Le ministre Ducarme est venu faire les soldes à Charleroi: “Aussi pour écouter les critiques”
ReportageLes soldes ont débuté samedi passé en Belgique. Elles avaient été déplacées du 1er juillet au 1er août à cause de la crise du coronavirus. Pour beaucoup de commerces, elles n’ont pas démarré sur les chapeaux de roue. L’actuel ministre des Indépendants et des Petites et Moyennes Entreprises (PME), Denis Ducarme, est venu en personne dans le centre-ville de Charleroi pour y faire ses emplettes ce mercredi matin.
Le rendez-vous avec Denis Ducarme (MR) est fixé à 10 heures 30 devant le magasin T-Shirt Mania situé à la rue de Dampremy à Charleroi. Il s’agit d’une boutique qui vend des t-shirts, des casquettes ou des masques personnalisés “à la carolo”, entre autres. Arrivé sur place, la conseillère communale locale du Mouvement Réformateur (MR), Manon Choël, vient immédiatement à notre rencontre: “Le ministre Ducarme aura un peu de retard. Il est retenu à une réunion au siège du parti.” Et pour cause, il discute avec d’autres pontes du MR de la suite à donner aux négociations pour la formation d’un gouvernement fédéral.
Invité à la terrasse d’un café avoisinant pour patienter, la députée provinciale, Fabienne Devilers (MR) est attablée en compagnie de collaborateurs. Les sujets de conversation portent sur le boulot, l’explosion au Liban et le renouveau de la Ville de Charleroi. Tout un programme!
“Bienvenue”
Bien que l’ambiance soit cordiale, l’attente commence à devenir un peu longue. Et le temps du ministre est compté. À 13 heures, il doit recevoir des représentants des forains à Bruxelles. À 11 heures, nous décidons donc de prendre de l’avance et nous nous dirigeons vers la première échoppe qui figure sur la liste des visites: T-Shirt Mania. Un petit écriteau est placé sur une étagère en face de la porte d’entrée. “Bienvenue au Ministre, Denis Ducarme” est-il écrit. À côté, du désinfectant pour les mains. Il est demandé de l’utiliser avant de pénétrer dans la surface commerciale.
Le gérant, Nicolas Géa, est bien présent. Après s’être occupé de clients, il répond bien volontiers à nos questions: “Ce que j’attends de la venue du ministre? J’espère déjà qu’il aura un peu de temps pour discuter parce que cela fait un moment qu’il devrait être là. Enfin, c’est déjà bien qu’il vienne sur le terrain.”
Aides et frustrations
Surtout que notre interlocuteur a beaucoup de choses à dire! “Je n’ai reçu l’indemnité de 5.000 euros pour les entreprises en difficulté face aux effets du coronavirus qu’au début du mois de juillet. J’avais pourtant introduit ma demande à la fin du mois de mars. C’était très rare quand quelqu'un répondait au téléphone pour répondre à nos questions. Lorsque le confinement a été décrété, nos revenus ont chuté. Mais nos frais fixes comme le loyer, les factures d’internet ou de gaz étaient toujours là. De mi-mars à mi-avril, j’ai fermé boutique car je ne savais toujours pas si j’avais droit à cette prime. Et puis, nos produits n’étaient logiquement pas une priorité pour les gens à ce moment-là. En plus, je trouve que cette prime de 5.000 euros pour tous les commerçants ne se justifie pas. Certains en ont plus besoin que d’autres. Cela aurait été plus pertinent de se baser sur les charges ONSS pour faire le tri.”
Un sujet intéressant. Mais de toute façon, Denis Ducarme n’aurait pas su lui apporter des précisions sur ce point. Ce coup de pouce financier est fourni par la Région Wallonne. L’élu politique officie, lui, au niveau fédéral.
“Autre frustration! Nous n’avons pu reprendre nos activités que le lendemain de la Fête des Mères. Or, c’est un événement qui nous assure pas mal de rentrées” nous narre Nicolas Géa. Cette décision avait, elle, été prise par le Conseil National de Sécurité (CNS). “J’ai aussi eu la désagréable surprise de voir nos colis surtaxés par la poste alors que nous avions décidé de prendre en charge les frais d’envoi pour faire plaisir aux acheteurs. Elle a justifié cette hausse de tarifs par un surcroît de travail depuis que le coronavirus a fait son apparition.”
Par contre, il est assez satisfait du droit passerelle accordé par le gouvernement fédéral: “Nous y avons eu recours à trois reprises. Que ce soit pour l’introduction du dossier ou pour le versement, cela a été assez rapide.” Les baisses de taxes et de charges communales sont également appréciées.
