Geert Molenberghs: “Plus personne n’ose exclure un nouveau confinement, mais on fait tout pour l’éviter”

“Nous sommes depuis des semaines sur un plateau avec des chiffres qui stagnent. Mais maintenant, il y a une nouvelle donnée: le variant britannique. Et ce dernier est très compétitif: il se répand plus facilement parce qu’il est plus contagieux. Chez nous, c’est de l’ordre de plus de 60% de plus. C’est pour cela qu’il a l’avantage sur les autres souches et qu’il va bientôt les dominer”, résume-t-il. 

D’ici la fin février, on estime que le variant britannique sera responsable de 90% de la circulation du virus. Et cela signifie que les chiffres vont grimper. “Le taux de reproduction du virus irait de 1,5 à 1,7 (il est actuellement de 0,98, N.D.L.R.)”, prévient le professeur. “Avec une politique et des mesures identiques, nous entrerons sans aucun doute dans une phase exponentielle”. Avec des conséquences graves.

Si le taux de reproduction atteint 1,6, les chiffres doubleraient en une demi-semaine à une semaine, calcule Geert Molenberghs. “Actuellement, on a environ 500 cas de variant britannique, si cela double deux fois par semaine, dans une semaine, on est déjà à 2.000, dans deux semaines à 4.000 et ainsi de suite... C’est précisément ce qu’on ne doit pas laisser se produire”.

Au rayon des bonnes nouvelles? La Belgique a une longueur d’avance sur le Royaume-Uni, par exemple, qui s’est lui laissé surprendre par le variant si contagieux. Nous avons vu le phénomène arriver mais avec plusieurs semaines de retard et pouvons donc encore le contenir. “Mais il va falloir passer à la vitesse supérieure, et c’est une évidence. Et chaque jour de gagné signifie des règles moins strictes et aussi moins longues”. 

En d’autres termes, resserrer encore la vis, mais pour éviter le pire. Le professeur vise donc les plans B et C, où l'on peaufinerait ou accentuerait les mesures en fonction de la nouvelle réalité: le variant britannique. “L’adaptation des activités extra-scolaires, par exemple, est un point du plan B”. Mais ce n’est pas le seul: l’interdiction des voyages non essentiels en faisait aussi partie. De plus, martèle-t-il, il est impératif que les mesures actuelles soient mieux suivies. “Mieux faire ce qu’on nous demande de faire”, résume-t-il. “Par exemple, on constate que le télétravail n’est pas une règle prise au sérieux partout”.

Si les mesures actuelles - même renforcées - devaient se révéler insuffisantes, il faudra de nouvelles mesures. Mais ne vaut-il pas mieux une fois de plus décréter un lockdown strict, même de courte durée, pour tuer le problème dans l’oeuf? “C’est une possibilité, mais je ne pense pas qu’un seul d’entre nous veuille l’instaurer purement et simplement”. Le professeur penche pour une approchée “phasée” de la problématique. “La sensibilisation est très importante. Et ce qui se trouve dans ce rapport est désormais connu du public: c’est une grande inquiétude qui en ressort”.

“Nous ne devons pas non plus tout laisser tomber et ne plus voir personne, mais simplement accepter ceci: ce variant britannique est une nouvelle offensive du virus. Nous allons contre-attaquer, car nous connaissons le danger et nous allons adapter notre comportement à lui. Et espérons-le, sans devoir passer directement au confinement le plus strict”.

Le professeur conclut: “Mais ce confinement, plus personne n'ose l’exclure désormais. Nous ferons simplement tout pour ne pas devoir en arriver là”.

Marc Van Ranst assure qu’“il n’y a pas de perspective pour les coiffeurs”, Georges-Louis Bouchez lui répond

“Fermons les écoles maintenant et donnons cours cet été, marre que les profs soient de la chair à canon”