La Ville de Charleroi investit plusieurs millions d’euros pour ses places et ses squares

La Ville de Charleroi a indiqué mardi lors d'une conférence de presse qu'elle avait programmé dans les années à venir la rénovation de 17 places et squares sur son territoire. Avec une méthodologie tout à fait inédite sur le plan de la participation citoyenne. La Ville compte impliquer les habitants dans les projets de rénovation par le biais de la Maitrise d’usage, une manière de faire qui consiste à donner une place aux citoyens qui le souhaitent au cœur du processus d’élaboration.

Le coût de l’opération sera de 32 millions d’euros. La Ville la financera sur base de fonds propres, mais également, pour certaines places, à l’aide de fonds européens ou régionaux. ​“En termes de financement, les travaux seront réalisés pour partie sur fonds propres et pour partie sur fonds Feder/​Wallonie. Avec un ratio des subsides très variable en fonction des cas” déclare le bourgmestre, Paul Magnette (PS) qui est aussi en charge de l’aménagement urbain.

Grâce aux espaces rénovés, la Ville de Charleroi compte notamment intensifier la présence de la nature en ville, améliorer le cadre de vie et favoriser la création de liens dans les quartiers.

Selon elle, les places sélectionnées (sur les 128 répertoriés sur l’ensemble du territoire) dans le cadre de ce plan pluriannuel communal d'investissements l'ont été sur base de critères comme ceux de la densité de population, de la priorisation des quartiers à rénover ou encore de l'inscription de la place dans un périmètre d'intensification urbaine.

“Ce sont des lieux de convivialité très prisés par nos concitoyens, mais beaucoup d’entre eux sont en très mauvais état. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé, avec le concours de multiples partenaires dont Charleroi Bouwmeester, l’administration, la Wallonie… un grand projet très ambitieux de rénovation dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement (NDLA. 2020/2021)” détaille Paul Magnette.

​“Parallèlement aux très importantes rénovations de voirie entamées sous la précédente mandature et que nous entendons poursuivre, j’ai souhaité faire la part belle aux places et aux squares qui sont dès espaces de rencontres et de véritables vecteurs de liens dans le quartier” ajoute-t-il.

“Pour chaque place, les objectifs visés sont de créer des espaces polyvalents, d’intensifier la présence de la nature en ville pour faire en sorte que les places renforcent le maillage des espaces verts en complément du schéma directeur des aires de jeux. Il s’agit aussi d’augmenter les surfaces perméables permettant l’infiltration des eaux de pluie, d’améliorer le cadre de vie et de favoriser le lien dans les quartiers, d’offrir du mobilier urbain durable et de qualité, de favoriser la mobilité douce et les transports en commun ainsi que d’aménager les places avec les habitants des quartiers via la Maîtrise d’usage”.

La ​’Maîtrise d’usage’ (MUS) est une forme de participation citoyenne à la puissance +. Elle est censée (re)mettre vraiment le citoyen au cœur du processus décisionnel, de A jusqu’à Z. Cela doit aller au-delà de l’enquête publique traditionnelle.

Selon L'Échevine Julie Patte (PS), en charge de cette matière au sein du Collège, c’est le côté systématique qui confère son caractère innovant à la démarche. ​“La maîtrise d’usage consiste à donner une place au citoyen qui le souhaite au cœur du processus de l’élaboration de projets aux côtés du maître d’ouvrage et le maître d'œuvre”. 

Avec de nombreux avantages à la clé: appropriation du projet par ceux qui en sont les bénéficiaires, maîtrise du coût global grâce à une meilleure appréhension des attentes, expertise du citoyen en sa qualité d’usager d’un espace public, confiance mutuelle entre les riverains et les institutions communales.

Qui est consulté? En fonction des projets, les habitants du périmètre, le tissu associatif local, les organisateurs d’événements récurrents, les écoles, les administrations, les acteurs actifs de la participation du district concerné pourraient être appelés à faire entendre leur voix via des réunions, des ateliers de construction ou d’e-consultation et d’autres techniques d’intelligence collective. ​

“Afin de rendre la consultation la plus souple possible, nous inscrirons celle-ci entre la pré-esquisse et l’esquisse. De cette manière, nous serons en mesure d’avancer sur une base concrète. Il va de soi qu’à terme, nous entendons élargir le processus à l’ensemble des projets que nous voulons développer”. Même le porteur de projet privé n’y coupera pas: la MUS devrait être intégrée au cahier des charges et entrer en ligne de compte pour la sélection des dossiers.

La Ville entend faire appel à un organisme extérieur (pas forcément toujours le même) afin de mener à bien cette mission. Eco-communication, une ONG active dans des projets de coopération au développement (financée par le fédéral) devrait s’atteler en premier à la concrétisation de cette dynamique participative dans le cadre de la réfection de la place Albert 1er à Monceau. Les travaux devraient y débuter dans le courant du mois de mai ou juin prochain. La convention de partenariat ne devrait pas coûter un centime à la Ville et devrait être conclue lors du prochain conseil communal.