La Croix-Rouge critiquée après les inondations: “Sans les volontaires, des milliers de personnes n'auraient rien eu à manger”

À partir de ce mercredi, la Croix-Rouge flamande envoie 200 volontaires de crise par jour dans les régions touchées par les inondations survenues il y a quinze jours. Ils aideront au nettoyage, et distribueront des kits d’hygiène et des produits de nettoyage aux résidents touchés.

Ces volontaires sont quatre fois plus nombreux que les 50 déployés jusqu’à présent. Une aide supplémentaire qui arrive à point nommé, alors que les critiques à l’égard de l’approche de la Croix-Rouge en matière d’aide humanitaire se multiplient de jour en jour.

À Pepinster, l’une des villes les plus touchées de la province de Liège, on n’a toujours pas vu un seul volontaire de la Croix Rouge. “Aucun, personne, zéro”, lance Deborah Gabrielle, une sinistrée. Les habitants s'organisent donc entre eux en distribuant notamment de l’eau et des biscuits secs offerts par des donateurs. De quoi manger un petit peu, alors que leurs cuisines sont inondées, que l’électricité est coupée et que les supermarchés ont été détruits par les eaux. “Nous devons tout faire nous-mêmes”, ajoute Deborah. “Ce n’est pas normal, n’est-ce pas? La Croix-Rouge reçoit beaucoup de dons en ce moment, mais où va cet argent?”

La Croix-Rouge est cependant bien présente dans la zone sinistrée. L’organisation humanitaire a déjà commencé à distribuer de la nourriture dans plusieurs endroits. “Mais en une semaine, ils ont distribué 16.000 repas. C’est loin d’être suffisant pour fournir deux repas par jour à toutes les victimes”, explique Lien De Leenheer. Immédiatement après la catastrophe, cette consultante numérique originaire de Machelen-sur-Lys a mis en place #AideHulp147, une plateforme Internet où les victimes et les bénévoles peuvent demander et proposer de l’aide. La jeune femme a également offert son aide pendant plusieurs jours dans la zone sinistrée. 

“Le gouvernement a commis une grave erreur en confiant l’aide humanitaire à la Croix-Rouge. Il s’est avéré que ce n’était pas le meilleur choix pour apporter rapidement de l’aide partout", poursuit Lien. “Je comprends que c’est très complexe d’organiser deux repas par jour pour 20.000 familles. Mais l’assistance logistique de la Croix-Rouge a mis du temps à démarrer. La distribution de nourriture n’a commencé qu’après une bonne semaine, et seulement dans quelques endroits, ce qui signifie que seule une fraction des habitants touchés a été aidée. Nous reçevons des témoignages de personnes qui ont survécu avec des gaufres au sucre pendant une semaine. Ou de quartiers entiers où ils n’ont toujours pas vu d’aide officielle. N’est-ce pas indigne d’un pays prospère comme la Belgique?”

Lien De Leenheer reproche également au gouvernement de ne pas avoir agi. “Ils ne cessaient de répéter qu’il n’était pas nécessaire de quitter la Flandre pour se rendre dans les zones sinistrées, que c'était dangereux et qu’il valait mieux donner de l’argent - même s'il y avait déjà des signes que l’aide n’arrivait pas. Si tout le monde avait suivi ce conseil, des milliers de personnes touchées n’auraient tout simplement rien eu à manger et auraient été laissées pour compte dans la boue”.

“Heureusement que ces volontaires étaient là. Il y en avait des milliers: des gens sont allés ramasser la boue chez des inconnus, apporter des générateurs, des réfrigérateurs et des meubles et distribuer des repas. D’un autre côté, cela peut parfois être source de frustration: les gens se présentent sans demander d’abord où cette aide est nécessaire, ou avec des choses qui ne sont pas utiles pour le moment”.

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Lien De Leenheer espère que des leçons seront tirées de cette catastrophe. “Le manque total de coordination qui a suivi les inondations ne doit plus jamais se reproduire. Je ne veux pas critiquer qui que ce soit, ça ne m'intéresse pas de savoir qui doit être blâmé. Mais si notre pays est frappé par une nouvelle catastrophe, nous devons être vraiment préparés. Je suis convaincue qu’une équipe d’experts externes - que l’on peut appeler plateforme citoyenne - pourrait apporter une valeur ajoutée, en plus de l’aide gouvernementale. Après une catastrophe, par exemple, une telle équipe pourrait coordonner efficacement la solidarité qui se manifeste. Car s’il y a une chose que nous avons apprise, c’est que les gens veulent aider, mais ils ne savent souvent pas comment le faire. Une équipe externe de ce type pourrait les orienter dans la bonne direction, permettant ainsi aux services gouvernementaux de se concentrer pleinement sur leurs tâches essentielles.”

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