mobilité dans un bilan portant sur les six premiers mois d'application de la Ville 30. Les nuisances sonores dues au trafic ont également diminué.
-
Bruxelles
L’avenue Charles Quint, l’une des entrées principales dans Bruxelles, va changer de visage
La Région bruxelloise a l’intention de réaménager complètement l’avenue Charles Quint, l’une des entrées principales dans la capitale pour les navetteurs. Mais avant de lancer les premiers coups de pelle, les riverains sont invités à se prononcer sur le futur de leur avenue. Les résultats de l’enquête de l'exécutif bruxellois serviront de base aux ateliers participatifs qui se tiendront cet automne. -
Bruxelles inaugure en fanfare deux passerelles cyclo-piétonnes au-dessus du canal
Deux nouvelles passerelles au-dessus du canal Bruxelles-Charleroi, reliant la commune de Molenbeek et la ville de Bruxelles, ont été inaugurées samedi. Les nouvelles infrastructures, à hauteur de la station de métro Comte de Flandre pour l'une et du musée Mima et de la porte de Ninove pour l'autre, faciliteront le passage du canal pour les adeptes d'une mobilité douce. -
La fin d’un parking à ciel ouvert: la place Van Meenen à Saint-Gilles va devenir piétonne
La place Maurice Van Meenen devant la maison communale de Saint-Gilles va devenir complètement piétonne, rapporte le média bruxellois Bruzz.