Les Belges ont-ils pris trop de risques ce week-end? “Qu’on en profite un peu”, tempère Steven Van Gucht

C’était prévisible, le faux air de printemps qui a valu au pays un écart des températures de 20 degrés en une semaine a poussé les Belges à mettre le nez dehors. Après l’affluence à la mer du Nord samedi, et l’appel du bourgmestre d’Ostende à ne pas se rendre dans sa ville, ce sont les images de rassemblements dans les parcs du pays, mais aussi le long des cours d’eau ou sur les places des centres-villes, qui ont fleuri sur les réseaux sociaux. Ici et là sans plus aucun respect des mesures sanitaires, tandis que la police assistait bien impuissante aux scènes de liesse à Bruxelles, par exemple. D’aucuns dénoncent ce manque de civisme et la fausse impression de sécurité alors que la campagne de vaccination n’en est qu’à ses prémices. Certains estiment qu’il s’agit d'une “gifle” en plein visage du secteur culturel et de l’horeca, toujours à l’arrêt dans l’attente d'une situation sanitaire plus favorable.

Les véritables incidents sont globalement restés limités, et la SNCB estime avoir géré le flux de touristes d'un jour: “On s’y était préparé avec un dispositif spécial et la situation est restée sous contrôle”, a expliqué Vincent Bayer, porte-parole. “Pour ce week-end, dix trains en stand-by par jour en plusieurs endroits stratégiques avaient été prévus ainsi qu’une présence renforcée des agents Securail et de police dans les grandes gares du pays afin d’encadrer les éventuelles affluences et rediriger les navetteurs vers d’autres trains en cas de trop forte concentration”. 

On ne peut pas en dire autant de certains espaces verts bruxellois, comme au bois de la Cambre à Bruxelles qui ressemblait davantage à une plaine de festival qu’à un espace vert par temps de pandémie (voir vidéo sous l’article). Généralement, ces comportements “négligents” sont vivement critiqués par les experts de la crise sanitaire. Cette fois, c’est l’empathie qui semble dominer, malgré l’émergence des variants et leurs premiers effets sur les courbes du virus.

“Le virus est toujours là, et il y a bel et bien toujours un risque d’infection, même à l’extérieur”, rappellent tout d’abord Geert Molenberghs, biostatisticien aux universités d’Hasselt et Louvain, et Steven Van Gucht, virologue de Sciensano. Mais ils appuient surtout le fait que ce sont les endroits fermés où s’agglutine le public, notamment dans un train bondé, que la plus grande prudence est de mise. “Il est important que les gens se tiennent encore à leur bulle de contacts, même à l’extérieur”, confirme cependant Steven Van Gucht. 

“Mais je sais aussi que souvent, les images de ces foules sont plus impressionnantes que les rassemblements ne le sont vraiment sur le terrain. Je suis moi-même allé me promener ce week-end, c’est vrai qu’il y avait du monde sur les pistes cyclables et dans les plaines de jeux. Mais à aucun moment je n’ai eu le sentiment de ne plus être en sécurité. Je me fais davantage de souci pour ce qui se passe dans la sphère privée. Les gens sont las des mesures sanitaires et sont un peu plus laxistes. Espérons donc que le beau temps sera surtout bon pour notre moral et nous donnera l’énergie de tenir bon”, résume-t-il.

Geert Molenberghs rejoint cet avis nuancé sur les scènes du week-end. Il estime qu'il convient d’observer cela avec un œil positif: “Ne nous en retournons pas trop non plus: nous savons que le risque d’être contaminé à l’extérieur n’est pas nul, mais qu’il est faible. Nous avons déjà dû endurer tout cela tout l’hiver. Alors si possible, allons nous aérer: il y a tellement d’avantages à cela, et la différence avec l’air respiré à l’intérieur est énorme. Alors qu'on profite de cette météo. De manière responsable, avec suffisamment de distance, et sans se retrouver au milieu de la foule”, précise-t-il encore.

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