Il tue un homme par balles, le jury écarte l'intention de tuer

Le jury de la cour d'assises du Brabant wallon a reconnu, lundi soir, Jean-Luc De Clercq, coupable de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, pour le décès de Rudi Craps, le 30 décembre 2007 à Wavre. Les jurés ont, par cette décision, écarté la qualification de meurtre, qui avait justifié un renvoi aux assises.
 
Les jurés se sont retirés durant huit heures lundi pour parvenir à cette décision. Afin de la motiver, ils se sont ensuite retirés durant près de trois heures avec les trois magistrats professionnels de la cour.
 
Le 30 décembre 2007, Jean-Luc De Clercq, vétérinaire belge mais vivant à Arnay-le-Duc (Bourgogne - France), avait tiré une balle dans la tête de Rudi Craps, lors d'une altercation entre automobilistes à Wavre.
 
Jean-Luc De Clercq était revenu en Belgique pour un dîner familial chez sa mère, habitant avenue Ruisseau du Godru. Tout avait débuté par des insultes lancées par Rudi Craps, de passage dans ce quartier résidentiel, alors que des véhicules gênaient la circulation à la suite d'un dépannage.
 
Jean-Luc De Clercq venait d'aider son beau-frère à redémarrer sa voiture à l'aide de câbles et avait répondu aux insultes. Le vétérinaire et l'autre automobiliste s'étaient retrouvés en face-à-face dans la rue.
 
Se sentant menacé et craignant pour ses enfants, Jean-Luc De Clercq s'était saisi du révolver Smith & Wesson qu'il transportait dans sa voiture (pour sa propre sécurité en cas d'agressions liées à son métier). Il pensait aussi l'autre automobiliste armé. Plusieurs coups avaient été tirés. Le quatrième coup avait été mortel.
Le vétérinaire a parlé, au cour de son procès, de "coup involontaire", parti car il était crispé de peur sur son arme.
 
Trois qualifications des faits ont été, au final, soumises au jury par le biais du questionnaire. L'avocat de Jean-Luc De Clercq, Me Jean-Philippe Mayence, avait demandé au jury de déclarer les faits comme étant de l'ordre de l'homicide involontaire. La défense avait souligné que le coup était parti alors que Rudi Craps se jetait sur Jean-Luc De Clercq.
 
Mais, selon une autre option, le jury a donc estimé que les faits étaient des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le quatrième coup étant, selon le jury, la suite des précédents qui avaient pour but de blesser Rudi Craps.
 
Mais pour l'avocat de l'accusé, il fallait - si cette vision était retenue par le jury - y retenir de plus l'excuse légale de provocation: le vétérinaire s'étant saisi de son arme après s'être senti menacé par Rudi Craps qui avait d'abord exhibé une bonbonne pour soda, perçue comme une "barre", avant de venir à la rencontre de Jean-Luc De Clercq. La défense n'a pas été suivie sur ce point.
 
Le jury estime néanmoins qu'il existe un doute sur l'intention d'homicide et donc le meurtre. Cette dernière qualification, qui avait justifié un renvoi devant le jury populaire et soutenue par la partie civile et le ministère public au procès, n'a donc pas non plus été retenue. Le débat sur la peine aura lieu mardi matin.  (belga)