Baisse de fréquentation
Car en plus des difficultés suscitées par le coronavirus, le début des soldes n’est pas des plus positifs en ce qui le concerne: “Nous fabriquons de moins en moins d’imprimés, mais nous continuons pour satisfaire notre clientèle. En venant chez nous, elle peut bénéficier de réductions pour leur shopping en ville.”
Sur les 15 derniers jours, Nicolas Géa évalue la baisse de fréquentation à 20% par rapport à l’année dernière: “C’est peut-être à cause de certaines mesures de précaution instaurées. Mais en général, les gens les respectent. Peut-être aussi qu’il y a moins de passage car beaucoup ne partent pas en vacances cette année. Du coup, mes casquettes des Carolos en vacances ne se vendent plus bien.”
Congés
Seul dans son magasin, il prendra aussi des congés lorsque sa collaboratrice sera rentrée: “Je prendrai une semaine et je la passerai en Belgique. Il faut faire tourner l’économie ici.” Lui-même n’a jamais licencié son employée: “Quand nous ne pouvions travailler que du lundi au vendredi, je la faisais venir un jour sur deux pour ne pas qu’elle se retrouve au chômage. Et puis, je trouve important de pouvoir compter sur son personnel même quand cela tourne moins bien. Dans l’Horeca, ils ont parfois viré des gens car ils pensaient pouvoir s’en sortir comme ça. Mais moi, je ne voulais pas être confronté à une hausse soudaine du nombre de clients et de tomber ensuite en burn-out.”
“Ca, c’est génial!”
11h25. Denis Ducarme fait irruption: “Désolé pour le retard, mais je n’ai pas su me libérer plus tôt.” Deux petits checks du coude avec les journalistes plus tard, il s’intéresse au responsables des lieux: “Vous aviez commencé en tant qu’indépendant complémentaire avant d’ouvrir cette boutique?” Réponse affirmative. “Ça, c’est génial. De plus en plus d’indépendants complémentaires commencent une activité avec l’appui du digital. Et c’est grâce à cela qu’ils accumulent suffisamment de moyens financiers pour passer en activité principale.”
Depuis la crise du Covid-19, Nicolas Géa, a d’ailleurs multiplié le nombre de ses produits à commander sur la toile. Cela a le mérite de rassurer les gens qui ont peur de se déplacer.
Charleroi touristique
Le politicien n’était jamais venu dans l’enseigne. Il jette un coup d’œil sur les articles: “Ce t-shirt est vraiment super!” On y voit des destinations touristiques comme sur les panneaux des aéroports. Parmi elles, Charleroi. Elle figure tout en bas. “Je l’aurais vu tout en haut de la liste, moi” confie le ministre. “C’est parce qu’à la base, les gens ne choisissent pas Charleroi pour passer leurs vacances. Mais une fois qu’ils y viennent, ils ont du mal à s’en passer” rétorque le commerçant.
Deux clients entrent. Sandra Olivier n’a pas hésité à pousser la porte de l’établissement: “Je n’ai pas du tout peur. Les règles de sécurité sont appliquées partout. Les gens portent leurs masques. Du gel hydroalcoolique est disponible aux entrées. Vraiment, je conseille à tout le monde de venir dans les magasins.”
Campagne électorale?
Direction ensuite la Maison Dupuis. Avant d’y pénétrer, nous interrogeons Denis Ducarme sur la raison de sa venue: “On sait bien que les soldes de cette année ne se dérouleront pas comme d’habitude. Je me rends compte qu’elles n’ont pas bien débuté. Alors, je viens pour montrer qu’il n’y a aucun risque à venir faire ses courses. Et puis, je souhaite répondre aux interrogations des commerçants, connaître leurs problèmes spécifiques et écouter les critiques. Il y en a et c’est normal!”
Le libéral ne fait donc pas campagne en vue de prochaines élections fédérales? “Honnêtement, je suis à mille lieues de me lancer dans une démarche politicienne. Je m’en fous complètement. Cela fait cinq mois que je ne fais plus de politique. Les gens perdent leurs emplois. Nous vivons une situation dramatique. 30% des entreprises vont probablement tomber en faillite. Alors, celui qui fait de la politique politicienne en cette période, honte à lui! D’ailleurs, j’ai vu que la Ville de Charleroi avait octroyé une prime pour les indépendants. Hé bien, je dis ‘Bravo!’ même si le MR n’y est pas aux responsabilités. Les indépendants et les commerçants, c’est de l’emploi, mais c’est aussi de la convivialité. Vous imaginez une ville sans eux?”
