Le comportement de Bamouhammad normalisé à Bruges

Le comportement du détenu réputé dangereux Farid Bamouhammad, à propos duquel les gardiens de la prison de Namur sont partis en grève dernièrement, avait été stabilisé et normalisé à la prison de Bruges, affirme le ministre de la Justice Stefaan De Clerck dans une réponse à plusieurs personnalités politiques régionales.

Ces responsables politiques avaient interrogé Stefaan De Clerck à propos de la grève des agents pénitentiaires à la prison de Namur, exprimant leurs inquiétudes quant au transfert de Farid Bamouhammad de la prison de Bruges, une prison de haute sécurité, vers celle de Namur, qui ne propose pas le même degré de sécurité, a-t-on appris de source pénitentiaire.

Pour rappel, pendant une vingtaine de jours, les agents pénitentiaires namurois ont cessé leurs activités au sein de la maison d'arrêt pour protester contre la présence de ce détenu réputé turbulent. Ils n'ont accepté de reprendre leur poste que samedi matin, au lendemain du transfert temporaire de l'intéressé vers l'hôpital pénitentiaire de Saint-Gilles.

Le personnel pénitentiaire se sent démuni face à une telle personnalité et les agents ne sont pas spécialement formés pour travailler avec ce genre d'individu, indiquent ces responsables politiques, relevant que tout mouvement de Farid Bamouhammad entraîne l'arrêt des mouvements des autres détenus.

Un encadrement particulier est, de plus, prévu pour sa personne, et deux agents sont présents lors de l'ouverture de sa cellule. Par ailleurs, le détenu ne peut faire aucune activité avec les autres détenus. Dès lors, le monde politique régional s'interroge sur l'évolution du processus de réinsertion que la direction générale des établissements pénitentiaires avance afin de justifier le placement de l'intéressé à Namur.

"Les agents ne se sentent pas respectés dans leur travail, ils sont confrontés à un personnage pour la gestion duquel ils ne sont pas formés compte tenu du degré de sécurité imposé", a précisé l'un d'eux. Et un autre d'ajouter qu'entre le département de Bruges et sa cellule de Namur, Farid Bamouhammad aurait dû subir une période intermédiaire de deux ou trois mois pour stabiliser son attitude et son évolution.

En réponse à ces questions, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck a rétorqué que le transfert de l'intéressé était prévu depuis plusieurs semaines et qu'il avait été minutieusement préparé avec tout le monde."Le comportement de l'intéressé a été stabilisé et normalisé au quartier de haute sécurité de la prison de Bruges où il a séjourné pendant six mois. Avec son transfert dans un autre établissement, la possibilité de voir son comportement progresser est le but à atteindre. Le personnel doit accepter que c'est à la direction qu'il appartient de prendre des décisions en matière d'entrées et de sorties et ce n'est pas le personnel qui doit décider à ce sujet", note Stefaan De Clerck.

Le ministre ajoute que la prison de Namur ne peut refuser Farid Bamouhammad sous prétexte qu'il est dangereux. "On travaille dans le milieu carcéral. Or, la qualité de la prison de Namur est telle que les responsables doivent être à même d'accepter des détenus présentant un risque. Toutes les personnes qui sont en prison présentent, en principe, un risque ! Il est, par conséquent, assez délicat d'envisager le transfert vers un lieu où le détenu serait accepté. Il faut comprendre qu'une relation doit être établie entre la direction et le personnel pour organiser au mieux ce travail en prison", commente Stefaan De Clerck.

Ces réponses ne suffisent cependant pas aux yeux de plusieurs responsables politiques régionaux qui estiment que le transfert de ce détenu dangereux aurait pu éviter une partie du malaise social.

Stefaan De Clerck revient également sur la double évasion du 5 mars dernier à la prison de Namur. Il reconnaît qu'il s'agit d'un incident grave mais qui ne justifie en rien la remise en question du transfert de Farid Bamouhammad à la prison de Namur et que, contrairement à ce que les responsables politiques régionaux affirment, le moment n'était pas mal choisi. (belga)