L’appel de Tatou Ania, bénévole unijambiste sur le terrain depuis les inondations: “Chacun doit mettre ses compétences au service des autres”
Tatou Ania a 29 ans. Elle est unijambiste, mais surtout bénévole. Depuis six semaines, déjà, elle aide les personnes sinistrées dans les régions qui ont été touchées par les inondations de la mi-juillet. Elle estime à 450, le nombre de maisons visitées. Et son travail n’est pas fini. Nous l’avons rencontrée à Angleur, ce mardi, où elle prêtait main forte à deux voisines, chez qui l’eau s’est infiltrée, et qui ont encore beaucoup de boulot à abattre avant de pouvoir, un jour, rentrer chez elles.
Lorsque l’on circule en voiture dans les rues d’Angleur, on ne voit que très peu les stigmates des inondations. Quelques déchets, très peu; des camionnettes et quelques ouvriers, un peu plus. Ce n’est vraiment que lorsque l'on marche que l’on prend conscience de ce qu’il s’est passé. Ce mardi, il faisait beau et chaud à Liège. Mais à Angleur, l’odeur de l’humidité était présente, presque étouffante. En longeant les habitations, on ne peut s’empêcher de jeter un regard vers chaque fenêtre de chaque habitation. Dans certaines rues, il n’y a rien à signaler. Dans d’autres, en revanche, on voit des salons ravagés, des salles à manger aux murs nus. La plupart des pièces sont vides de meubles, mais pas d’humains. À l’intérieur, s’affairent les propriétaires, mais aussi des amis et des bénévoles, jusqu’alors inconnus, pour retaper les bâtisses et retrouver un peu de dignité.
Notre déambulation s’arrête devant deux maisons en particulier, dans une rue dont nous tairons le nom par respect pour les propriétaires qui souhaitent rester anonymes. Sur place, on retrouve Anne-Catherine, ou plutôt Tatou Ania, comme elle se fait appeler, une bénévole qui travaille depuis six semaines, au moins, dans les maisons des sinistrés. D’après elle, avec le groupe de bénévoles qu’elle coordonne, elle en a visité pas moins de 450. Ou plus, “à partir d’un moment, ça devient difficile à compter”, commente-t-elle.
À 2 ou 3h du matin, je travaille toujours et, à 5h, je me réveille en pensant aux adresses où je peux aider.
Rien ne l’arrête
La jeune femme de 29 ans n’est pas n’est pas une bénévole comme les autres. Ania est née avec une jambe en moins. Un handicap qui, malgré les difficultés, ne l’a pas empêchée de réaliser ses rêves et de devenir sportive de haut niveau. Depuis plusieurs semaines, elle a laissé de côté sa lame de course pour aider les sinistrés. Un travail qu’elle fait avec plaisir en parallèle de son gagne-pain d’éducatrice de nuit dans un foyer militaire à Nivelles. Elle estime à 100 le nombre d’heures passées de manière hebdomadaire à travailler. “Je ne peux pas me coucher dans un lit et me dire: “Tiens, je peux me reposer la tête”. À 2 ou 3h du matin, je travaille toujours et, à 5h, je me réveille en pensant aux adresses où je peux aider”, explique Ania. “J’ai déjà essayé de faire une pause de quelques heures, mais la chose m’a rattrapée. J’avais vingt appels, 150 notifications. Je ne peux pas stopper.”
Pour abattre tout ce travail, elle n’est pas seule. Dans chaque maison qu’elle visite, elle est accompagnée de bénévoles venus des quatre coins de la Belgique. Elle tient d’ailleurs à souligner l’incroyable élan de solidarité des habitants du nord du pays. “Dès le début, des pompiers et policiers flamands ont laissé tomber leur uniforme pour nous aider sur place”, indique-t-elle. Et en tendant l’oreille, on se rend compte que cet élan d’entraide entre le sud et le nord du pays n’est pas fini. Dans cette maison d’Angleur, on entend au moins quatre personnes, sur les huit présentes, parler la langue de Vondel.
