La lettre émue de l'échevin de Langemark: "Ma femme et moi n'osons plus nous montrer"
L'échevin de Langemark, victime de chantage aux photos volées après sa participation à une fête dénudée dans un bar d'été de la ville, a publié une lettre ouverte sur son mur Facebook. Frank Gheeraert (Open VLD) y fait part du cauchemar éveillé qu'il vit depuis jeudi matin au réveil.
Voici l'intégralité de sa déclaration:
"Comme toute la Belgique le sait désormais, des photos dénudées de moi, ma femme et nos amis sont devenues virales jeudi. Nous sommes la victime première d'un pervers qui, équipé d'un appareil professionnel avec téléobjectif, a capturé plus de 800 photos de nous lors d'une fête privée dans un domaine fermé. L'auteur a parcouru 200 m dans un champ de maïs pour nous immortaliser à cette fête en bord de piscine où la plupart des gens étaient seins nus voire totalement nus, pour lever le voile sur la partie la plus sensible de la situation.
Jeudi matin, je me suis réveillé en enfer. Dans ma boîte mail, j'ai découvert un courrier électronique pour nous faire chanter avec 188 photos de la soirée. Le maître-chanteur utilisait un langage menaçant explicite exigeant de moi que je me retire de tous mes mandats politiques et que je fasse annuler tous les événements du bar d'été.
"Nous enverrons toutes les photos aux clients des participants"
'Si vous pensez que nous n'avons pas ces photos, vous pouvez toujours essayer de contenir les 800 clichés que nous diffuserons sur le net bien sûr, mais sachez que nous les enverrons aussi via sur l'adresse mail personnelle de tous les clients de La Brasa et de tous les clients des indépendants présents à cette fête à La Brasa. Nous avons constaté que vous jouissez du soutien de nombreux sponsors, ces derniers recevront eux aussi les photos si tous les événements prévus ne sont pas annulés d'ici jeudi 18h au plus tard. Une minute de plus et l'information sera divulguée à toute la Belgique via un seul message. Nous voyons déjà d'ici les gros titres à la une des journaux: L'Open VLD fête la victoire à l'avance dans le bar d'été le plus chaud', s'amusait le corbeau.
Divers conseillers communaux, indépendants, amis et autres ont également reçu ce courriel jeudi en début de matinée. J'ai immédiatement reçu plusieurs coups de téléphone inquiets mais je me rassurais en me disant que nous allions déposer plainte à la police et que celle-ci trouverait l'auteur. Dans l'intervalle, j'ai posté sur Facebook que je ne me laisserais pas intimider par ce chantage et ai demandé qui d'autre avait reçu le mail; sur le moment je pensais encore à une seule chose: limiter les dégâts. Je croyais encore tuer dans l'oeuf cette tentative d'extorsion.
"Mes enfants ont appelé en larmes, leurs amis les tournaient en ridicule"
À peine étais-je sorti du commissariat que j'ai reçu des appels paniqués de mes enfants en larmes. Sur Whatsapp, ils étaient tournés en ridicule par leurs amis et les images étaient devenues virales sur les réseaux sociaux avec un flot de réactions à la clé. Ma boîte mail, Messenger, whatsapp, Facebook... tout a sauté. Facebook s'est révélé un forum pour soi-disant juges, avocats et psychologues.
De là, je prends contact avec WeTransfer en signifiant que je suis victime de chantage et en demandant de supprimer les images. Une heure après très exactement, je reçois un mail signifiant que le contenu a été supprimé. Je les remercie d'ailleurs, car je ne m'attendais pas à cette rapidité d'exécution. Mais le mal était fait. Des milliers de gens avaient déjà reçu les photos et à la maison, c'était la crise.
Presse avide
C'est là que la presse écrite nous a passé un premier appel, me demandant si je voulais réagir. 'On restera discrets et on ne publiera pas de photos', me dit-on. Dix minutes plus tard, un premier article était publié et avec photos. Après un appel très énervé à cette rédaction de Flandre occidentale, je me rends à l'évidence: la presse peut et sait tout faire, la victime n'a qu'à se laisser traîner dans la boue. Sur chaque site d'informations visité, des histoires dignes de sites porno. On parle de fêtes sexuelles, d'orgies, de photos pornographiques... L'info, ce n'était pas le chantage, mais les images elles-mêmes de l'échevin", regrette-t-il.
"Un autre article sur HLN.be, à nouveau avec une photo. Et sous la photo, "copyright - Droits Réservés". Pour une photo prise par l'inconnu depuis le champ de maïs. Vous êtes sérieux? La presse a donc obtenu les droits sur les photos capturées par un pervers? La rédaction n'a même pas pris la peine de flouter les personnes pour éviter qu'elles soient reconnaissables". (NDLR: nos confrères de HLN démentent ces propos et soulignent que tous les participants avaient bel et bien été floutés et que le cliché d'illustration choisi était le moins explicite des centaines de photos disponibles)
"Nous avons tous des enfants et des parents, y pensez-vous?"
