Erika Vlieghe: “Il n’y a pas de plan solide pour une nouvelle vague”
mise à jourL’infectiologue Erika Vlieghe a fait part vendredi devant la commission spéciale Covid de la Chambre de ses craintes de voir une nouvelle vague de l’épidémie de coronavirus déferler sur la Belgique. Selon elle, “il n’y a pas de plan solide”.
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L’ancienne présidente du Gees, le groupe de travail chargé de la stratégie de déconfinement lors de la première vague, a appelé à ce que la Belgique soit capable de prendre rapidement des mesures en cas de nouvelle vague. “Nous pouvons prendre exemple sur la Défense”, a-t-elle illustré. Selon elle, il doit y avoir en permanence un stock stratégique, des dispositifs médicaux et des médicaments ainsi qu’un plan générique pour mettre en place rapidement les centres de triage et le traçage des contacts à grande échelle.
Selon Mme Vlieghe, “il faut une sorte de structure formelle permanente dédiée, avec une équipe qui ne fait que cela.”
“Le fait que je sois associée au nouveau déconfinement permet un retour d’expérience. Le premier déconfinement a été trop rapide”, a-t-elle estimé.
Selon elle, il sera nécessaire de phaser davantage, confirmant l’importance d’atteindre le seuil fixé par les autorités de 75 hospitalisations quotidiennes et de 800 nouvelles contaminations par jour avant de relâcher les restrictions. “Les grands événements restent un sérieux problème, y compris dans les mois à venir”, a-t-elle ainsi prévenu. “C’est seulement quand la population sera vaccinée qu’il y aura un avenir pour ce secteur.”
Elle a intégré l’équipe du commissaire corona Pedro Facon
Mme Vlieghe a réitéré son souhait de voir les avis scientifiques rendus publics. “On voulait négocier les avis” lors du premier confinement, a-t-elle raconté, citant l’exemple d’une demande d’élargir la bulle à 50 personnes “parce qu’on ne parvenait plus à louer les gîtes d’une telle capacité”.
“Moi, j’étais là pour présenter les avis. C’est au politique de négocier. On nous a associé à des décisions que nous n’avions pas prises et qui étaient différentes de nos recommandations. A un moment, j’ai compris qu’on m’utilisait comme excuse. Et j’ai donc décidé de ne plus assister à ces conseils (Conseil national de Sécurité ou comité de concertation)”. Erika Vlieghe a ainsi indiqué avoir eu une explication en ce sens avec le ministre-président flamand Jan Jambon. “Un avis est un avis. La politique, c’est la politique, d’où mon intention de plaider pour la transparence totale des avis.”
Erika Vlieghe a travaillé pour un premier comité scientifique, avant de siéger au sein de la cellule d'évaluation fédérale (Celeval) et de présider le Gees. Elle a désormais intégré l'équipe du commissaire corona Pedro Facon, pour lequel elle travaille à 60%. “C’est la première fois que je dispose d'un contrat”, a-t-elle d'ailleurs fait remarquer.
“Pas de cadre clair”
Pendant la première vague, “il n'y a jamais eu de mandat vraiment écrit ni de mode opératoire clair. Ce fut une pierre d'achoppement pour les organes d'avis”, a constaté Erika Vlieghe. "Ce comité scientifique était une bonne idée. Nous avons fait de notre mieux mais ce n'était pas clair. Lorsque vous impliquez des externes dans une politique, il faut que le cadre dans lequel ils travaillent le soit", a-t-elle suggéré.
Selon elle, les difficultés vécues lors de la première vague de la pandémie étaient davantage dues à la structure de décision qu'à la mauvaise volonté des acteurs autour de la table. Erika Vlieghe a ainsi salué le “good will” (bonne volonté) des différents intervenants.
“Avec tous ces organes, on avait compris qu’on se dispersait un peu”
“Mais avec tous ces organes, on avait compris qu'on se dispersait un peu. Personne n’était heureux de cet éparpillement. Depuis lors, un nouveau commissariat a été créé, dont une de ses missions est de rationaliser. Ce travail est toujours en cours”.
