Hasan Arslan aurait prémédité la mort de son épouse

Hasan Arslan avait annoncé à plusieurs reprises qu'il allait tuer son épouse, a confirmé mardi la juge d'instruction Pascale Goossens devant la Cour d'assises de Liège. Le couple vivait dans un climat de jalousie. Suspectant Marianne Bonhomme d'avoir d'autres liaisons, Hasan Arslan avait averti des membres de sa famille de l'issue fatale qu'il lui réservait.

Les faits reprochés à Hasan Arslan (46 ans) s'étaient déroulés le 2 mai 2006 peu après 09h00 à Oupeye. Marianne Bonhomme, séparée de son époux après des faits de violence conjugale, avait été poursuivie, frappée et étranglée par celui-ci. Plusieurs témoins avaient tenté de s'opposer à la scène mais s'étaient retrouvés impuissants face à la violence de l'accusé.

Des constatations effectuées sur place par la juge d'instruction Pascale Goossens, il a été attesté qu'une course poursuite entre Arslan et son épouse s'était terminée par l'immobilisation du véhicule de la dame. Arslan l'a empoignée par les cheveux et l'a installée dans son propre véhicule en lui portant des coups.

Quelques mètres plus loin, Arslan avait immobilisé son véhicule, fait sortir sa femme et l'avait étranglée. Tous les témoins qui ont tenté d'intervenir ont été menacés d'un couteau. Marianne Bonhomme réclamait de l'aide tandis qu'Arslan déployait contre elle une force importante.

Hasan Arslan a minimisé les faits lors de ses interrogatoires. Il a prétendu qu'il ne se souvenait que d'un accident de voiture avant d'avoir traversé un "trou noir" pour ne retrouver sa lucidité qu'à l'arrivée des policiers. Il prétendait qu'il avait souhaité parler avec son épouse et soutenait qu'elle le harcelait. Dans une autre déclaration, il avait avoué qu'il insistait depuis trois jours pour qu'elle revienne.

Les faits ont été qualifiés d'assassinat durant l'instruction en raison d'un message vocal que Hasan Arslan a laissé sur le GSM de son fils. "Je te l'avais dit, je l'ai fait", avait-il commenté. Il avait aussi annoncé avant le 2 mai 2006 qu'il allait tuer son épouse car il la suspectait d'entretenir d'autres liaisons. Marianne Bonhomme était préoccupée par la violence grandissante de son époux.

Hasan Arslan et son épouse entretenaient une jalousie respective. Ils vivaient dans un climat d'amour et de haine. Aucune liaison de Marianne Bonhomme avec d'autres personnes n'a pu être attestée. Par contre, il a été démontré que Hasan Arslan avait eu une liaison et avait effectué un voyage avec une autre femme.

La juge d'instruction a rappelé que, dans le cadre de la politique de tolérance zéro instaurée par le parquet de Liège au sujet de la violence conjugale, toutes les balises judiciaires et sociales ont été mises en place autour de ce couple. "On doit dès lors faire appel à la responsabilité des gens concerné et ne pas prétendre que la Justice n'a rien fait, a-t-elle souligné. Car on ne peut pas mettre un policier autour de chaque personne."

Les enfants du couple ont ressenti les effets des violences imposées par Arslan à son épouse. L'un d'eux avait déclaré que l'accusé tenait contre ses enfants des propos déplacés et que, lors des disputes, il empoignait son épouse à la gorge. A l'époque des faits, proches de leur mère, les enfants de Marianne Bonhomme l'avaient mise en garde contre le danger qu'elle encourait face à leur père.

Trois ans après les faits, les sentiments de ces enfants ont évolué. Rapprochés de leur père et préoccupés par le sort que lui réservera le procès devant les assises, ils minimisent les attitudes violentes initialement dénoncées contre leur père et dirigent des reproches en direction de leur mère. (belga)