La princesse Esméralda plaide pour le retrait des statues de Léopold II, Bouchez réagit

Également connue sous le prénom d’Esméralda, la princesse Marie-Esméralda de Réthy est la fille cadette de Léopold III et de sa seconde épouse Lilian Baels.

Dans ce texte, elle dénonce vertement les exactions et les dérives du régime de Léopold II. “Son règne a été brutal, même selon les normes de l’impérialisme du XIXe siècle. Il a pris personnellement contrôle du Congo, un territoire 77 fois plus grand que la Belgique, a réduit son peuple en esclavage, a pillé ses ressources et a fait des millions de morts”.

Et d’ajouter: “C’était aussi mon arrière-grand-oncle et j’estime qu’il est de ma responsabilité de me joindre au nombre croissant de Belges qui brisent le tabou pour parler des atrocités coloniales de notre pays. La colère envers les statues est compréhensible. (...) Pourquoi les personnes de couleur devraient-elles faire confiance aux mêmes autorités qui ont maintenu en place les monuments des colonisateurs et des esclavagistes? Ce sont peut-être des symboles, mais ils ne sont pas anodins. Leur présence continue est un rappel douloureux des traumatismes historiques”.

L’arrière-petite-nièce du roi colonisateur veut donc le retrait des statues de Léopold II en Belgique. “Elles glorifient les hommes - et oui, ce sont tous des hommes - qui étaient des suprémacistes blancs et qui ont apporté la mort et la souffrance aux indigènes de tant de pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique”, déplore-t-elle, désirant par la même occasion mettre fin à la “propagande”, notamment dans les écoles. “Nous devons enseigner aux enfants dans les écoles que la richesse et les grands bâtiments de la Belgique ont été financés par la vente d’ivoire, de caoutchouc et de bois pillés dans notre colonie. Les Congolais n’avaient pas le droit de posséder des terres ou de voter, ils n’avaient presque pas d’accès à l’enseignement supérieur. Le pays appartenait aux Blancs. Les mythes transmis de génération en génération sont une nostalgie coloniale aseptisée. Ils doivent être remplacés par des faits historiques”.

En outre, la princesse Esméralda parle aussi d’un “racisme systémique ancré dans nos sociétés européennes, dont l’histoire remonte au colonialisme et à l’impérialisme”. “Les minorités ethniques continuent d’être victimes de discrimination lorsqu’elles cherchent un emploi ou un logement, ou lorsqu’elles sont arrêtées par la police”.

Connue également pour son engagement en faveur du climat (elle est ambassadrice de WWF, ndlr), la tante du Roi Philippe dresse un parallèle entre le colonialisme, le racisme et la crise climatique. “Les ressources naturelles sont toujours pillées dans les pays en développement par les multinationales au profit des consommateurs des pays riches. Cela entraîne la destruction de l’environnement, tandis que les populations autochtones, traitées comme des citoyens de seconde zone, sont déplacées, brutalisées ou assassinées”.

Journaliste, écrivain, coauteur de plusieurs documentaires, la princesse Esméralda avait été interpellée le 10 octobre 2019 à Londres alors qu’elle participait à une manifestation d’Extinction Rebellion, un mouvement de désobéissance civile. La princesse avait été relaxée et aucune charge ne pèse contre elle.

Interrogé sur les propos de la princesse, le président du MR n’a pas mâché ses mots et l’a appelée à la cohérence. “Alors, elle doit renoncer à son titre. On ne peut pas avoir que les avantages d'un titre de fonction sans en assumer les conséquences. Léopold II fait partie de notre histoire. La colonisation fait partie de notre histoire. Est-ce que tout ce qui a été fait là-bas est digne et légitime? Certainement pas”.

L’écologiste Patrick Dupriez a lui salué sur Twitter la “lucidité intelligente d’une femme courageuse qui invite à comprendre le passé pour mieux construire un avenir commun”.

La princesse Esmeralda en faveur d’une consultation populaire et d’excuses du Roi

La princesse Esmeralda arrêtée à Londres lors d’une manifestation d’Extinction Rebellion