Et au niveau politique, “huit ministres de la Santé, ce n'est pas efficace, malgré toute la bonne volonté. Il faut un capitaine qui décide du cap. Ça a manqué”, a-t-elle déploré, se refusant à pointer un ministre ou un niveau de pouvoir en particulier.
Erika Vieghe choquée par certaines communications de Maggie De Block
“L’éparpillement des compétences santé, le nombre de ministres, les tiraillements et les discussions sans fin entre niveaux de pouvoir ont été un 'killing factor' dans l'épidémie”, a-t-elle dit.
Au début de la pandémie, “je n'ai pas vu ce sens de l'urgence”, a-t-elle poursuivi. “Certaines communications m'ont choqué. La ministre (Maggie De Block, ndlr) disait à la télé “nous sommes prêts', ce n'était pas vrai. Je n'ai pas compris pourquoi elle disait cela.”
“Souvent, j’étais quelqu’un qui criait dans le désert dans ce Celeval 2”
Erika Vlieghe a ensuite fustigé le fonctionnement de la Celeval renouvelée et élargie, dont l'avis a servi de base aux décisions du Conseil national de Sécurité de la fin septembre, le dernier de la Première ministre Sophie Wilmès. “Souvent, j'étais quelqu'un qui criait dans le désert dans ce Celeval 2. Il avait une composition tellement diverse que nous ne pouvions plus formuler un avis épidémiologique. Il y avait cette polarisation à outrance du débat public. Et les décisions du CNS du 23 septembre sont sorties du contexte épidémiologique. Tout cela a fait qu'on a perdu du temps. J'ai souvent eu l'impression qu'on défendait trop peu la santé publique, voyant beaucoup de défenseurs de l'économie. Pourtant, quand on agit plus tôt, on peut prendre des mesures de plus courtes durées. On serait dans une situation bien plus favorable à l'heure actuelle.”
Faut-il deux organes d'avis? “Je le pense bien”, a-t-elle toutefois nuancé, plaidant pour une articulation entre le Risk Assesment Group (RAG), chargé de l'évaluation de la situation, et un autre groupe chargé de formuler les propositions concrètes.
Erika Vlieghe a également plaidé pour la transparence et la publication des différents rapports. “Cela contribue à la qualité des avis”.
“Dire que les hôpitaux ont abandonné les maisons de repos n’est pas correct”
“Y a-t-il eu des refus d’hospitalisations de patients âgés (lors de la première vague de la pandémie de Covid-19) ? Ce n’est que par la suite que l’on a entendu ces histoires”, a indiqué Erika Vlieghe, interrogée à ce sujet par les députés. “Et il s’avère que la réalité n’est pas exactement celle qui a été racontée. Cela n’a pas dû se produire à large échelle. Il n’existe aucune instruction visant à interdire les transferts entre les maisons de repos et les hôpitaux”, a-t-elle précisé, dénonçant certaines “légendes urbaines” sur le sujet. “C’est par la suite que l’on a présenté les choses telles qu’elles dans la presse, à ma grande colère. Dire que les hôpitaux ont abandonné les maisons de repos, ce n’était pas correct.”
Cependant, “il était conseillé d’avoir une entrevue avec le patient, comme c’est le cas de manière habituelle. Il y a toujours cette préoccupation de savoir quel est le résultat attendu pour lui. On doit se poser certaines questions comme, par exemple : ‘peut-il survivre à un intubation ?’ Dans les pays scandinaves, ces contacts avec le patient et les proches sont bien plus explicites. C’est important de rendre possible ces discussions sur les fins de vie.”
“Y aurait-il pu y avoir un soutien plus important des maisons de repos ? Rétrospectivement oui, on aurait pu faire plus”, a toutefois admis Mme Vlieghe. “Nous devons tendre vers plus de collaboration, même si cela s’est déjà fait spontanément. Lorsque des hôpitaux ont constaté que la maison de repos toute proche éprouvait des difficultés de personnel, de matériel ou autre, ils ont proposé de l’aide. Cela s’est fait.”
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