Le rapport confidentiel des experts sur le variant britannique en Belgique: “La situation est alarmante”

Plus de 17 scientifiques - dont Emmanuel André (UC Louvain), Herman Goossens (U Anvers) et Piet Maes (KU Leuven) - ont fourni des conseils et des chiffres pour un rapport qui a été remis mardi à tous les ministres concernés. Pour une raison encore inconnue, le rapport a reçu un “statut confidentiel” et n’a donc pas été communiqué au public. Les journalistes de Het Laatste Nieuws ont pu le consulter. Ils dégagent quatre conclusions. 

Une étude britannique a montré que le variant britannique était 30% plus contagieux que la variante actuelle. Mais d’après le rapport des experts, la variante britannique est 65 % plus contagieuse que le coronavirus “classique”. “Cela correspond à ce que d’autres pays européens rapportent entre-temps”, écrivent les auteurs du rapport. “Notre conclusion est solide et fiable.”

Une conséquence logique de cette forte contagiosité est que le variant britannique se répand extrêmement rapidement. Depuis le 1er décembre, 30.000 tests positifs au coronavirus ont été recensés, et la part du variant britannique au sein de ce groupe a également fortement augmenté. 

Les scientifiques estiment qu’entre 15 et 25% des cas positifs actuels sont désormais touchés par la variante britannique. Même si les données sont limitées, les experts estiment que “fin février, 90% des infectés en Belgique porteront la variante britannique”.

Les retours de voyages hors Europe expliqueraient la flambée des cas positifs au variant britannique. Dans les échantillons étudiés par les experts, le mutant était relativement peu présent avant les vacances de Noël, mais par la suite, la variante s’est fortement propagée dans notre pays. 

“Plus récemment, on a également observé davantage de variantes dans les groupes d’âge plus jeunes et chez les personnes âgées. Une combinaison de facteurs peut être à l’origine de cette situation : une politique de dépistage plus ciblée sur ces groupes et un degré plus élevé de transmissibilité du virus dans les écoles et les maisons de retraite.”

Selon les experts, le taux de reproductivité du virus (R) pourrait atteindre 1,65 en février ou mars. Cela signifie que 10 Belges infectés par le variant infecteront alors en moyenne 16 autres Belges. Le rapport affirme que les mesures actuelles ne sont pas suffisantes. “La situation est alarmante”, écrivent les experts. 

Le virologue Steven Van Gucht souligne qu’il y a encore beaucoup d’incertitude autour des conclusions. “Ce rapport est basé sur des données limitées et nous devons donc considérer ces résultats comme le pire des scénarios. De plus, le fait que la variante britannique devienne dominante ne change pas en soi la stratégie: nous devons limiter le nombre d’infections, indépendamment de quelle variante est dominante.”

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