La grogne gagne le personnel de la Ville de Charleroi
InterviewsDepuis quelques semaines, tous les gouvernements du pays sont composés. Il a tout de même fallu attendre 16 mois pour qu’une solution ne se dégage au niveau fédéral. Cela ne signifie pas que la grogne sociale est rangée aux oubliettes. Par exemple, le secteur des soins de santé souffre toujours beaucoup de la crise engendrée par le coronavirus. Et au sein même de la Ville de Charleroi, l’ambiance n’est pas vraiment meilleure.
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Les arrêts de travail se multiplient à la Ville de Charleroi. Les services ‘Nature en Ville’ et ‘Travaux’ accompagnés des travailleuses du nettoyage ont débrayé ce mercredi. Les ouvriers du Centre Opérationnel des Bâtiments (COB) les ont précédé mardi.
Présent sur place pour soutenir les contestataires, le Parti du Travail de Belgique (PTB) dénonce sur Facebook les conditions de travail des services ‘Nature en Ville’ et ‘Travaux’: “Leur bâtiment est dans un état catastrophique et c’est vraiment pas nouveau comme situation. Par respect pour les travailleurs, il faut changer ça vite. Les douches ne sont toujours pas utilisables. Depuis six semaines, il y a enfin de l’eau chaude, mais les tests contre la salmonelle n’ont pas encore été faits. Qu’est-ce que le Ville attend? Une seule toilette pour tous les travailleurs. En fait, il y en a une deuxième pour les femmes. Mais c’est tellement insuffisant qu’ils ont enlevé la poignée pour que seules les femmes puissent l’utiliser. Régulièrement le chauffage tombe en panne. Régulièrement l’électricité saute. La cuisine est minable. Ils sont sous-équipés.”
Coronavirus
Et puis, la recrudescence du coronavirus est aussi au cœur des préoccupations: “Les ouvriers demandent également à ce que les mesures Covid-19 de la première vague soient appliquées de nouveau aujourd’hui. La situation est plus grave. Il faut que les mesures soient prises à cette hauteur.”
C’est d’ailleurs pour cette raison que le COB a décidé de momentanément se croiser les bras mardi: “Il y a eu plusieurs cas Covid-19 chez eux et toujours aucune mesure. Ils doivent continuer à travailler comme si nous étions dans une situation tout à fait normal. Avec le PTB, on est allés les soutenir. Alors que leurs collègues de l’administratif sont en télétravail, alors qu’il y a déjà eu plusieurs cas positifs, les ouvriers doivent travailler normalement. Ils n’ont même plus de gel. On leur demande de tous arriver le matin pour huit heures pour recevoir leur fiche de travail. Ils se réunissent encore tous en fin de journée et souvent aussi à midi. Ils sont à deux dans la même camionnette. Normalement, ça devrait être chaque fois les mêmes duos, mais avec les absences, ce n’est absolument pas le cas. C’est absurde.”
Leurs demandes sont sans ambigüité: “Passer à un semi-confinement; pouvoir travailler un jour sur deux afin de désengorger le bâtiment et les équipes. Éviter tous les rassemblements. Demander à 50 personnes de venir au même moment est stupide. Être équipé correctement en matériel de sécurité.”
Dialogue “constructif”
Ces revendications sont soutenues par les différents syndicats qui ont rencontré ce matin une délégation de la Ville de Charleroi emmenée par la Première Échevine, Julie Patte (PS). “Le dialogue a été constructif” nous raconte la porte-parole de la Ville de Charleroi, Fanny Van Leliendael. “Les réclamations ont été déposées sur la table. Toute une série de pistes ont été dégagées. L’administration va maintenant les analyser en concertation avec les services concernés. Ensuite, les organisations syndicales seront concertées.”
Parmi les mesures envisagées, il y a la mise au point d’horaires décalés: “Cela permettrait de fluidifier les allées et venues vers le lieu de travail et de ne plus rassembler trop de monde en même temps au même endroit.”
La Ville de Charleroi veut aboutir rapidement, mais “la priorité sera donnée à l’élaboration d’un cadre professionnel applicable pour tout le monde. Les questions plus spécifiques à l’un ou l’autre service seront abordées dans un second temps.”
Organisation défaillante
De son côté, le secrétaire régional de la Centrale Générale du Service Public Administration et Institutions (CGSP Admi), Philippe Barbion, est ressorti beaucoup plus circonspect de la réunion: “Cela fait des années que l’on nous fait des promesses et personne ne voit jamais rien venir. Pourtant, certaines choses seraient faciles à mettre en place et ne coûteraient rien. Alors que le personnel est particulièrement stressé avec la Covid-19, le service 'Bien-Être’ ne vient jamais sur le terrain. C’est moi qui aie dû interpeller un brigadier pour proposer des horaires décalés. Pourtant, ce n’est pas notre rôle. Ce sont des problèmes d’organisation et de communication.”
Il cite un autre exemple frappant: “Avec les absences dues au coronavirus, il est interdit de prendre des jours de congé vu qu’il est obligatoire que 50% du personnel soit présent au minimum. Pendant ce temps, les chefs prennent les leurs ou sont des malades de longue durée. Les travailleurs se sentent abandonnés. Ils ne savent plus à qui s’adresser. Ce matin, l’échevin, Xavier Desgain, a dit en vidéoconférence qu’il viendrait lui-même signer un bon de commande pour du ciment. Mais cela fait un mois que les ouvriers attendent. Sans cela, ils ne savent pas travailler. Il y a trop de laisser-aller.”
Préavis de grève
Notre interlocuteur demande également des investissements: “Nous sommes prêts à en discuter. Nous manquons de bras. Par exemple, les crèches doivent respecter des normes d’encadrement pour que la sécurité soit garantie. Mais il n’y a plus assez d’employés pour s’en occuper correctement. C’est la même chose pour la désinfection des écoles. Si nous ne sommes pas entendus dans les plus brefs délais, cela signifiera la fin du service public. C’est une question de survie!”
Un préavis de grève tournante va être déposé en front commun syndical jeudi matin: “Chaque profession au sein de la Ville de Charleroi aura ainsi l’occasion de rappeler son utilité et les soucis rencontrés”. Les actions seront déclenchées le 18 novembre prochain si aucune avancée n’est constatée d’ici là.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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