Les chiffres baissent mais Marc Van Ranst reste prudent: “Au gouvernement de décider de ce qui vient en premier, retourner au café ou rendre visite à mamie”
Les chiffres de l’épidémie vont dans la bonne direction, le nombre de nouvelles infections a ainsi diminué de 15% la semaine dernière. Cette baisse des indicateurs nous fait immédiatement espérer des assouplissements. Or, pour le virologue Marc Van Ranst, il est encore un peu trop tôt pour les envisager. “Grâce aux mesures actuelles, nous avons sauvé 10.000 vies”, lance le virologue à nos confrères de Het Laatste Nieuws.
Sander Van den BroeckeDernière mise à jour:14-02-21, 23:05Source:HLN
HLN: Selon Geert Molenberghs, nous pouvons éviter une troisième vague si nous continuons à suivre les mesures. Êtes-vous d’accord?
Marc Van Ranst: “Tout à fait. La courbe descend tranquillement depuis maintenant douze semaines consécutives. Très discrètement c'est vrai, mais on peut parler d’une réussite. Nous parlons maintenant d’éviter une troisième vague alors que les pays voisins s’inquiètent d’une quatrième. En d’autres termes, nous avons sauté une vague et c’est vraiment une bonne chose. Chez nous, chaque vague a causé 10.000 morts. Nous avons donc sauvé un grand nombre de vies grâce à la bonne combinaison de mesures et à la grande majorité de la population qui suit correctement les règles. Nous avons tendance à négliger cela et à nous concentrer sur le négatif, mais c’est effectivement quelque chose dont nous pouvons nous réjouir.”
“Mais il est encore trop tôt pour pousser des cris de joie”, c'est ce que vous allez dire, n'est-ce pas?
“C'est vrai. Parce que le plateau où nous sommes maintenant est toujours élevé. Si nous relâchons les rênes dès demain, nous reviendrons à des pics désastreux dans trois semaines. Il suffit de penser à l’été dernier. À un moment donné, nous avions 85 nouveaux cas par jour et le nombre de tests positifs était inférieur à 1%. Nous en sommes loin. Aujourd’hui, on parle encore de 1.950 infections et d’un taux de positivité de 5%. Il est encore bien trop tôt pour se réjouir.”
Le seuil pour assouplir avait été fixé à 800 infections et 75 hospitalisations par jour. Celui-ci est-il toujours d’actualité?
“Cela sera déterminé par le politique. D’un point de vue purement scientifique, c’est encore le seuil, mais le gouvernement doit également tenir compte de ce qui est économiquement et psychologiquement viable. Nous, les virologues, comprenons parfaitement cela. Vous ne pouvez pas maintenir ce lockdown indéfiniment parce que cela coûte beaucoup d’argent et que les gens en ont assez. En d’autres termes, je n’exclus pas un assouplissement des règles avant que ce seuil ne soit atteint. Mais le gouvernement ne devra pas seulement choisir le moment pour assouplir, il devra aussi décider quoi assouplir.
Le gouvernement décidera de ce qui peut être fait en premier: retourner au café ou visiter mamie. Ce sont des décisions extrêmement difficiles, car vous décevrez toujours les gens. Soyons donc un peu indulgents avec les politiciens sur ce point.
Marc Van Ranst
Quels sont les assouplissements que vous et vos collègues experts du GEMS jugez justifiés?
“Il est trop tôt pour entrer dans les détails maintenant mais il viendra un moment où il sera possible soit d’ouvrir les restaurants, soit de reprendre la vie culturelle, soit de laisser les compétitations sportives reprendre, soit de permettre aux gens d’accueillir des invités chez eux. Mais on ne peut autoriser qu’un seul assouplissement au début, il faut donc choisir. Et nous ne pouvons pas toujours donner des conseils à ce sujet, car certains de ces assouplissements ont un impact similaire sur les chiffres. Certains assouplissements sont tout aussi sûrs ou dangereux que d’autres. Ce sont donc aux politiciens de prendre les décisions. Le gouvernement décidera de ce qui vient en premier: retourner au café ou rendre visite à mamie. Ces décisions sont extrêmement difficiles, car vous décevrez toujours les gens. Soyons donc un peu indulgents avec les politiciens sur ce point.”
Quand pouvons-nous espérer ces assouplissements au plus tôt ?
“Si les versions sud-africaine et brésilienne n’existaient pas, j’aurais dis au plus tôt après les vacances de Pâques. Mais malheureusement, elles existent et ce sont encore des facteurs totalement imprévisibles à l’heure actuelle, je ne ferai donc pas de déclaration à ce sujet. Dans le pire des cas, les vaccins actuels ne seront pas capables de faire face, ou pas suffisamment, et nous devrons attendre qu’ils soient adaptés. Mais une chose est sûre: pour le moment, il est absolument encore trop dangereux d’assouplir. Et c'est ce que le Gems a indiqué au gouvernement.”
La remontée des températures aura-t-elle un impact sur les chiffres ?
“Certainement. Le coronavirus est un virus saisonnier. La température et l’humidité jouent un rôle. Plus il fait froid et plus il fait humide, plus le virus se sent bien. Cependant, nous ne savons pas encore quelle rôle tient précisément la météo. On ne peut pas dire: “à 18 degrés, le nombre d’infections diminue de X pour cent”. C’est également difficile à calculer car les conditions météorologiques influencent également le comportement des gens: lorsqu’il fait plus chaud, nous passons plus de temps à l’extérieur et nous ventilons mieux nos maisons. Cela permet également de réduire le nombre d’infections.”
Près de 200.000 personnes ont reçu les deux doses nécessaires en Belgique. La science peut-elle calculer l’impact de ces vaccinations sur les taux d’infection ?
“Pour l’instant, la campagne de vaccination n’a pas du tout d’impact. À en juger par les chiffres en Israël et au Royaume-Uni, où ils ont commencé à vacciner plus tôt, vous commencerez bientôt à constater l’impact de la vaccination dans les maisons de repos et de soins. Là, les nombres d’infections et d’hospitalisations devraient commencer à diminuer de manière drastique, pour atteindre presque zéro. Les vaccinations auront une influence positive sur les chiffres, c’est certain (...) Mais nous ne pouvons pas encore prédire quand nous pourrons enfin refaire la fête.”
Il faut donc encore ronger son frein?
“Malheureusement, oui. Et un moment difficile s’annonce: le 17 mars, date anniversaire du premier confinement. Cela ne sera pas facile à digérer, je l’ai remarqué dans notre laboratoire. Nous avons commencé à tourner sept jours sur sept en janvier 2020 et lorsque nous avons pensé à ce premier anniversaire, cela nous a vraiment fait tiquer. Une année semble soudain être une période terriblement longue. Vous vous dites: “ce n’est pas encore fini”.
“Si nous nous en tenons aux mesures, nous allons nous en sortir. Il y a de l’espoir. Nous nous en sortons bien, continuons encore comme ça pendant un certain temps.”
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