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La jeune bénévole unijambiste invite tout le monde à se porter bénévole dans les zones sinistrées. Si certains ne sont pas en mesure d’aider sur place, ils peuvent le faire depuis chez eux, en prenant contact avec des personnes sur les réseaux sociaux, notamment, et en voyant ce dont elles ont besoin. “Chaque aide est utile, qu’elle vienne du plus petit au plus âgé. J’ai vu des équipes de bénévoles dont les parents amenaient leurs enfants, de parfois dix ans, et qui portaient la même chose que moi”, se souvient Ania. “J’ai une jambe en moins, j’ai donc développé ma force dans les bras et ai mis cette compétence à profit. Chacun doit trouver ses propres compétences et les mettre aussi au service des autres.”
Témoignage des voisines
Anita et Françoise (noms d’emprunt) sont voisines. Toutes deux ont été touchées par les inondations de la mi-juillet. Chez elles, l’eau est montée à 1,40 mètre. Leurs caves se sont retrouvées complètement sous eau, tandis que leurs rez-de-chaussée ont été partiellement détruits. Le jour des événements, fort heureusement, elles n’étaient pas chez elle. “La veille, mon mari et moi sommes partis en vacances. Ce sont nos enfants et nos amis qui nous ont prévenus de ce qu’il se passait”, se souvient Anita. “On n’a pas pu rentrer chez nous immédiatement, car l’assurance voyage ne couvrait pas les retours pour ce genre de raison. On devait être malade ou blessé... Ce n’est que quelques jours plus tard qu’on a pu rentrer et voir l’ampleur des dégâts.” De son côté, Françoise était chez son compagnon. “Quand je suis rentrée, j’ai vu tous mes meubles et mes souvenirs flotter dans le salon. C’était horrible...”
L’humidité s’est infiltrée partout, je ne peux pas laisser les choses pourrir comme ça...
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Vivre chez elle? Pas avant 2022...
Depuis, les deux femmes vivent, l’une chez un ami à Visé, l’autre chez son ex-compagnon tout proche. Tous les jours, elles reviennent chez elles pour avancer dans les travaux. Mais deux problèmes se posent. Le premier: la main d’œuvre. En effet, “si au début il y avait beaucoup de monde prêt à aider, cela commence peu à peu à se tarir. Parfois, on se retrouve seul dans notre maison avec des tâches à faire dont on ne s’imagine pas l’ampleur”, explique Anita. Le second problème: les experts qui ne viennent pas et les assurances qui tardent à agir. “Je n’ai pas eu la visite d’un expert, mais seulement celle d’un contre-expert qui m’a dit que j’étais sinistrée. Comme si je ne le savais pas...”, ironise Françoise. “En ce qui concerne l’assurance, je n’ai toujours pas vu la couleur de l’argent, et elle me freine beaucoup en disant qu’il ne faut pas que je casse tout, seulement ce qui a été sous eau. Mais l’humidité s’est infiltrée partout, je ne peux pas laisser les choses pourrir comme ça...”
Les deux voisines estiment qu’elles ne pourront pas retourner vivre chez elles avant janvier 2022, voire plus tard.
Remerciements
Malgré tout, elles gardent le sourire, même si celui-ci sert parfois à masquer leur fatigue et leur tristesse. Toutes deux sont très reconnaissantes envers les bénévoles qui viennent leur prêter main forte. “C’est une armée d’anges”, commente Anita.
Ania aussi tient à remercier les bénévoles qui l’accompagnent sur chaque étape: “Sans eux, rien de tout ça ne serait possible. Je leur ai clairement dit que si je mourrais dans un an ou deux, et qu’on a réussi à aider un petit peu partout, je serai vraiment reconnaissante de la vie que j’ai reçue.”
Retrouvez ici toute l’actualité de la région de Liège.
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