Le PTB met Paul Magnette hors de lui: “Pourquoi ne l’avez-vous pas fait?”
Lundi soir, le Conseil Communal de la Ville de Charleroi a duré un peu plus de quatre heures. La fin de la séance en ligne a été houleuse. Des critiques émises par le candidat du Parti du Travail de Belgique (PTB), Germain Mugemangango, ont ulcéré le bourgmestre carolo, Paul Magnette (PS).
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“Vous allez continuer à nous faire la leçon jusqu’en 2024 avec vos belles théories? Moi, je vais vous dire: arrêtez de donner la leçon aux autres et un jour, essayez de travailler et d’aider véritablement les gens. À ce moment-là, vous aurez peut-être la légitimité pour expliquer aux autres ce qu’ils doivent faire.” Tel un boxeur dans l’arène, Paul Magnette a asséné ses coups verbaux au conseiller communal du PTB, Germain Mugemangango. Touché, ce dernier n’a pas été autorisé à réagir. Ce qui n’a pas manqué de susciter la controverse. Les deux réactions allouées à chaque groupe politique avaient déjà été utilisées par le parti de gauche radicale.
Objet du courroux
Ce que le PTBiste reprochait à la majorité en place à Charleroi, c’est le manque de logements sociaux pour les personnes les plus précarisées et notamment le remplacement de 510 logements sociaux par des logements à loyer d’équilibre: “On va simplement remplacer un groupe plus précarisé par un groupe moins précarisé. La question se pose: que va devenir le groupe plus précarisé?”
Le chef de groupe PS, Jean-Philippe Preumont, lui avait rétorqué: “Ces logements à loyer modéré, c’est pour qu’il y ait un peu plus de rentrées financières. On ne peut tout le temps donner, donner, donner sans pouvoir récupérer un minimum de rentrées financières.”
Solution toute trouvée?
Mais cette explication n’a pas contenté Germain Mugemangango: “Le seul moyen d'avoir un parc locatif qui soit rentable, c’est de l’élargir de telle manière que l’on puisse avoir dans le parc des personnes qui ont besoin de logements parce qu’elles ont de petits revenus et avoir dans le même parc des personnes qui veulent un logement de qualité, social et public et qui peuvent payer un loyer plus élevé. Pour ça, il faut agrandir le parc locatif global (...).
Vienne nous montre comment il faut faire pour gérer financièrement leur parc social et public
À Charleroi, on est à plus ou moins 9% de logements publics. En Wallonie, on en est à plus ou moins 7%. Alors qu’il y a d’autres pays, comme à Vienne, où on est à 30 ou 33%. Eux nous montrent comment il faut faire. (...) Vu qu’ils ont un large parc locatif public, ils peuvent gérer financièrement leur parc social et public. Pourquoi? Parce que si le secteur du logement rapporte au privé, il peut aussi rapporter au public. Mais pour autant qu’il y ait un large parc locatif et pas un petit parc où on va remplacer un public plus précaire par un public moins précaire.”
Ce qui a eu le don d’agacer au plus haut point le maïeur de la première ville wallonne: “Vous faites de très beaux discours. Vous connaissez la théorie sur le bout des ongles, hein. Il faut plus de logements. Ça, tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut plus de logements. Il faut plus de logements publics. Évidemment, tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut plus de logements publics. Il faut plus de logements sociaux. Tout le monde est d’accord. Qui peut être contre ça? Mais pourquoi est-ce que vous ne l’avez pas fait, Monsieur Mugemangango? Quand on a négocié l’accord de coalition en 2018 pour la nouvelle législature, je vous ai proposé de rentrer dans la majorité.
C’est facile de faire des beaux discours et d’expliquer comment il faut faire, etc. Mais se retrousser les manches et essayer de construire des logements, c’est beaucoup plus difficile.
Je vous ai même dit que si le PTB rentrait dans la majorité, le PTB pouvait avoir l’échevinat du Logement et la présidence de La Sambrienne (NDLR. la Société de Logements de Service Public de la ville de Charleroi et de la commune de Gerpinnes). Et vous avez refusé! Et vous avez refusé parce que c’était trop difficile! C’est facile de faire des beaux discours et d’expliquer comment il faut faire, etc. Mais se retrousser les manches et essayer de construire des logements, de régler les problèmes des gens et de les aider au quotidien, ça, c’est beaucoup plus difficile. Et ça, vous n’avez pas voulu le faire.”
Inimitié
Cette inimitié entre le chef du Parti Socialiste (PS) et le PTB n’est pas neuve. À de nombreuses reprises, des passes d’armes ont eu lieu entre Paul Magnette et des représentants ou des militants du parti contestataire. Hier encore, le Carolo s’en est donné à cœur joie face au président du PTB, Peter Mertens, sur le plateau de la RTBF dans l’émission “A votre Avis”.
Il faut dire que le parti d’opposition ne le ménage pas. Très présent sur le terrain, il est de toutes les batailles. Le personnel de la Ville de Charleroi fait grève? Le PTB envoie une délégation. Les hôpitaux carolos sont en difficulté face au coronavirus? Le PTB va les soutenir moralement sur place. Et Paul Magnette ne veut pas lui laisser le champ libre. Il répond. Toujours du tac au tac.
Retrouvez, ici, toute l’actualité de Charleroi et de sa région.
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