La Belgique pointée du doigt par la Maison-Blanche: notre mode de calcul nous jouera-t-il des tours?
Face à la pandémie de Covid-19, tous les pays du monde cherchent à inciter leur population à rester confinée, mais aussi à la rassurer sur sa gestion de la crise sanitaire. C’est là que la valse des chiffres, difficilement comparables, entre dans la danse. On le constate une nouvelle fois avec l’analyse des statistiques présentée par la Maison-Blanche dans son rapport: selon elle, la Belgique est le pays le plus touché au monde.
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Comparer des poires et des pommes n’a pas de sens. Dans le cas du nombre d’infections et de décès liés au “nouveau” coronavirus, rien n’est plus vrai. Si chacun comprend que désigner un pays comme "le plus touché par le virus” n’a pas de sens en termes de chiffres absolus, la population des États-Unis, par exemple, étant bien supérieure à celles d’autres États, on a déjà remarqué que la problématique du recensement des contaminations pose problème.
Une chose est sûre, le faible échantillon de personnes testées en Belgique donne une vision tronquée de la réelle proportion de Belges infectés par le Covid-19. Mais pourquoi la Maison-Blanche présentait-elle cette nuit, dans son rapport quotidien du virus, un comparatif plaçant la Belgique tout en tête du triste classement des décès et ce bien devant l’Italie, l’Espagne, la France ou les USA?
Dans cette présentation, le Dr Birx, épaulée par Donald Trump, affecte à la Belgique un taux de 452 morts par million d’habitants, le plus haut du monde devant l’Espagne (428), l’Italie (376), la France (279), le Royaume-Uni (219), les Pays-Bas (201) ou les États-Unis (112). Mais, comme le souligne Le Soir, ce taux n’est pas représentatif du rythme de propagation du virus ni de la capacité d’un gouvernement à casser la courbe des contaminations grâce aux mesures mises en place.
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Mais cela en est assez pour les médias étrangers, comme le britannique Sky News ce week-end, pour poser la question qui tue: “Pourquoi la Belgique est-elle le point noir de la mortalité liée au Covid-19 en Europe?” Ce n’est d’ailleurs qu’à la fin dudit reportage qu’on précise au téléspectateur que la Belgique compte “large”, notamment en recensant systématiquement dans ses chiffres tous les décès potentiellement liés au coronavirus bien que non testés.
Délit d'honnêteté
L’honnêteté prônée par nos virologues finira-t-elle par nous jouer des tours? C’est possible, car différents diplomates belges ont déjà regretté devoir justifier la mortalité affichée par notre pays. Et bien d’autres médias étrangers (comme en Suède dans Aftonbladet, en Norvège dans le Aftenposten et aux USA dans The New York Times) ont jugé nécessaire d’expliquer cette semaine pourquoi les chiffres de la “si petite” Belgique étaient si interpellants, en détaillant notre mode de calcul comprenant les cas suspects en maisons de repos contrairement à de nombreux autres pays, tout en glissant quand même que les tests s’y font attendre. Le quotidien allemand Der Spiegel, lui, se demande carrément si le gouvernement belge bancal n’a tout simplement pas sous-estimé la pandémie. Pire encore, alors que nos experts rassurent sur la capacité de nos hôpitaux, il se dit en Autriche qu’en Belgique, “les malades ne sont même plus acheminés à l’hôpital”. Faux, évidemment.
Marc Van Ranst avait ironisé sur la question la semaine dernière, disant qu’à ce rythme, Cuba nous offrirait bientôt de l’aide humanitaire. Pourtant, le centre de crise n’a pas l'intention d’adapter sa méthode de recensement des cas, bien que les experts détaillent désormais chaque jour combien de décès sont confirmés (tous ceux à l’hôpital) et combien sont considérés suspects (la majorité de ceux recensés en maisons de repos et de soins). On le voit dans le graphique ci-dessous, la courbe des décès se stabilise à l’hôpital.
Steven Van Gucht vise en réalité à plus long terme: selon lui, si la Belgique semble sur un bien triste podium, à la fin de la pandémie, les autres pays devront adapter leur bilan très à la hausse en incluant comme elle tous les décès des maisons de repos. “Alors, la place de la Belgique chutera en termes de mortalité”, a-t-il assuré. Intellectuellement, ce décompte a plus de valeur. Mais il devrait pour ce faire déjà être choisi partout.
Surmortalité aussi élevée que notre mauvaise publicité
En attendant, les experts belges conseillent de se fier avant tout à la surmortalité (comparaison entre la mortalité moyenne d’un pays et la mortalité actuelle), seul réel indicateur de l’impact de la pandémie. En Belgique, elle était en hausse de 77% durant la première semaine d’avril, un taux similaire à celui recensé aux Pays-Bas. Mais de combien de pourcents notre réputation baissera-t-elle à l’étranger suite à ce manque d’harmonie des chiffres? Sophie Wilmès reconnaissait le problème dans De Standaard hier: “S’il faut expliquer durant dix minutes comment interpréter les chiffres, plus personne ne suit”.
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