"Les journalistes n'ont-ils donc aucun scrupule à l'idée que les personnes présentes à cette fête ont eux aussi des enfants et des parents? Ce qui pour nous était une simple fête principalement entre naturistes (dont je fais partie et je n'en ai pas du tout honte) devient tout à coup une orgie sexuelle où l'alcool coule à flots. Comment pouvez-vous expliquer cela à vos proches par la suite? Deux jours de suite, les journalistes s'en sont pris à moi. C'est l'histoire d'une orgie sexuelle déjantée, et non le pervers, qui faisait la une, y compris sur les chaînes nationales.
Nous voilà une nouvelle fois victimes. Plus de ce pervers qui a porté atteinte à notre vie privée et à notre honneur ni de ces milliers de gens qui ont forwardé les clichés ou les ont commentés pour débattre de si oui ou non la loi pour la protection de la vie privée était d'application. Cette fois, c'est bien pire: la presse peut en toute impunité divulguer de tels clichés dans tous leurs médias.
"Où est le bouton 'accord' pour les victimes?"
Vendredi, un journaliste m'a contacté pour que nous nous asseyions autour d'une table afin de parler de l'humain qui se cache derrière cette histoire. Je n'ose plus. Je ne fais plus confiance à ces gens. 60 heures après la réception d'un mail d'intimidation, je n'ai toujours pas fermé l'oeil une minute. Je n'en peux plus, je ne parviens même plus à réfléchir, je suis mentalement détruit. M'asseoir encore face à un journaliste qui détournera chaque mot et suggèrera et publiera des demi-vérités... je n'en ai plus envie.
Il y a quelques mois, j'ai dû mettre les choses en ordre dans mon entreprise en regard du GDPR, la nouvelle réglementation européenne en matière de protection des données. Les sites d'information ont dû faire de même et désormais nous devons en tant que lecteurs être confrontés à des pop-up constants et très agaçants afin de donner notre accord. Mais où est ce bouton 'accord' pour les victimes? Et pourquoi? Parce que je suis politicien? À la lettre d'avocat demandant de supprimer les photos, nous avons reçu une réponse très sèche: 'S'il devait survenir une décision politique de laisser Frank occuper ses fonctions d'échevin, alors nous serions disposés à effacer les photos'.
"Je n'ai pas d'autre ambition quà l'échelle de la commune"
En raison des médias, de la coalition, et oui même de quelques uns de mon propre parti, ma légitimité politique est remise en question. Je suis politicien local dans une commune de 8.000 habitants. Je remplis ma tâche avec passion et enthousiasme. Je n'ai d'autre ambition que celle-ci et me passerais volontiers de l'attention du public à l'échelle nationale. Mon épouse et moi n'osons même plus nous montrer en public. Pas parce que nous étions présents à cette soirée où nous nous trouvions nus, mais à cause du jugement qui nous frappe via les médias.
Actuellement, nous vivons dans la crainte que les 600 autres photos fassent à leur tour le buzz sur internet, car nous revivrions tout cela une nouvelle fois. Voilà pourquoi je m'adresse à la presse écrite et aux médias en général. Arrêtez d'entretenir cette affaire dans l'espoir de proposer une nouvelle sale histoire au public. De plus en plus d'articles basés sur des rumeurs, des bribes de vérités et des mensonges apparaissent dans la presse. Vous n'avez pas réussi à saisir l'essence même de cette affaire, à savoir le chantage et l'intrusion dans notre vie privée, alors laissez tomber.
La main au parquet
Cette histoire nous a fait assez de tort à ma famille et moi et a suscité assez de peine. La police et le parquet font un boulot exceptionnel en ce moment. Ils ont toute ma confiance pour ce qui est d'identifier et d'interpeller le ou les auteur(s). Le parquet communiquera plus avant sur le dossier, laissez-nous un peu en paix désormais".
Ce résumé très ému de l'affaire a reçu nombre d'encouragements et de marques de sympathie sur Facebook, preuve que l'échevin reste apprécié dans sa commune.
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L'échevin de Langemark porte plainte après une lettre de menace
L'échevin de l'Aménagement du territoire de Langemark (Flandre occidentale), Frank Gheeraert, a porté plainte jeudi après-midi contre la personne anonyme qui a réalisé et diffusé des photos d'une fête ayant eu lieu dans le bar estival La Brasa, a indiqué la section yproise du parquet de Flandre occidentale. L'information a par ailleurs été confirmée par l'échevin lui-même.