Grève sauvage à Anderlues: “Dans le seul but de faire ch... l’autre”

Une grève sauvage a été entamée par tous les syndicats ce vendredi matin à la Commune d’Anderlues. Le conseil communal programmé jeudi soir a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. “Seul le 12e provisionnel du mois de mai a été voté. Les travailleurs ont peur de ne rien toucher pour le mois de juin” déclare le secrétaire de la Centrale Générale du Service Public Administration et Institutions (CGSP Admi) à Charleroi, Philippe Barbion.

Patricia Bouillon (AJC) a expliqué lors du dernier conseil communal pourquoi son parti s’est opposé au douzième provisionnel du mois de juin: “Si ne nous votons pas le douzième provisoire de juin, c’est parce que nous espérons que d’ici là, il y aura une nouvelle majorité”.

Ce qui a fait réagir la bourgmestre: “En dix jours? Ça fait deux ans que ça dure”.

Réponse de son opposante: “On vous invite de toute façon à négocier. Plus vous allez tarder à négocier, plus les choses vont être reportées (...) Effectivement, ce n’est pas amusant pour le personnel communal et sachez qu’AJC le sait pertinemment. C’est pour cela que nous voulons avancer. Maintenant, il faut y mettre un petit peu du vôtre aussi”.

Pour sa part, Hadrien Polain tenait à préciser une chose: “Je tiens aussi à rassurer l’ensemble du personnel communal: employés, ouvriers, enseignants... Le douzième provisoire s’il n’est pas voté, le personnel est quand même payé. C’est d’ailleurs écrit mot pour mot dans la convocation du Conseil Communal du 10 mai”.

De son côté, Virginie Gonzalez s’en est référé au récit du directeur financier qui se base lui-même sur l’article 14 du règlement général de la comptabilité communale: “Par arrêté du 14 avril 2021, le Ministre,  Collignon, n’a pas approuvé le budget 2021 (...). Le conseil communal a refusé le douzième provisoire pour le mois de mai 2021 lors de la séance du Conseil Communal du mois d’avril 2021.

En date du 30 avril 2021, le Collège Communal a décidé de l’engagement des dépenses relatives à la rémunération du personnel, au paiement d’une prime d’assurance, au paiement des taxes et de toutes dépenses strictement indispensables au bon fonctionnement et à la marche du service public dont les crédits disponibles sont insuffisants sur base du quatrième douzième provisoire à savoir celui du mois d’avril 2021 (...). Tant que cette décision n’est pas ratifiée par le conseil communal, aucun salaire ne pourra être payé”.

Malgré cette argumentation, les membres du groupe AJC ont quitté la séance. Le quorum n’était donc plus atteint pour pouvoir voter au sujet du douzième provisionnel du mois de juin.

Le personnel de la commune en a tout simplement ras-le-bol: “Chacun mène sa petite guéguerre. Chaque partie adopte des positions dans le seul but de faire ch... (sic) l’autre” affirme Philippe Barbion.

Cela a évidemment des conséquences sur les salariés: “Le travail ne peut pas être effectué correctement. On pensait qu’avec le changement de bourgmestre (NDLR. Virginie Gonzalez a repris les fonctions de son partenaire dans la vie, Philippe Tison), le calme serait revenu. En réalité, rien ne change. Des pressions sont exercées sur les travailleurs.

Quel que soit le camp auquel ils appartiennent, des gens viennent demander certains devoirs aux responsables administratifs qui ne sont pas censés y donner suite pour les mettre en porte-à-faux. Et après, ces derniers se font engueuler. Ils sont à bout. On les pousse à la faute. Des plaintes ont d’ailleurs été déposées auprès de Cohezio (NDLR. le Service Externe de prévention et de protection au travail). Parfois de manière informelle, car ils ne veulent pas que leur identité soit révélée. Certains employés ne se disent plus ‘Bonjour’ en arrivant le matin. Cette situation est insupportable”.

La CGSP Admi a pourtant entrepris des démarches pour dégager une solution: “Il y a plus de 15 jours, nous avons envoyé un courrier au ministre. Nous lui avons demandé de placer la commune sous tutelle. Nous n’avons toujours pas eu de réponse de sa part. Nous avons aussi souhaité qu’une enquête psychosociale soit réalisée. Mais il faut un certain temps avant qu’elle ne débute. Et cela coûte du pognon. Pourquoi les responsables politiques de cette commune ne se parlent-ils plus? Aujourd’hui, un fossé est creusé. Tout ne va pas se régler du jour au lendemain. Nous sommes en train de perdre une génération de travailleurs”.

