Le leader du Vlaams Belang dans la presse francophone: l’interview qui fait polémique

Le onzième numéro de Wilfried paru ce jeudi fera certainement date dans l’histoire récente de la presse francophone. Outre une analyse de la gestion de la crise du coronavirus au sommet de l'État, les lecteurs du magazine peuvent y lire un long dossier consacré à l'extrême droite (et notamment son ascension en Flandre), des funestes années trente à nos jours. Entre Léon Degrelle et Matteo Salvini, on retrouve donc Tom Van Grieken, le jeune président du Belang qui a réussi l'exploit de replacer son parti tout en haut de l’affiche en Flandre. Selon les derniers sondages d’opinion, le VB se place désormais en tête des intentions de vote au nord du pays, devant son bourreau d’hier, la N-VA.

François Brabant, le rédacteur en chef de Wilfried, expliquait hier/jeudi sur La Première son choix d’avoir interrogé le leader d'extrême droite. L’ancien journaliste de La Libre et du Vif, par ailleurs professeur à l’UCLouvain, rappelle que cette interview n'est pas à prendre de manière isolée mais fait partie d’un dossier de quarante pages sur la violence dans le monde politique, notamment incarnée par l'extrême droite. Et François Brabant de rappeler l'actuelle position de leader du Vlaams Belang en Flandre, mais aussi au niveau belge selon les projections en nombre de sièges à la Chambre, d’après un sondage réalisé au mois de mars.

Cette interview somme toute classique ne participe-t-elle pas à la banalisation, à une forme de respectabilisation de l’extrême droite, demande le journaliste-animateur de “Soir Première” Arnaud Ruyssen. Le rédacteur en chef de Wilfried affirme qu’il n'était pas question de s’aventurer sur le terrain glissant de l’immigration, par exemple, mais bien d’analyser le positionnement politique de Tom Van Grieken et notamment de connaître sa version des négociations pour la formation d’un gouvernement flamand, auxquelles le VB a participé pour la première fois l’été dernier.

“Ceux qui pensent qu’on donne une image sympathique de Van Grieken à travers cette interview vont lourdement redescendre sur terre”, conclut François Brabant.

Il n’empêche, l’interview de Tom Van Grieken a suscité un torrent de réactions sur les réseaux sociaux, Twitter en particulier. Le principal intéressé a d’ailleurs salué une interview “rugueuse mais correcte”, en taclant la Wallonie prétendument communiste au passage.