Jerry a dû quitter sa maison et ne sait pas quand il y retournera: “On se sent mal, on est impuissant”

“La police est venue vers minuit pour nous dire qu’il fallait évacuer. On a eu le temps de prendre quelques affaires en vitesse, d’attraper le chat et on est parti”, se souvient Jerry.

Sa famille au grand complet a été accueillie à l’hôtel Campanile, sur les hauteurs de Liège. Lui, sa femme et sa fille se retrouvent dans une petite chambre de 12m². Une situation que connaissent aussi ses parents et sa sœur, tout comme la quinzaine de riverains qui a été déplacée au même endroit. “Mais on doit être bien plus à avoir été évacués. Ils doivent se trouver ailleurs”, commente Jerry. 

Sa famille a passé une première nuit loin de chez elle, et loin de son frère qui a décidé de rester chez ses parents et de se réfugier au 2e étage, “peut-être pour sauver la maison”. “Vers 3h du matin, on avait trois à quatre centimètres d’eau dans le salon. D’après mon frère, maintenant le niveau s’élève à un mètre sur tout le rez-de-chaussée”, explique Jerry.

Vers 18h20, nous avons appris qu’Andy, le frère de Jerry, avait fini par quitter sa maison. “Une vague a balayé la porte-fenêtre du rez-de-chaussée de notre maison et emporté tout ce qui s’y trouvait: nos souvenirs, les photos de naissance de notre fille et de nos vacances et l’urne de ma belle-mère. Tout est parti. La vague a aussi emporté la porte de garage chez mes parents. Mon frère a réussi à quitter la maison en empruntant les voies de chemin de fer situées derrière la maison et a trouvé refuge au hall omnisports de Soumagne”.

Pour lui, cette première nuit a été un enfer. Il n’a presque pas fermé l’œil, car il était trop inquiet: “Je me pose mille questions. Comment va-t-on retrouver notre maison?”, s’interroge le Liégeois. “On se sent mal, on est impuissant. Hier, en quatrième vitesse, je suis allé chercher des sacs chez mes parents pour boucher les soupiraux, mais ça n’a servi à rien. On a monté tout ce qui était précieux ou électronique à l’étage, dont mon ordinateur sur lequel je travaille habituellement. Et avant de partir, on a coupé l’électricité.”

La seule chose qu’il n’avait pas anticipé, ce sont les besoins en vêtements. Ses parents ont été évacués en pyjama et personne n’a pris des vêtements de rechange. “On a dû aller en acheter en vitesse chez Carrefour, et on attend de voir ce que va donner l’appel aux dons de la Ville de Liège”, commente Jerry.

Selon ce que leur a dit la police, Jerry et sa famille risquent d’être bloqués dans l’hôtel pendant quelques jours encore. Une situation qui est difficile à vivre. Sa maman a d’ailleurs été emmenée par une ambulance, avant d’être ramenée auprès de sa famille, car elle avait fait un malaise causé par les angoisses liées aux événements.

Jerry se sent abandonné. Une telle catastrophe aurait pu être évitée. “Le canal de l’Ourthe était géré grâce à deux écluses. Une à Chênée, qui n’existe plus, et une seconde sur la Meuse dont l’éclusier a pris sa retraite. Depuis, l’écluse est à l’abandon et les portes sont constamment fermées.”

D’après lui, c’est ce qui aurait causé ces débordements. “On n’a jamais connu de tels débordements!”

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