L'Australie rouvre ses frontières, mais pas encore pour les Belges: “Je n'ai pas vu mon copain depuis deux ans”
Plus d’un an et demi après la fermeture de ses frontières, l’Australie a finalement autorisé ses ressortissants à quitter ou à rentrer au pays. Les étrangers, en revanche, sont toujours interdits sur le territoire australien. Une mauvaise nouvelle pour Eline, une jeune femme originaire de Flandre qui est en couple avec Yusuf, qui travaille justement en Australie: “Les photos des couples qui se retrouvent me rendent triste.”
RédactionDernière mise à jour:03-11-21, 14:18Source:HLN
“C’est un grand jour pour l’Australie”, a écrit le Premier ministre, Scott Morrison, sur Facebook. “Les citoyens et résidents australiens n’ont désormais plus besoin d’une exemption pour quitter le pays. Les Australiens entièrement vaccinés et leurs familles, y compris les parents, seront également autorisés à entrer en Nouvelle-Galles du Sud et dans l’État de Victoria sans passer par la quarantaine, une étape importante vers la réouverture de l’Australie au monde.
Cette annonce, faite lundi dernier, est un soulagement pour les Australiens émigrés. C’est la première fois depuis plus de 600 jours qu’ils sont autorisés à rentrer chez eux. En effet, durant plus d’un an et demi, les frontières ont été fermées. Les rares personnes qui étaient autorisées à entrer en Australie devaient d’abord passer deux semaines en quarantaine dans un hôtel, sous la surveillance de la police ou de l’armée.
Les Australiens se réjouissent, mais cette mesure ne concerne pas tout le monde. Seuls les citoyens qui travaillent à l’étranger ou leur famille sont concernés. Les autres ne sont pas encore les bienvenus, bien qu’ils aspirent à retrouver leurs proches. C’est le cas de la Flamande Eline Alvarez-Rodriguez, 22 ans. Cela fait deux ans qu’elle attend impatiemment d’embrasser son petit ami Yusuf, 25 ans, qui vit à Sydney. “Les photos des couples qui se retrouvent me rendent triste. Nous ne savons toujours pas quand nous nous reverrons”, dit-elle.
Eline est infirmière. Elle a rencontré Yusuf aux Philippines, lorsqu’elle y était interne. Il y a trois ans, son amoureux a reçu une offre d’emploi en Australie et a déménagé à Sydney où il enseigne désormais. Depuis la pandémie, il est impossible pour Eline de se rendre auprès de lui. La seule chose qui les relie est Internet. “Il y a dix heures de décalage horaire”, explique Eline. “Et c’est difficile, surtout lorsque je travaille tôt. Pourtant, nous nous parlons tous les jours.”
Quand je vois des amis avec leurs proches, ça me rend triste.
Eline Alvarez-Rodriguez
Au total, le couple ne s’est plus vu depuis deux ans. “Quand je vois des amis avec leurs proches, ça me rend triste”, confesse Eline. “Le gouvernement a promis à plusieurs reprises qu’il ouvrirait les frontières. C’est à présent chose faite, mais pas pour nous.” La jeune femme craint, par ailleurs, que les infections grimpent en flèche en Australie suite à cette réouverture et que le pays décide de s’isoler à nouveau. Ce qui signifierait que ses retrouvailles avec Yusuf pourraient être encore reportées. Le Premier ministre australien lui-même ne compte pas sur une réouverture totale des frontières avant l’année prochaine.
L’Australie a été l’un des premiers pays au monde à fermer ses frontières en avril 2020. Quiconque voulait retourner dans sa famille devait passer par de nombreuses formalités administratives. Il fallait demander un permis pour raisons urgentes, ce qui n’était pas facile à obtenir. Pourtant, par rapport à la Belgique, le pays présentait alors des chiffres de contamination relativement faibles. Néanmoins, les politiciens de la région ont favorisé une vigilance extrême. La ville de Melbourne, par exemple, avait déjà établi le record du lockdown avec un total de 250 jours de restrictions sévères. Les magasins n’ont ouvert leurs portes que la semaine dernière.
Mon père et Yusuf s’appellent même sans moi, puis ils regardent le football ensemble via Internet.
Eline Alvarez-Rodriguez
Le mariage comme solution
Eline et Yusuf cherchent maintenant une solution. Elle avait déjà l’intention d’émigrer en Australie et d’y travailler comme infirmière, mais le Covid a mis un terme à ses projets. Maintenant, les options sont limitées. “J’ai introduit une demande de visa. Nous voulons nous marier bientôt, ce qui me permettrait d’obtenir un visa partenaire (pour les coinjoints étrangers, NDLR). Mais je veux vraiment que ma famille puisse assister à la fête. Dans l’état actuel des choses, ce n’est pas possible.”
Sa famille est d’ailleurs au moins aussi triste qu’Eline de n’avoir jamais rencontré ce gendre, bien qu’ils se connaissent. “Mon père et Yusuf s’appellent même sans moi, puis ils regardent le football ensemble sur Internet. Un intérêt que mon père ne peut partager avec personne d’autre. Il existe véritablement un lien entre eux, même s’il est différent de celui de la vie réelle.”
La date à laquelle le couple se reverra enfin reste un grand point d’interrogation. “Nous voulons rester positifs: tout peut s’arranger. Nous espérons juste pouvoir nous prendre dans les bras très bientôt.”