Chômage temporaire
Chez Dupuis, Denis Ducarme n’est pas un inconnu. C’est un client régulier: “Au moins, les chemises, ici, me vont. Le rapport qualité/prix y est top! Comme je mesure 1m96, j’ai souvent du mal à trouver des chemises avec des manches à ma taille. Ici, c’est toujours le cas.”
La maison Dupuis a aussi subi la crise du coronavirus de plein fouet, mais elle tient bon. “Nous n’avons licencié personne lors de la reprise le 11 mai, mais nous avons mis deux personnes en chômage temporaire. Depuis mi-juin, notre équipe est de nouveau au complet” nous explique le gérant, Étienne Dupuis.
Début de soldes réussi
Contrairement à bon nombre de ses confrères, il ne se plaint pas du début des soldes: “Je suis assez content. J’ai été agréablement surpris. Les conditions intéressantes ont peut-être contribué à ces chiffres positifs. Un client qui achète trois articles reçoit une remise supplémentaire. Même les personnes âgées viennent avec le masque. Non, franchement, c’est animé toute la journée.”
Après avoir essayé quelques bermudas, le ministre se prépare à passer à la caisse. À l’extérieur, Charlotte Goisse attend son compagnon: “Je fais les soldes depuis lundi.” Elle non plus n’est pas effrayée par le coronavirus: “Je comprends la crainte de certaines personnes, mais il ne faut pas exagérer. L’important, c’est de ne pas trop toucher l’environnement.”
Aides insuffisantes
Denis Ducarme n’attend pas. Il fonce. Il est déjà à proximité de la rue de la Montagne. La responsable du café “Le Piéton”, Pepe Lellina, l’interpelle. Elle n’a visiblement pas l’habitude de se taire: “Nous sommes entrés dans une dynamique de l’entonnoir. Ici, c’est mort à plein d’endroits. Pour l’instant, c’est le temps de midi et il fait beau. Il y a un peu de monde. Mais autrement, l’établissement est vide. Que pouvons-nous faire à part subir?”
“Vous avez bénéficié du droit passerelle?” lui demande l’élu. “Bien sûr! Nous avons demandé tout ce à quoi nous avions droit. Ces aides sont utiles, mais pas suffisantes.”
“On veut nous faire peur”
Elle critique d’ailleurs ouvertement les décisions politiques prises par rapport à la crise du coronavirus: “Porter le masque toute la journée, ce n’est pas évident. Nous perdons notre identité et notre expression. Ce sont des facteurs importants pour un commerçant. En plus, ça ne sert à rien. Les masques nous protègent-ils? Non. S’ils ne protègent pas les infirmiers, ils ne nous protègent pas non plus. En plus, il n’y a que des personnes détectées positives pour le moment. Mais il n’y a pas plus d’hospitalisations.”
“C’est parce que ce sont des personnes de moins de 40 ans qui ont été testées” réplique Denis Ducarme. “Elles développent une forme moins sévère de la maladie, mais elles peuvent contaminer des personnes plus âgées.”
“Enfin!” réagit la gérante. “Les plages sont remplies, les frontières sont ouvertes et dans le même temps, on impose le masque. Moi, je dis qu’on veut nous faire peur.”
Perte d’identité
Ceci dit, le coronavirus n’a fait qu’empirer une situation déjà compliquée pour elle depuis que Rive Gauche a débarqué sur la Place Verte il y a trois ans: “Depuis lors, il n’y a plus de rues commerçantes. La ville perd son identité. A part le Boulevard Tirou et la rue de Dampremy, il n’y a plus rien. Moi-même, je ne vais plus à la Ville-Haute et je n’emprunte plus la rue de la Montagne. C’est trop insécurisant et ce n’est pas attirant. J’attends les projets pour la rue de la Montagne. Mais quand vont-ils être initiés?” La Ville de Charleroi, elle-même, ne le sait pas encore.
Pepe Lellina regrette aussi que le collège communal ne vienne pas dans son café: “Il ne donne pas l’exemple. Pourtant, cela nous aiderait en termes d’image de recevoir des personnes importantes.”
PSO
Par contre, elle tient à souligner les bienfaits du Peloton Sécurisation de l’Ordre public (PSO): “Nous nous sentons enfin encadrés. Quand des personnes posent problème, le PSO intervient dans les cinq minutes. Idéalement, il faudrait qu’il soit actif de jour comme de nuit.”
Pendant ce temps, le ministre a filé. Pas moyen de le retrouver! Pas grave. Le temps est précieux aussi pour nous.
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