Les C-130 belges partent à la retraite après quelque 50 ans de service

Cet appareil, qui a été de toutes les opérations, militaires ou humanitaires, menées par l'armée belge sur quatre des cinq continents depuis près de 50 ans, a ainsi cédé le relais à son successeur, l'Airbus A400M. Cet avion, baptisé Atlas, reprend à son compte les missions du légendaire "Mighty Herk". Cinq des huit appareils commandés en commun avec le Luxembourg sont déjà en service.
Les deux types se sont d'ailleurs salué une dernière fois dans le ciel belge, lors d'un vol en formation organisé par la composante Air au profit de la presse, un "tour de Belgique" perturbé par les mauvaises conditions météorologiques, ont constaté des journalistes de l'agence Belga à bord de ces appareils.

En près de 50 ans, les C-130, véritables "bonnes à tout faire" du transport aérien belge ont effectué quelque 285.000 heures de vol et 199.500 atterrissages, transportant 150.000 tonnes de fret en réalisant l'équivalent de 3.900 tours du monde, a indiqué vendredi le responsable de la maintenance de ces appareils, le major Guy Bodet.

“C'est la fin d'un avion légendaire, au service de la Force aérienne, du gouvernement et de ses partenaires internationaux", a résumé le commandant du 15e wing, le colonel Frank Vandenbussche.

"La légende du C-130 est une réalité et elle s'est réalisée ici, uniquement ici", a-t-il ajouté, en rappelant la devise ("Tenacity") de son unité, à la tête de Sioux comme insigne.

Pas plus tard que dimanche dernier, l'un des quatre derniers appareils encore en service, le CH-01, porteur d'une décoration spéciale pour célébrer ces 50 ans sous les cocardes belges, avait effectué les ultimes "drops" (largages) de parachutistes belges en Afrique, lors de l'exercice Tropical Storm qui se déroulait au Gabon.
La Belgique avait acquis au début des années 1970 une flotte de douze C-130H, construits par l'avionneur américain Lockheed Martin. Ils ont été livrés entre juillet 1972 et avril 1973 à la 20e escadrille, remplaçant d'antiques bimoteurs C-119 Flying Boxcar.

Un appareil, le CH-06, a été perdu dans un accident survenu le 15 juillet 1996 sur la base aérienne d'Eindhoven (sud des Pays-Bas), provoquant la mort de 34 personnes sur les 41 occupants, dont les quatre membres d'équipage et des membres d'une fanfare militaire néerlandaise à la suite d'une collision en phase d'atterrissage avec un essaim d'oiseaux. Un autre, le CH-02, a été détruit le 4 mai 2006 dans l'incendie d'un hangar de la société Sabena Technics à Zaventem lors d'un grand entretien.
Il a été remplacé en mars 2009 par un avion d'occasion - un ex-C-130E "chasseur d'ouragans" au sein de l'US Air Force - plus ancien, car construit en 1965, mais porté au même standard que le reste de la flotte, le CH-13.

Neuf appareils, dont les CH-05 et CH-07, les deux derniers à s'être définitivement posés vendredi, ont été rachetés par Sabena Aerospace, entreprise appartenant au groupe Blueberry, et Blue Aerospace, société du groupe Heico, tout comme les moteurs, les accessoires, les pièces détachées ainsi que les équipements de soutien au sol. Seul le CH-13 a été donné au War Heritage Institute (WHI, le parastatal de la Défense dédié à la conservation du patrimoine historico-militaire et à la mémoire. Il est préservé à Beauvechain, en dépit de protestations d'élus flamands qui préféraient le voir exposé à Melsbroek, sa base d'attache.

"L'un des (huit autres, NDLR) avions a déjà été revalorisé et les sept autres seront soit démantelés et les équipements recyclés et réutilisés sur d'autres avions, soit feront l'objet d'une importante maintenance opérée en partie par Sabena Aerospace, en vue d'être revendus à un nouvel utilisateur", a précisé l'entreprise à l'agence Belga.

Deux appareils devraient être stockés temporairement à l'aéroport de Charleroi-Gosselies à partir de mercredi prochain, selon des sources militaires.