Le MR sauvera-t-il le projet concocté par De Wever et Magnette? “Les gens en ont assez”

Denis Ducarme est venu visiter les commerces carolos avec une bonne heure de retard sur son planning. Il était retenu par une réunion avec tous les pontes du Mouvement Réformateur (MR). Sujet de la discussion: la suite à donner au projet de gouvernement fédéral élaboré par Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS). “Sophie Wilmès, Georges-Louis Bouchez et tous les ministres y ont pris part” nous raconte Denis Ducarme. “Nous avons débattu de la possibilité de former une coalition sur base de l’accord conclu entre la N-VA et le PS. Nous en sommes arrivés à la conclusion que nous sommes disponibles pour des négociations.”

Car si le PS, le SP.A, le CD&V, le cdH et la N-VA sont sur la même longueur d’ondes, cela ne suffit pas pour obtenir une majorité parlementaire. Ces cinq partis totalisent 69 sièges sur 150 (NDLR. Emir Kir ne siège plus pour le PS). Il manque donc au minimum sept sièges. Écolo et son pendant flamand, Groen (NDLR. 21 sièges à eux deux), viennent de refuser une alliance à partir de la note présentée par le duo Magnette-De Wever. Sauf ajustement plus vert, il ne reste donc plus que deux possibilités pour les négociateurs: s’allier avec un des deux partis libéraux ou avec les deux.

Problème. Bart De Wever s’en est pris frontalement au MR au micro de la chaîne de télévision flamande, VTM: “Plus personne ne veut encore du MR dans le gouvernement.”

“Nous ne répondrons pas aux attaques de Bart De Wever. Nous sommes là pour mettre de l’huile dans les rouages et non pas de l’huile sur le feu. Les gens en ont assez de tout cela” déclare Denis Ducarme. Mais les libéraux aussi ont déjà refusé d’accepter le plan tel que proposé par les deux plus grands partis à la Chambre des Représentants.

Par contre, notre interlocuteur ferme définitivement la porte à l’une des deux éventualités probablement restantes au binôme Magnette-De Wever: “Nous réaffirmons notre lien de fraternité avec l’Open VLD (NDLR. les libéraux flamands). Nous faisons face aux difficultés ensemble. Il est important de travailler en famille et de se rassembler pour trouver des solutions collectives.” Ce sera donc avec le MR et l’Open VLD dans un gouvernement ou rien.

Dans ces conditions, une solution est-elle toujours possible? “Oui” répond le ministre. Et pour lui, il n’y a plus de temps à perdre: “Deux facteurs nous y obligent. Le premier, c’est que cela fait un an et demi que nous nous retrouvons sans gouvernement de plein exercice. Le second, c’est la crise du Covid-19. Elle va entraîner de nombreuses faillites. Le risque est évalué à 30% des entreprises du pays. Beaucoup de gens vont perdre leurs revenus. La perte du PIB (NDLR. Produit Intérieur Brut) devrait être supérieure à 10%. On annonce une augmentation de plus de 150.000 chômeurs. Il faut quand même se rendre compte que nous n’avons plus jamais vu cela depuis la Seconde Guerre Mondiale. Alors, si on n’y arrive pas maintenant, est-ce qu’on parviendra encore un jour à gouverner ce pays?”

Les missionnaires royaux Paul Magnette et Bart De Wever ont prévu de revoir cette semaine les libéraux. Ni les modalités ni le timing de cette rencontre n’ont été précisés.