“Le seuil établi de 800 nouveaux cas par jour s’éloigne encore un peu plus”

“Si on regarde les derniers jours, on a effectivement une stabilisation à un niveau beaucoup plus élevé que l'on souhaiterait”, a reconnu Yves Van Laethem. “Cette tendance est surtout marquée au nord du pays et dans la province de Luxembourg. Actuellement, on continue à voir les chiffres baisser à Bruxelles et en Wallonie”, a-t-il précisé. 

“On ne connait pas exactement la raison de ce phénomène”, a-t-il reconnu. “Néanmoins plusieurs éléments peuvent l’expliquer. Premièrement, l’extension du dépistage, depuis le 23 novembre, aux personnes asymptomatiques à haut risque et à celles de retour d’un voyage à l’étranger. Cependant, le nombre de test n’a pas tellement augmenté et donc ceci ne peut expliquer l’entièreté du phénomène que nous constatons actuellement”, a-t-il tempéré.

Une deuxième piste est l’augmentation de nouveaux cas chez les enfants, et de manière plus modérée, chez les adolescents. “Ceci est probablement une conséquence de la réouverture des écoles il y a trois semaines”, a expliqué l’infectiologue. Ainsi, chez les enfants de 0 à 9 ans, l’augmentation des contaminations est de 46%, chez les enfants de 10 à 19 ans, elle est de 10%. “En quantité absolue, ceci n’est pas extrêmement important mais cela peut jouer un rôle”, a-t-il ajouté. “On ne sait pas où ces infections se sont produites. Mais on a déjà estimé, lors de la première vague notamment, que la majorité des infections se faisaient de la maison vers l’école, des adultes vers les enfants. Il faudra préciser si c'est effectivement toujours le cas”, a précisé Yves Van Laethem. “Ceci nous montre qu'il ne faut absolument pas baisser la garde dans le milieu scolaire et qu'il faut faire attention avec le mélange des tranches d’âge”, a-t-il rappelé, alors que se profilent les fêtes de fin d’année. 

“Dans un certain nombre de provinces, en Flandre-Occidentale notamment, on assiste à une augmentation des cas chez les personnes de plus de 80 ans. Dans d’autres provinces (Anvers, Luxembourg), celle-ci touche particulièrement les personnes dans la quarantaine, les personnes actives, entre autres. Pour la province de Luxembourg, ceci s’explique peut-être par les allers-retours de nombreux travailleurs au grand-duché et on sait que le Luxembourg est l’un des pays avec le taux de contamination le plus élevé d’Europe”, a par ailleurs détaillé l’expert.

“Toutes ces explications sont des spéculations”, a-t-il reconnu. “Nous n’avons pas la preuve qu’elles jouent un rôle décisif.”

Du 27 novembre au 3 décembre, la moyenne de nouvelles infections quotidiennes est de 2.163, “soit une diminution de seulement 10%”, a déploré Yves Van Laethem. Actuellement, le nombre d’infections baisse de moitié seulement tous les 46 jours, “ce qui est beaucoup plus long que la diminution que l’on avait jusqu’il y a peu. Avec un tel ralentissement, le fameux seuil établi de 800 nouveaux cas par jour s’éloigne encore un peu plus de nous. On avait dit vers Noël ou la fin de l’année. Si ceci continue à ce rythme, on pourrait n’y arriver que fin janvier ou courant février.”

D’un point de vue géographique, les nouveaux cas diminuent à l’échelle nationale mais augmentent dans la province de Luxembourg (+19%), en Flandre-Occidentale (+8%), dans le Brabant flamand (+4 %) et le Limbourg (+2%). Dans la ville d’Anvers, on connaît une hausse des chiffres de 14%, a-t-il précisé.

Concernant les hospitalisations, les chiffres stagnent. Les admissions à l’hôpital, à 188,7 en moyenne par jour entre le 30 novembre et le 6 décembre, continuent de baisser. Mais par rapport à hier (moyenne de 187,7 par jour), on remarque une légère hausse. Pour rappel, il faut descendre à une moyenne de 75 admissions par jour pour que le gouvernement envisage des assouplissements. Ce seuil pourrait être atteint au début du mois de janvier, et non plus à la fin du mois de décembre comme évoqué plus tôt, a expliqué Yves Van Laethem. “Cette évolution récente se marque dans tout le pays mais elle est plus prononcée, ce qui peut paraître paradoxal, en Wallonie et en particulier dans le Luxembourg et le Hainaut. Il n’y a pas d’explication claire à cette observation. Il faudra suivre les courbes dans les jours qui viennent.”

Avec 109 morts en moyenne par jour, les décès continuent eux leur baisse “à un rythme relativement soutenu de 19%”, a enfin commenté Yves Van Laethem.

“Ces nouvelles sont un peu moins réjouissantes, mais ce n’est pas une raison pour se décourager. Ceci est peut-être une phase transitoire et il n’est pas impossible que l’on revienne d’ici quelques jours à une diminution des chiffres que nous souhaitons tous de tout cœur”, a rassuré le porte-parole. “Ceci ne doit pas nous faire baisser les bras mais nous rappeler qu'il faut continuer, peut-être encore mieux,  à appliquer les mesures. De soigner les détails, de se laver les mains encore plus souvent, de ne pas oublier de porter le masque là où il le faudrait. Des petits détails dans ce type de situations peuvent faire une grande différence”, a -t-il encouragé. 

Yves Van Laethem a une nouvelle fois appelé les Belges à télétravailler le plus possible. La mobilité a augmenté depuis la rentrée de novembre, “ce qui est normal”, a-t-il concédé, du fait notamment du retour à l’école. “Si vous êtes obligé de vous rendre sur votre lieu de travail, appliquez les distances de sécurité. C'est le point le plus important”, a-t-il insisté. 

De même, concernant les courses, “essayez de faire un shopping local plus que régional et optez pour un shopping rapide à défaut d’un ‘shopping plaisir’. Au niveau familial - et on sait que c’est là le gros de la contamination se passe -, essayez au maximum de n’avoir qu’un seul contact rapproché, et pour ceux qui peuvent, d’avoir un contact rapproché qui ne soit pas trop proche.” 

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“Consultez votre médecin au moindre symptôme potentiel”, a-t-il poursuivi. Il ne faut évidemment pas surcharger le système médical mais comme le fait remarquer l’infectiologue, trop de temps se passe entre l’apparition des symptômes et la consultation d’un médecin, soit environ deux à trois jours. “On peut certainement gagner un jour là-dessus. Une journée, c'est du temps où vous ne contaminerez pas d’autres personnes”, a-t-il fait valoir. Il faut également se mettre en quarantaine dès les premiers symptômes.  

Yves Van Laethem a également appelé à éviter les déplacements dans les pays transfrontaliers. “La plupart des pays qui sont proches de nous ont une épidémiologie qui n’est pas spécialement favorable. Le taux d’infection est relativement élevé, voire plus élevé, aux Pays-Bas, en Allemagne et particulièrement au grand-duché de Luxembourg. En dehors des déplacements nécessaires et essentiels, pour votre travail par exemple, évitez un maximum de vous rendre dans les pays proches”, a-t-il conclu, appelant une nouvelle fois à la prudence lors des fêtes de fin d’année.