La rue Feronstrée est fermée sur toute sa largeur, ce qui inquiète les commerçants: “Je suis coincée”

Dans le cadre du chantier du tram de Liège, les travaux de raccordement d’eau (CILE) et de gaz (RESA) des habitations seront réalisés en Féronstrée, entre la rue Saint-Georges et la place Saint-Barthélemy, de ce lundi 6 au vendredi 17 février. Afin de réduire la durée de ces travaux impactants, l’emprise du chantier est agrandie et occupera toute la chaussée. Une déviation des piétons sera prévue entre 7h et 16h30. “Les commerces et habitations resteront accessibles”, tient à rassurer le TEC.

Malgré tout, les commerçants ne sont pas sereins. Surtout qu’ils n’ont été prévenus que vendredi, sur le coup de 15h. “On a préalablement eu une réunion pour nous décrire le phasage des travaux, mais jamais ils nous ont dit que la rue allait être fermée aux piétons”, dénonce Estelle Courtois, la gérante de la boutique “Delicatescence”. D’après elle, en discutant avec le responsable de chantier ce lundi matin, celui-ci l’a informée que les responsables savaient déjà depuis longtemps que la rue Feronstrée allait être fermée de la sorte, mais qu’ils “ne pouvaient pas communiquer là-dessus avant que le permis ne soit octroyé” par les autorités communales. Sur le chantier, personne n’a pu nous répondre.

D’après la commerçante liégeoise, même Elisabeth Fraipont, l’échevine en charge du Commerce, n’était pas au courant que cette rue, déjà interdite aux véhicules depuis avril 2022, allait être fermée pour la circulation des piétons. “Elle l’aurait appris en même temps que nous. C’est à se demander qui, à la Ville, est encore aux manettes du dossier. Comment l’échevine peut-elle l’ignorer, alors que les commerçants dépendent, en quelque sorte, d’elle?”, s’interroge Estelle Courtois. Nous avons tenté de joindre Elisabeth Fraipont, en vain.

Dans son courrier, le TEC indique que des agents seront présents afin d’accompagner les passants dans la zone de chantier. C’est, en effet, ce qu’a pu constater la patronne du loveshop ce matin. Elle émet toutefois des réserves. “Les piétons sont normalement déviés par la rue des Brasseurs et par la rue Hors-Château par les accompagnateurs présents sur le chantier. Mais apparemment, s’ils insistent un peu les clients peuvent rejoindre les commerces avec l’aide de ces agents”, explique-t-elle. “Chez moi, la pierre angulaire, c’est la discrétion. Certains clients viennent pour des choses pas faciles à avouer et n’osent pas expliquer à un inconnu qu’ils se rendent dans une boutique érotique.”

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Ce lundi, nous nous sommes rendus dans la zone de chantier et avons constaté que des panneaux de déviation avaient bien été installés entre la rue Saint-Georges et la place Saint-Barthélemy. Toutefois, personne ne nous a empêchés de poursuivre notre route dans la rue Feronstrée. Reste à voir si la situation sera identique dans les jours à venir, et jusqu’au 17 février.

Depuis le mois d’avril, la patronne est en difficulté financière. “J’ai perdu 100.000 euros de chiffre d’affaires”, nous explique-t-elle. “Pour moi, la Saint-Valentin est une période importante, mais je vais probablement devoir faire une croix dessus.” Et ce ne sont pas les 9.500 euros promis par la Ville qui vont l’aider à maintenir la tête hors de l’eau. “C’est une somme dérisoire”, commente la Liégeoise. “La demande est en cours. On m’a dit que cela pouvait prendre trois mois, le temps qu’ils étudient le dossier. Je ne comprends pas pourquoi, d’ailleurs, puisque j’ai reçu un courrier personnalisé indiquant que j’étais dans la zone de chantier où les commerçants peuvent bénéficier de l’aide maximale.”

Estelle Courtois est propriétaire, et non locataire, de sa boutique, et ne peut donc pas déménager comme elle le souhaite. “Je suis coincée... J’espère que tout rentrera dans l’ordre avant que je ne doive faire aveu de faillite”, conclut-elle.

Ce lundi après-midi, par voie de communiqué, la Ville de Liège a rappelé que, bien que les travaux débutés ce lundi empiétaient sur les deux côtés de la voirie, “le contrat de Tram’Ardent prévoit que les habitations et commerces restent accessibles à tout moment, et que ces derniers puissent évidemment être livrés “, soulignant que c’était au constructeur de “prendre toutes les mesures d’accompagnement nécessaires pour garantir ces accès”. En l’occurrence, Tram’Ardent a prévu la présence permanente de quatre personnes pour faciliter les déplacements dans la zone. Ce que nous n’avons pas pu constater lorsque nous nous sommes rendus sur place.

Le collège communal déplore que le consortium liégeois ait communiqué tardivement ce nouveau phasage des travaux en Feronstrée. “Conscient qu’il s’agissait d’une phase de chantier particulièrement difficile pour les commerçants concernés, les services de la Ville de Liège ont exigé qu’un contact individuel ait lieu avec chaque enseigne”, indiquent les autorités communales. Quant à l’échevine Elisabeth Fraipont, elle a insisté auprès du constructeur pour que “la signalisation de chantier ainsi que les cheminements piétons soient améliorés rapidement”.

Enfin, la Ville de Liège demande à Tram’Ardent et aux entreprises concernées de “déployer tous les efforts nécessaires afin de limiter autant que possible la durée de l’intervention et les nuisances occasionnées”.

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