Et une distribution de colis à destination des étudiants de plus: “C’est juste un sparadrap sur un problème plus gros”
Si la précarité estudiantine est loin d’être un phénomène nouveau, elle a été exacerbée ces douze derniers mois par la crise sanitaire. Depuis quelques semaines, des initiatives solidaires voient le jour un peu partout en Belgique, et notamment à Liège. D’ailleurs, ce vendredi 5 mars, Comac Liège a organisé sa première distribution de colis solidaires. Mais cette aide n’arrive-t-elle pas un peu trop tard? Et est-elle suffisante?
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Ce vendredi vers 9h15, ils étaient plusieurs dizaines d’étudiants à faire la file devant le Pépouz Café, en face de l’Université de Liège, quelques minutes avant le lancement de la première distribution de colis alimentaires et de produits d’hygiènes organisée par Comac Liège, le mouvement étudiant du PTB.
“On s’est rendu compte de la situation des étudiants et on s’est dit qu’il fallait réagir. On ne pouvait pas laisser les étudiants comme ça”, explique Lindsey Derclaye, étudiante à l’ULiège et présidente de Comac Liège. “Notre action fait un peu écho à ce que l’université a mis en place début février, mais il n’y a pas de concurrence. Le but est simplement de renforcer les initiatives déjà existantes.”
Sarah, une étudiante de l’Université de Liège, était présente, ce matin, à la distribution de colis. Elle était déjà allée à celle organisée par l’ULiège: “Avec ce que j’ai reçu, j’ai réussi à tenir une semaine. Surtout, cela m’a permis de manger des produits bio que je ne peux pas me payer en temps normal avec mon budget de 100 euros par mois pour la nourriture.” Toutefois, elle émet quelques réserves, et elle n’est pas la seule.
Il fallait agir plus tôt
Si les étudiants sont contents que ce genre d’action soit mis en place, ils soulèvent quand même deux problèmes de taille. Premièrement, la demande dépasse largement l’offre. Deuxièmement, ce genre d’initiatives ne devrait même pas exister, “parce que c’était au gouvernement d’agir plus tôt et de nous aider”, comme le soulignent Sarah, ainsi que Gilles et David, deux autres étudiants qui faisaient la file, ce matin.
“Depuis le début de la crise, c’est la galère. On a tous beaucoup attendu qu’on nous aide et que le gouvernement prenne conscience des problèmes des étudiants. On attendait des mesures structurelles, mais c’est l’inaction qui a dominé, alors que les étudiants ont faim et en ont marre”, explique Lindsey Derclaye. “Ce que l’on veut, c’est que des mesures soient prises. Avec cette distribution, on ne fait que mettre un sparadrap sur un problème beaucoup plus gros et qui touche énormément d’étudiants.”
Lutter contre la précarité... menstruelle aussi
L’action devait s’achever à midi, au final, ce fut le cas peu après 11h, car tout avait été distribué. En tout, plus de 100 sacs ont été emportés par des étudiants fragilisés par la crise.
Les colis alimentaires comportaient des pâtes, du riz, de la semoule, des conserves de légumes, du chocolat ou des petites douceurs “pour se réchauffer le cœur”, du lait, de la charcuterie, une lasagne et un yaourt. Chaque étudiant avait aussi la possibilité d’emporter un colis de légumes en payant entre 0 et 2 euros en fonction de leurs moyens. “C’est un prix solidaire afin de pouvoir payer l’essence de l’ASBL Conso’Aimable qui nous a livré ces légumes. Personne n’a été obligé de payer, c’était à leur bon vouloir”, commente la présidente de Comac Liège.
Les colis de produits d’hygiène, quant à eux, étaient composés de divers produits, comme du savon ou du shampoing, mais surtout de protections hygiéniques (tampons, serviettes jetables et même certaines réutilisables). “L’objectif est de lutter contre la précarité menstruelle. Beaucoup de filles ne peuvent pas changer de protection régulièrement ou utilisent du papier toilette. Les protections hygiéniques sont chères, alors que c’est un besoin essentiel. Ce n’est pas normal!”, s’exclame Lindsey.
(Suite de l’article ci-dessous)
Retisser du lien
Outre la volonté de lutter contre la précarité estudiantine, avec cette action, Comac Liège a voulu lutter contre l’isolement des étudiants. C’est pourquoi, dans chaque colis un mot d’encouragement a été glissé pour remonter le moral des troupes. Le Pépouz Café, où était organisée la distribution, à également offert un verre.
Cette distribution a été l’occasion pour certains étudiants isolés chez eux depuis des mois, de voir du monde, d’échanger, de se changer les idées. “Les étudiants passent leur vie derrière leur ordi, ils ne voient plus personnes et ils n’en peuvent plus. On nous promet le retour en présentiel, mais ça n’arrive pas, alors que c’est nécessaire. Psychologiquement, ils vont très mal”, affirme Lindsey.
Afin d’aider un maximum d’étudiants, cette action sera menée tous les vendredis, aussi longtemps que cela sera nécessaire. Rendez-vous donc au Pépouz Café (place Cockerill 12, 4000 Liège), tous les vendredis, de 9h30 à 12h. En espérant, toutefois, que cette distribution ne dure pas trop longtemps...
Retrouvez ici toute l’actualité de la région de Liège.
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