Fin avril, le leader de l’opposition, Hadrien Polain (AJC), avait déjà pris son temps pour motiver son point de vue quant aux différents votes sur le douzième provisoire: “Un douzième provisoire, c’est le budget de l’année passée qu'on découpe en douze quand on n’a pas de budget dans l’année courante pour avoir quand même une possibilité de dépenser des sous. En clair, on va appliquer un douzième du budget 2020 en mai 2021. On l’a déjà fait en janvier 2021, février 2021, mars 2021 et maintenant avril 2021.

Pour nous, c’est très mauvais parce qu’un budget, ça correspond à la vie d’aujourd’hui. Pas à celle d’hier! Quand on a construit le budget 2020, on était en 2019. Le coronavirus n’existait pas, par exemple. Cela veut dire qu’il y a des dépenses dans le budget ordinaire qui sont à faire aujourd’hui. Par exemple, l’aide aux commerçants. Et ces dépenses ne peuvent pas être appliquées aussi longtemps qu’Anderlues n’a pas un budget 2021 en bonne forme.”

Pour lui, la responsabilité de l’absence de budget communal pour l’année 2021 est à chercher du côté de la bourgmestre: “Pour comprendre la logique qui est la nôtre, il faut se rappeler ce qu’est un budget ordinaire. C’est ce qui permet la gestion quotidienne de la commune (...). Ça va du paiement des employés jusqu’à l’entretien des voiries (...). Et puis, il y a une deuxième partie dans un budget qui est le budget extraordinaire. Le budget extraordinaire, c’est plutôt tout le volet investissements. Par exemple, pour refaire une nouvelle voirie, pour créer une agora sport ou de nouveaux bâtiments communaux, pour acheter des terrains dont la propriétaire est la commune (...).

Un budget, il doit être voté chaque année au 31 décembre pour l’année suivante. Donc, le budget 2021 devait être voté le 31 décembre 2020 au plus tard (...). Fervent défenseur de la loi, AJC a demandé lors du Conseil Communal du 22 septembre à ce que dès novembre, un budget soit présenté. Nous avons donc demandé à l’équipe dirigeante d’être à l’avance d’un mois et demi. Pourquoi? Parce que l’équipe dirigeante n’a pas une majorité sur laquelle s’appuyer. De ce fait, il y avait un risque que le budget soit refusé. Refusé pour quoi? Parce que lorsque l’on n’a pas de majorité, cela veut dire que tout le monde n’est pas d’accord avec ceux qui dirigent (...).

Dès lors, on avait dit: ‘Puisque vous êtes sûrs quasiment que le budget va être refusé, on vous propose de le présenter un mois et demi à l’avance de telle sorte qu’il puisse être amendé en temps et en heure et pas en dernière seconde en séance du conseil. Évidemment, ces demandes ont été malheureusement balayées d’un revers de la main par les autorités. Et patatras, ce qui devait arriver arriva. Le budget extraordinaire a été refusé et le budget ordinaire a été accepté, mais amendé (...). Il a été amendé tout à fait légalement et réglementairement. Si le ministre a cassé le budget ordinaire d’Anderlues, c’est parce que la procédure de vote n’a pas été faite dans le respect de la loi.

Nous rappelons par là même que la procédure de vote est de la compétence de la présidente de séance (...). L’autre raison principale pour laquelle le budget a été refusé, c’est que les comptes des articles non votés ont été mis à zéro. Pour rappel, AJC et vous-mêmes d’ailleurs, Messieurs Pastorelli et Guyot (NDLA. deux des dissidents du PS), nous avions voté lors du précédent conseil ‘non’ à toute une série de points. Nous n’avions jamais demandé la mise à zéro de ces points. Nous avions voté ‘non’. Ce qui est évidemment et fondamentalement différent. Aujourd’hui, on ne sait pas pourquoi le ministre a eu une autre information puisqu’il nous dit que ces comptes sont arrivés chez eux avec une inscription ‘Mise à zéro’. C’est contraire à la décision du conseil communal”.

Évidemment, ce n’est pas l’avis de Virginie Gonzalez: “Les amendements proposés par AJC et le groupe Zanola relèvent non seulement du plus grand amateurisme, mais en plus, ils sont reconnus comme illégaux par la tutelle”.

La grève d’aujourd’hui ne devrait être que le commencement d’une série d’autres actions syndicales. Les prochains mouvements devraient être plus visibles et de plus grande envergure. Et ce, dès la semaine prochaine.

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