“La situation en automne dépend entièrement de ce que nous allons faire cette semaine”
À quoi devons-nous nous attendre cet automne avec l’importante recrudescence de contaminations que l’on connait depuis plus d’une dizaine de jours? Éléments de réponse avec le virologue Marc Van Ranst et le biostatisticien Geert Molenberghs, des universités d’Hasselt et de Louvain. Un entretien croisé à lire dans Het Laatste Nieuws.
Cette résurgence estivale que l’on n’attendait pas si tôt ne présage rien de bon pour l’automne...
Marc Van Ranst: “Pas si tôt? Certes, nous avons baissé la courbe mais nous ne l’avons pas aplatie non plus. Nous sommes restés à 80, 90 cas par jour, des chiffres qui sont sans doute sous-estimés et que l’on peut multiplier par trois. Ce n’est pas une sortie de première vague très confortable. Votre question sous-entend que l’été et l’automne ne sont pas liés mais c’est bien le cas. La manière dont l’automne va se dérouler dépend totalement de ce que nous allons vivre maintenant. Cette vague peut-elle encore être arrêtée? Peut-être cette semaine. Sinon, il sera trop tard. On ignore en outre si celle-ci se poursuivra de manière linéaire ou exponentielle. Cette dernière option semble cependant peu probable car nous menons la vie dure au virus, malgré le déconfinement. Quoi qu’il en soit, les deux cas de figures ne sont pas bons.
Geert Molenberghs: “Le 1er septembre n’est qu’à six semaines d’ici alors que notre situation actuelle est en partie comparable à celle du 13 mars. Six semaines plus tard, nous étions alors à la fin du mois d’avril et sortions à peine du sommet de la vague. Si nous revivons la même chose, le pic de l’été sera encore présent à l’automne.
Marc Van Ranst : “Il y a quelques éléments que je peux prédire avec certitude: que les admissions à l’hôpital vont augmenter par exemple. Certains n’y croient pas et disent: “Oh, il y en a seulement que dix par jour”. Ils sont dans l’erreur. Cela ne va pas rester comme ça.
Geert Molenberghs: “Parmi les 1.200 nouveaux cas de la semaine dernière, on compte plus de 200 personnes de plus de 60 ans. Les risques d’hospitalisations et même de décès sont donc bien réels”.
Que peut-on dire avec certitude sur l’automne prochain?
Geert Molenberghs: “Que nous devrons être très prudents. Les universités, par exemple, ne doivent pas rouvrir avec des auditoriums pleins. Et comme l’a dit l’épidémiologiste Pierre Van Damme la semaine dernière, le secteur de l’événementiel peut oublier l’année à venir. Il n’y aura pas d’événements de masse, même si c’est ce que les gens souhaitent. Ce n’est pas un message agréable à entendre mais il faut être clair”.
Marc Van Ranst: “Nous suivons déjà beaucoup de mesures. La bulle qui nous entoure est plus vaste qu’auparavant. Quelqu’un qui se tenait à un mètre de soi ne nous faisait pas peur, maintenant c’est le cas. Surtout s’il s’agit d’une personne qui n’est pas dans sa propre bulle et que nous ne connaissons pas.”
Geert Molenberghs: “On voyage moins en automne. Nous comprenons que les gens ont besoin de vacances maintenant. Mais les grands groupes à l’étranger présentent un risque. Les personnes qui reviennent apportent le virus à chaque fois. Ce n’est peut-être pas politiquement correct de dire ça mais c’est une question de santé publique. Je suis d’ailleurs inquiet pour la Turquie en ce moment. Parce qu’un grand nombre de personnes reviennent de là-bas et contaminent localement. Il y a aussi des foyers dans la communauté marocaine, la communauté juive, à Watermael-Boitsfort et dans la partie la plus riche de Bruxelles. C’est toujours le même processus: un voyage et un mauvais accueil par la suite. C’est du déjà-vu. Pensez aux skieurs au printemps.”
Marc Van Ranst: “Si vous revenez de l’étranger avec de la fièvre, vous recevrez un bout de papier (à l’aéroport de Bruxelles, un dépliant sera distribué avec des conseils pour éviter la transmission du coronavirus, ndlr). Ce n’est tout simplement pas suffisant. Vous devez rediriger ces personnes à l’aéroport, les tester et les placer en quarantaine jusqu’à ce que le résultat soit connu. Un pays prospère doit pouvoir mettre cela sur pied. On devrait d’ailleurs dire à tout le monde de rester chez soi.”
Nous allions énumérer les choses qui nous rendent optimistes pour l’automne....
Geert Molenberghs: “Le plus grand danger qui nous guette est que nous évitions cette deuxième vague - ce que j’espère évidemment - et que nous décidions de nous relâcher en nous disant: ‘vous voyez, finalement nous nous en sommes sortis, on peut se permettre davantage de libertés maintenant’. Si nous parvenons à maîtriser cette deuxième vague, c’est que nous serons passés par le chas de l’aiguille. C’est aussi simple que cela. Ne soyons pas trop gourmand en automne. Il s’agit de ne pas aller trop loin, de ne pas tout perdre. C’est la discipline dont nous devons faire preuve. Jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin.”
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